Avant le choc face aux Anglais, l'Australie est étonnamment décontractée...

Est-ce une posture ou un état d’esprit ? A voir les Australiens si détendus à quelques heures du choc face à l’Angleterre, on jurerait qu’ils s’apprêtent à jouer la consolante de la kermesse du village… Aucune anxiété apparente, 12.7 de tension et les urines claires. A un journaliste qui lui demandait sa réaction après les déclarations de Clive Woodward (sélectionneur des Anglais Champions du monde en 2003) qui estimait que l’Australie manquait d’intelligence , Mickael Cheika le sélectionneur des Wallabies s’est fendu, avec un grand sourire, d’une réponse très bien sentie: M. Woodward a oublié que je n’ai eu que 300 points sur 500 à mon certificat de fin d’étude, que ma mère n’était pas très contente et qu’elle m’a demandé de travailler plus ! Tout ça pour dire que parfois ce n’est pas l’intelligence pure mais l’intelligence émotionnelle qui peut faire basculer ce genre de match. Il faut différencier le quotient intellectuel et le quotient émotionnel et je pense que nous avons le vécu pour aborder ce genre d’évènement.

En quelques phrases et en toute décontraction, Mickael Cheika a ajusté un grand coup de pied de 60 mètres et renvoyé la pression là où elle est vraiment: chez les Anglais ! C’est comme si le technicien australien sentait que le nœud du match ne serait pas tant la touche, la mêlée ou la discipline que la gestion des émotions. Et pour tout dire on serait prêt à le suivre. Comment penser que les Australiens puissent être intimidés par Twickenham, eux qui jouent plusieurs fois par saison à l’Eden Park d’Auckland ou à l’Ellis Park de Johannesburg ? Et puis quoi qu’il advienne, les Australiens auront leur destin en main à l’issue de ce match tandis que les Anglais ne peuvent pas en dire autant…

La mêlée: vaincre ou mourir…

Quelques heures avant Mickael Cheika, Graham Rowntree l’entraîneur des avants du XV de la Rose a passé en revue le sacro-saint langage de l’avant match: le don de soi, l’implication, la discipline comme pour exhorter ses hommes à prendre conscience de ce moment solennel. Mais Rowntree n’a jamais manqué une occasion de ramener la discussion autour de la mêlée: une des clés du match. Supposés supérieurs dans ce secteur, les Anglais ont souvent braqué leurs projecteurs sur une mêlée australienne prétendument friable. Nous avons eu une discussion avec Joël Jutge (patron des arbitres à World Rugby) au sujet de la mêlée et nous sommes satisfaits des réponses que nous avons obtenues…, glisse-t-il dans un sourire.

Quelques minutes plus tard Rowntree sortait la brosse à reluire. Romain Poite (arbitre français de la rencontre), comme tous les arbitres français, est très calme. Il officie tous les week-ends en Top 14 où les mêlées sont d’une importance capitale. On mesure l’inquiétude des Anglais à l’amplitude des courbettes faites aux Français ; aussi quand un entraîneur anglais loue les qualités d’un arbitre français, on comprend que l’heure est grave… Les Anglais semblent certains qu’une bonne mêlée peut leur assurer le gain du match et par voie de conséquence un possible ticket pour les quarts de finale. Wait and see…

Julien PUYUELO, envoyé spécial