Le Japon, de la plus grosse raclée au plus grand exploit de l'histoire de la Coupe du monde...

  • La joie des joueurs japonais après leur victoire historique contre les Sud-Africains - 19 septembre 2015
    La joie des joueurs japonais après leur victoire historique contre les Sud-Africains - 19 septembre 2015
  • Victor Matfield (Afrique du Sud) face au Japon - 19 septembre 2015
    Victor Matfield (Afrique du Sud) face au Japon - 19 septembre 2015
  • L'Anglais Steve Borthwick, membre du staff du Japon - 20 septembre 2015
    L'Anglais Steve Borthwick, membre du staff du Japon - 20 septembre 2015
  • Après l'exploit, les Japonais posent pour la postérité - 19 septembre 2015
    Après l'exploit, les Japonais posent pour la postérité - 19 septembre 2015
Publié le Mis à jour
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COUPE DU MONDE - En 20 ans, le Japon a changé de dimension. Humilié par les All Blacks en 1995, le pays du Soleil levant a réalisé le plus bel exploit de l'histoire du Mondial en domptant l'Afrique du Sud. Grâce notamment à l'aide extérieure qui ne cesse de le faire grandir. Explications.

En 1995, lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud, le Japon était passé à la "cadreuse" face aux All Blacks. 145-17, 21 essais encaissés et une humiliation qui reste encore dans les annales. Puis, de 1999 à 2011, le Japon était sorti dès les phases de poules et n’enregistra pas une seule victoire. Mais ça, c'était avant le Big Bang. Ce séisme retentissant face à l'Afrique du Sud samedi pour le second succès de l'histoire du Japon en Coupe du monde (34-32).

Eddie Jones, le coach nippon, avait visiblement minutieusement préparé son coup. La défense hyper agressive de ses joueurs a asphyxié des Boks peut-être trop sûrs d’eux. Le manque de densité physique des Japonais, clairement identifié par Jones, a été contourné par une organisation basée sur des aides permanentes. Les gros camions sud’af, dont on est à peu près certain qu’ils ne feront pas de passes, étaient régulièrement pris par deux ou trois défenseurs. Simple et efficace. Mais il ne suffit pas de défendre pour passer 34 points aux Boks. Et la force première de cette équipe, de toujours travailler ensemble, s’est une nouvelle fois exprimée. Que ce soit la qualité des leurres sur les actions au large ou l’apport des trois-quarts dans les groupés pénétrants, tout était bien coordonné.

Victor Matfield (Afrique du Sud) face au Japon - 19 septembre 2015
Victor Matfield (Afrique du Sud) face au Japon - 19 septembre 2015

L'apport de techniciens étrangers

Apparemment au Japon, on parle de rugby dans le journal maintenant, ce qui est assez inhabituel là-bas. En général, c’est le sumo ou le baseball qui font la Une. Et bien les lutteurs n’ont plus qu’à abandonner leur sport pour se mettre rugby ! Si le sélectionneur Eddie Jones (dont le contrat se terminera après le Mondial) est bien conscient d’avoir marqué l’histoire de son sport, le plus dur reste à faire: il faut confirmer. Loin d’être évident tant un vent de folie s’est emparé de la délégation japonaise. Je me suis réveillé le lendemain du match, j’avais reçu des centaines de messages, des mentions sur Facebook … Ouais, les derniers jours étaient assez incroyables !, assure le troisième ligne Justin Ives.

Au-delà de cette performance gigantesque, c'est tout le rugby japonais qui a évolué. D'abord avec la nomination de l'ancien ministre Yoichiro Mori à la tête de la Fédération. Puis ensuite avec l'Australien Eddie Jones dont l'apport est colossal. Comme l'a été depuis des années la venue de techniciens étrangers, arrivés des quatre coins du monde pour faire grandir le rugby. Pèle-mêle, on peut évoquer le nom de Christian Gajan, à la base d'un projet de développement sur quatre ans, puis John Kirwan entre autres. Jones a lui pris les commandes des "Brave Blossoms" en 2011. Et puis, comment ne pas mentionner l'ancien deuxième ligne anglais Steve Borthwick et le talonneur français Marc Dal Maso ? L'un spécialiste de la touche et l'autre expert de la mêlée française ont bâti un pack efficace et qui n'est plus la risée aux yeux du monde. Sa performance face aux panzers sud-africains en atteste. Plusieurs ballons portés ont même mis sur les fesses les Boks. Ce n'est pas donné à n'importe qui...

L'Anglais Steve Borthwick, membre du staff du Japon - 20 septembre 2015
L'Anglais Steve Borthwick, membre du staff du Japon - 20 septembre 2015

De nombreuses stars attirées par l'argent

Surtout, Eddie Jones a peut-être réussi là où ses prédécesseurs avaient échoué: décomplexer les joueurs d’origine japonaise et faire comprendre aux "importés" venus d’Australie ou de Nouvelle-Zélande que leur présence devait permettre d’apporter une réelle valeur ajoutée. Samedi, les Leitch, Thompson, Tui ou Sau ont joué ce rôle à merveille. Le Néo-Zélandais d'origine Karne Hesketh est lui devenu un héros national après son essai victorieux à la 85e face aux Sud-Africains...

Et puis, les Japonais ont aussi évolué. Au contact de joueurs expérimentés qui prennent part au championnat national, attiré par les énormes salaires proposés par les clubs (pouvant aller de 600 000 à un million d'euros par saison). Le mythique ailier gallois Shane Williams (91 sélections) a posé ses valises pendant trois ans. L'Australien George Smith (111 sélections) s'y est également rendu. Tout comme les Sud-Africains Wynand Olivier, Danie Rossouw, Fourie du Preez, les Néo-Zélandais Mils Muliaina, Ma'a Nonu, Sonny Bill Williams ou l'Anglais James Haskell. Du beau linge. Et qui ont indirectement tiré vers le haut le niveau du rugby japonais. Au point que les Brave Blossoms ont su intégrer en 2014 le Top 10 du classement World Rugby.

Après l'exploit, les Japonais posent pour la postérité - 19 septembre 2015
Après l'exploit, les Japonais posent pour la postérité - 19 septembre 2015

A Oxford Street, dans le cœur de Londres, une des boutiques officielle de la Coupe du monde a dû fermer ses portes durant quelques heures, se trouvant dans l’incapacité de gérer l’afflux de supporters nippons en quête de maillots et autres produits dérivés. Tous les yeux sont désormais rivés sur eux et sur Gloucester, théâtre mercredi soir d’Ecosse-Japon. Bien sûr, l'exploit du 19 septembre 2015 ne doit pas rester sans lendemain. Si on aurait pu en douter il y a quelques années, le Japon est bien plus armé actuellement pour enchaîner les succès. Et si les Nippons ne sortent pas des phases de poules lors de l'édition 2015, ils auront réussi leur pari: déblayer le chemin pour 2019 et enfin décrocher un billet pour les quarts de finale. De LEUR Coupe du monde...

Julien PUYUELO et Clément MAZELLA

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