Pour pousser Clermont, ils étaient 40 000 "seizième homme"

  • Les joueurs clermontois saluent leurs supporters à la fin du match contre les Saracens - 18 avril 2015
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  • Les supporters clermontois sont maintenant attendus à Londres pour la finale
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  • Franck Azéma donne ses consignes durant l'échauffement des Clermontois
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  • Brock James s'est mué en sauveur des Clermontois ce samedi contre les Saracens - 18 avril 2015
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  • Schalk Brits (Saracens) plaqué par Aurélien Rougerie (Clermont) - 18 avril 2015
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Portée par son incroyable public, l’ASM Clermont Auvergne s’est offert samedi à Saint-Etienne sa deuxième finale de Coupe d’Europe. Le bonheur intense partagé par les joueurs et leurs 40 000 supporters à l’issue de cette victoire était aussi un immense soulagement de s’être sorti des griffes des Saracens. Retour au calme impératif désormais, pour enfin aller au bout de l’aventure…

Le Chaudron de Saint-Etienne est décidemment le "Théâtre des rêves" des Clermontois. Comme en 2010 face à Toulon, les Jaune et bleu se sont offert une demi-finale haletante, et ont une nouvelle fois partagé l’ivresse de la victoire avec leurs immenses supporters. Samedi, ils étaient 41 500 (moins 800 supporters des Saracens) à communier avec leurs joueurs à l’issue de cette rencontre pendant laquelle ils ont tant tremblé, tant souffert avant d’exploser de bonheur. La Yellow Army a remporté une nouvelle bataille, en pulvérisant les records d’affluence du stade Geoffroy-Guichard, et d’une demi-finale de Coupe d’Europe disputée en France.

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La transhumance matinale des supporters venus des quatre coins d’Auvergne était une nouvelle démonstration de l’indéboulonnable passion qui lie ces joueurs et leur public. Une cinquantaine de bus, et des milliers de véhicules avaient mis le cap sur la préfecture de la Loire dans un concert de klaxons assourdissant. Avant de se masser aux abords du stade, et de dresser sur une centaine de mètres une haie d’honneur pour l’arrivée des joueurs. Quand le bus jaune et bleu a fendu cette foule chantant, Franck Azéma avait déjà le masque, et Jonno Gibbes était presque hilare, découvrant la fidélité et la joyeuse folie de ce public.

Les supporters clermontois sont maintenant attendus à Londres pour la finale
Les supporters clermontois sont maintenant attendus à Londres pour la finale

Dur de s’entendre

Les supporters envahissaient les tribunes du Chaudron. Petit à petit, les sièges verts disparaissaient sous une marée jaune et bleu. Le seul vestige de la couleur locale était le rectangle de pelouse, baignée de soleil lorsque les équipes sortaient pour l’échauffement, dans un vacarme assourdissant. En rentrant dans le stade c’était fabuleux", souffle le troisième-ligne Julien Bonnaire. Quand on a vu ça… Il n’y avait que du jaune et bleu. Que rêver de mieux dans ce stade magnifique ?" Je n’avais jamais mis les pieds ici , confie le capitaine Damien Chouly. Pénétrer dans ce stade au coup d’envoi et voir ces 40 000 et quelques drapeaux jaune et bleu ça m’a fait quelque chose.

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Mais les Saracens sont des guerriers de sang-froid, et même ces grondements de plaisir incessants, ces fumigènes, ces tambours et ces coups de trompe ne les effraient pas. Et au cours d’une première période qu’ils ont dominé, ils sont presque parvenus à réduire les tribunes au silence, tant les hommes de Franck Azéma souffraient face à leur pragmatisme, et ne parvenaient pas à se sortir du piège tendu par les Anglais. On s’est mis un peu de pression en première période, regrette Julien Bonnaire. On a manqué de maîtrise, et en face ils n’étaient pas là pour jouer au rugby à toucher. Ça a été dur, engagé, mais le groupe a montré du caractère.

Menés 6-3 à la pause, les Auvergnats ne s’affolent pas, retrouvant leurs esprits et leur calme dans l’intimité du vestiaire. Sûrs de leurs forces, c’est peut-être nouveau, et convaincus qu’ils peuvent renverser la vapeur. On s’est bien parlé, on savait que ce n’était pas si mauvais que ça et qu’il y avait juste quelques détails à régler, confirme le centre Wesley Fofana. En revenant des vestiaires, on avait décidé de les faire jouer à notre rythme.

Franck Azéma donne ses consignes durant l'échauffement des Clermontois
Franck Azéma donne ses consignes durant l'échauffement des Clermontois

L’offrande de James à Fofana

Quatre minutes plus tard, sevré de ballons toute la première période, le centre international combine parfaitement avec Brock James… On avait parlé des petits par-dessus. J’ai juste à appeler Brockie, et après on connaît son pied... Il me le dépose, j’ai un peu de chance sur le rebond qui me revient et après je n’ai plus qu’à aplatir. Ça nous a fait beaucoup de bien. Et même un peu plus… Le seul essai du match donne pour la première fois l’avantage au score aux Clermontois, et fait définitivement chavirer le public. Ça nous libère et on laisse exploser notre joie. Le public à côté était fou aussi. C’est magique.

Magique aussi l’effet que produit ce coup de poignard sur les Saracens. Après avoir sonné les guerriers Cudmore, Bardy et Vahaamahina en première période, ce sont d’un coup les redoutables frangins Vunipola et leurs partenaires qui souffrent à l’impact. Je pense que ça leur a fait mal, confirme Fofana. On a pu le sentir, ils ont essayé de réaccélérer, mais sur les impacts et les courses ils n’étaient plus les mêmes. Ça leur a mis un coup sur la tête et on en avait vraiment besoin.

Brock James s'est mué en sauveur des Clermontois ce samedi contre les Saracens - 18 avril 2015
Brock James s'est mué en sauveur des Clermontois ce samedi contre les Saracens - 18 avril 2015

Résister jusqu’au bout

Les Clermontois ne s’entendent plus parler mais qu’importe, ils ont renversé la guerre tactique, et sont en train de remporter le bras de fer. Ne reste plus qu’à tenir, et à renvoyer les Anglais dans leur camp…Pas si simple, tant ces Sarries ne renoncent jamais (remember le quart contre le Racing)… La Marseillaise ne dure qu’un demi couplet, la rébellion des Saracens nouant les gorges à nouveau. Mais après la deuxième pénalité de Brock James, qui offre quatre points d’avance à Clermont, les "Qui ne saute pas n’est pas Clermontois" répondent aux "Ici c’est Montferrand".

On n’était pas à l’abri d’un contre, alors on s’est arc-bouté en défense pour les repousser et enfin se soulager sur les dernière secondes , raconte Julien Bonnaire. Une chorale hurlante de 40 000 voix entonne alors le tant attendu "On est en finale" sur la dernière pénalité accordée par l’arbitre. A l’instant où Morgan Parra expédie le ballon en touche et scelle la qualif', le rugissement de bonheur du stade a peut-être retenti jusqu’à Clermont, tant tout le monde devient dingue… Même Wesley Fofana, plutôt réservé et secret sur ses sentiments n’en revenait pas. Je crois que c’est la première fois que je vis un truc pareil… A la fin c’était quand même incroyable. C’est quelque chose de très fort à vivre dans une carrière, et on ne l’oubliera jamais.

Schalk Brits (Saracens) plaqué par Aurélien Rougerie (Clermont) - 18 avril 2015
Schalk Brits (Saracens) plaqué par Aurélien Rougerie (Clermont) - 18 avril 2015

Rendez-vous à Twickenham

Il y a juste à remercier tout le monde, mais ce n’était qu’une étape, martèle Julien Bonnaire d’une voix qui se serre. On a gravi une marche aujourd’hui, il n’en reste qu’une pour toucher le Graal, savoure le pilier Vincent Debaty. J’aimerais bien terminer sur un titre européen vu que ce sera certainement la dernière occasion, poursuit Bonnaire, déterminé. Personne ne nous le donnera, il faudra aller se le chercher, mais je suis persuadé qu’on en a les moyens.

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Quel que soit l’adversaire des Clermontois le 2 mai à Londres, les supporters veulent en être. Si c’est Toulon, ce sera un combat. Entre Jaunards et Rouge et Noir, la rivalité est aussi forte dans les tribunes que sur le terrain, et le match dans le match entre supporters sentira la poudre. Pour une revanche du rêve brisé il y a deux ans par les hommes de la Rade.

Avec le Leinster, les supporters auvergnats partagent des maillots dont les couleurs se ressemblent et tant d’autres choses. Régulièrement adversaires en Coupe d’Europe ces dernières saisons, Irlandais et Auvergnats ont noué des liens très forts et rêvent de vider ensemble quelques bières à Twickenham. C’est l’histoire de tout un groupe", savoure le centre Aurélien Rougerie. On a besoin de vivre des choses comme ça tous ensemble. Des finales j’en ai joué quelques-unes,  mais il ne m’en reste plus beaucoup à jouer, donc il va falloir que ça paye tout de suite !"

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