Les retrouvailles

Australie - Fidji est une affiche rare. Les deux équipes ne se sont rencontrées que deux fois depuis 1985, à Sydney en 1998 (66-20) et à Perth en juin dernier (49-0). Pourtant il existe des ponts entre elles Côté fidjien, l'entraîneur Ilivasi Tabua a porté 10 fois le maillot des Wallabies, mais il est un autre joueur pour qui le match aura une saveur tout à fait particulière : Lote Tuqiri. Né aux Fidji, il a porté le maillot des hommes du Pacifique... à XIII. Il était capitaine de l'équipe qui a disputé la Coupe du monde en 2000 et rencontré l'Australie : "J'étais très fier de les représenter. C'est une petite communauté très soudée. Ça a été une vraie guerre de tranchées et je pense que les Fidjiens vont être dans cet état d'esprit ce week-end".

En 2002, il passe au XV pour le plus grand bonheur des Wallabies avec qui il comptabilise 55 sélections. "Je suis un Wallabie à 100%" insiste-t-il pour montrer que la page est tournée. Ce sera la deuxième fois qu'il rencontrera ses anciens compatriotes, "mais on ne les connaît pas tant que ça" . Dimanche, il fêtera ses 28 ans : "Ils vont me réserver un traitement de faveur sur le terrain mais après le match, tout ira mieux" . Tuqiri s'apprête à une rencontre difficile comme toujours face aux guerriers du Pacifique.

Pas de nostalgie, mais beaucoup de respect envers ses anciens compatriotes : "Ce sera un groupe aiguisé, en forme. Quelque soit le XV de départ, il sera très fort. Ce sont des joueurs imprévisibles et ils vont vouloir gagner", déclare-t-il avant d'ajouter "il faudra faire attention à ces joueurs qui peuvent sortir des trucs extraordinaires à tout moment, il ne faudra pas leur laisser d'espaces". Pourtant les Fidjiens n'ont pas été impeccables contre le Japon et le Canada. "C'est plutôt ce côté désinvolte. Tous ceux qui ont travaillé avec les Fidji ont eu du mal à les contrôler".

Proche de ses racines, l'avenir du rugby dans les îles du pacifique l'intéresse. Si Tuqiri approuve la possibilité d'une équipe réunissant les Tonga, les Samoa et les Fidji "comme cela se fait pour les West Indies au cricket", il rejette l'idée en Coupe du monde, "il y a trop de fierté, trop d'histoires entre nous". Les Fidjiens seront dangereux mais Tuqiri voit déjà au-delà : "Il faut arriver en forme pour les quarts après deux ou trois mois sans matchs de haut niveau". Pas le temps de souffler les bougies dimanche, ni de faire la fête pour les retrouvailles.