Dominici: "Pas toujours rose"

Par Rugbyrama
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Christophe Dominici est écarté depuis la défaite face à l'Argentine, mais l'ailier tricolore s'efforce de garder le moral.

Souriant à son arrivée en salle de presse, le Parisien se montrait lucide : "Dans ma carrière, c'est la deuxième fois que je vois autant de journalistes. La première fois, c'était en 1999 ", avant de quitter l'assistance sur un joli pied de nez: "j'ai l'impression d'être à mon enterrement mais rassurez-vous, je vais bien."

Où en êtes-vous physiquement ?

Christophe Dominici.-Je me sens très bien. Je m'entraîne normalement depuis mercredi dernier. J'ai été blessé cinq ou six jours mais j'aurais pu postuler pour le match face à l'Irlande même si je n'ai repris la course que le jour de l'annonce de l'équipe.

Vous n'avez plus joué depuis le match d'ouverture, trouvez-vous le temps long ?

C. D.-Un peu, forcément. Quand on débute une Coupe du monde et que cela passe par un échec, on a tout le temps pour ruminer, revoir le match et analyser ce qui n'a pas marché. En 1999 aussi, nos débuts en Coupe du monde avaient été compliqués. En 2003, cela s'était trop bien passé et ça s'était mal fini. C'est une compétition qui est dure, longue et tout n'est pas toujours rose.

Pensez-vous que la hiérarchie est aujourd'hui établie à votre poste ?

C. D.- En quatre-vingt minutes, il peut se passer plein de choses surtout dans le sport de haut niveau. Mais nous vantons un sport fait d'humilité et avec des valeurs importantes. J'ai du respect pour ceux qui jouent. Tous les ailiers du groupe sont de très bon niveau, tous ont des qualités et je savais qu'il y aurait de la concurrence à ce poste. Comme tout le monde, j'ouvre les yeux et je vois des bons joueurs sur le terrain. Je ne dis pas : "Donnez moi une deuxième chance et vous allez voir". J'ai trop de respect pour les autres. J'ai eu ma chance et ça ne s'est pas bien passé donc je ne revendique rien du tout. Ce qui m'énerve un peu, ce sont les donneurs de leçons. Ceux qui oublient beaucoup de choses en seulement 80 minutes. Nous étions des flans après l'Argentine et après deux victoires contre la Namibie et l'Irlande nous avons des grands joueurs.

Pensez-vous avoir payé plus cher que certains la défaite contre l'Argentine ?

C. D.- Un grand compétiteur, on le voit quand il arrive à remonter la pente, pas quand il est en haut de l'affiche et qu'on lui brosse le poil dans le bon sens. En 80 minutes, on ne peut pas oublier tout ce qui s'est passé avant. Ça peut arriver de passer à côté d'un match mais après il faut assumer et c'est ce que je fais. Quand tu as des responsabilités et que tu n'y réponds pas, tu es alors le premier détonateur, tu es montré du doigt. Je suis frustré car je me dis que l'on n'a pas fait deux mois de préparation pour faire un match comme celui-là.

Ressentez-vous une forme d'injustice ?

C. D.-Il n'y a jamais d'injustice. Dans la vie, les choses sont souvent bien écrites. Ceux qui ne sont pas dans la liste des trente peuvent, peut-être, parler d'injustice mais pas nous.

Comment avez-vous réagi quand vous avez appris que vous n'étiez pas sur la feuille de match face à l'Irlande ?

C. D.- Je ne l'ai pas bien pris du tout. Quand tu as réalisé un grand match et que tu ne joues pas celui d'après, c'est du turn-over mais sinon j'appelle ça une sanction.

Etes-vous vexé ?

C. D.-Je suis vexé et déçu. D'autres joueurs le sont. Une équipe, c'est quelque chose de très fragile et il est difficile de savoir ce qui se passe dans la tête des hommes. Les trente mecs qui sont ici sont bons mais j'entends à mon sujet, il est trop vieux, il n'est pas bon, il est trop lent. J'accepte ces critiques mais si j'ai la chance de jouer, ce sera à moi de montrer que je n'ai rien perdu. Dans le sport de haut niveau, d'un week-end sur l'autre, un joueur peut reprouver. Pour l'instant, je n'ai pas eu la possibilité de retourner sur le terrain pour évacuer la colère et les doutes. Je suis déçu de ne pas pouvoir crier tout ça et j'espère pouvoir le faire face à la Géorgie.

Avez-vous eu un entretien individuel avec Bernard Laporte ?

C. D.-On s'est dit des choses. Un groupe, c'est un échange permanent. Bernard Laporte a donné son sentiment et j'ai donné le mien... En revoyant la vidéo, il est clair qu'à certains postes, nous n'avons pas été bons. Le sélectionneur est là et c'est lui le patron. Bernard Laporte, par son expérience, sait des choses alors que les joueurs veulent se conforter par rapport à leurs performances. La victoire et la défaite sont deux mensonges. Tout n'a pas été parfait face à l'Argentine mais nous aurions pu gagner et les discours n'auraient pas été les mêmes. Si l'on regarde ce match et celui de l'Irlande, on peut se rendre compte que ce sont les mêmes à part que nous avons mieux gérer les ballons que nous avons eu entre nos 30 et 50 mètres face à l'Irlande. Nous avons réussi à inverser la pression mais sinon le contenu de ces deux rencontres est identique.

Dans quel état d'esprit être vous maintenant ?

C. D.-Dans une carrière, il y a beaucoup de hauts et beaucoup de bas. En ce moment, c'est clair que ça ne fait pas parti de mes hauts mais j'aime bien les jolies histoires...on verra. J'ai l'impression d'être à mon enterrement, que vous (les médias) êtes venus pour ça, mais rassurez-vous, je vais bien.

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