Elissalde: "J'ai le porte-clés"

Par Rugbyrama
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Promu capitaine du XV de France pour le match face à la Namibie, Jean-Baptiste Elissalde sait pertinemment qu'il n'assure qu'un simple intérim avec le brassard. A défaut d'avoir les clés du camion, le demi de mêlée toulousain est déjà heureux et fier de r

Jean-Baptiste, de remplaçant contre l'Argentine, vous devenez titulaire et, qui plus est, capitaine. Vu le contexte, c'est une lourde charge, non?

Jean-Baptiste ELISSALDE: Arrêtons de se mettre la pression. Je suis évidemment très fier de porter le maillot de l'équipe de France en tant que titulaire pour cette Coupe du monde, et plus encore d'être capitaine. Je vais me concentrer sur le côté rugbystique de la chose. Rentrons sur le terrain pour livrer un vrai match de rugby. Ne pensons qu'à ça. Laissons de côté cette charge émotionnelle trop forte qui nous a tant perturbés lors du match d'ouverture. L'émotion, c'est bien, mais si on ne sait pas l'évacuer, elle devient néfaste et peut vous tuer.

Depuis le banc, vous avez ressenti cette tension vendredi dernier?

J.B.E. : Oui. Les larmes, la pâleur, les hymnes, cette ambiance au moment de rentrer sur le terrain... Tout ça nous a marqué, les titulaires comme les remplaçants. Puis, l'émotion a été très forte après le match, car la déception était immense. Bref, tout ça fait beaucoup en termes de charge émotionnelle. C'est pour cette raison que je veux me concentrer sur l'aspect terrain.

Comment avez-vous réagi à votre nomination ?

J.B.E. : J'ai été très surpris d'entendre mon nom. Mes partenaires m'ont félicité. Mais je n'ai pas d'esbroufe à faire. Je suis bien conscient que je suis un capitaine, pas par défaut, mais intérimaire. Je prends ce rôle très à coeur, mais je sais que je ne serai pas capitaine contre l'Irlande. Raphaël reste le leader du groupe, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais il n'est pas titulaire, donc il fallait bien prendre quelqu'un. Souvent, c'est le demi de mêlée, donc ça tombe sur moi. Alors je n'ai pas vraiment les clés du camion, mais j'ai au moins le porte-clé !

Au-delà de la fierté, légitime, prenez-vous du plaisir dans ce rôle?

J.B.E. : Oui, je ne le fais pas contre-nature. J'ai bientôt 30 ans, j'ai un peu d'expérience. Je me sens capable de dire les mots qu'il faut. Mais je ne veux pas me mettre plus de pression que ça.

Vous avez déjà assumé ce statut en 2005, lors d'une tournée...

J.B.E. : En 2005, c'était aussi compliqué, parce que c'était une tournée de fin de saison, pour laquelle je n'étais initialement pas prévu et que tout le monde était fatigué. Je m'étais retrouvé capitaine parce que Bernard voulait que ce soit un demi de mêlée. Ce fut une très bonne expérience, et je vais essayer de rester le même, très heureux, avec la banane.

La défaite face à l'Argentine est-elle évacuée dans les têtes?

J.B.E. : La difficulté, c'est de l'évacuer, tout en gardant dans un coin de la tête ce qui est arrivé et pourquoi c'est arrivé. Il faut faire le tri. Chacun le fait un peu à sa façon. Le but du collectif, il est clair, c'est de montrer un tout autre visage lors des prochaines rencontres, car c'est vraiment incroyable de perdre les pédales à ce point. Alors, gardons cette haine que nous avons en nous depuis vendredi comme source de motivation.

Vous avez beaucoup parlé entre vous, et avec l'encadrement?

J.B.E. : Bien sûr. Il y a eu des échanges, des mots. Les mots sont durs quand tu ne comprends pas pourquoi on te les dit. On a pris la critique de plein fouet, et c'est normal, mais en aucun cas de travers. Au départ, Bernard Laporte était un peu groggy, comme nous. Chacun s'est refait dans son coin, avant que le gong ne sonne à nouveau. On a vécu quelque chose de très délicat. C'est pour cela qu'il était important de sortir un peu de Marcoussis. Il fallait voir autre chose, parler de rugby dans un autre contexte. Au golf, dimanche, c'était n'importe quoi ! J'espère que cela a fait du bien à tout le monde !

Comment voyez-vous ce match face à la Namibie?

J.B.E. : Ce ne sera pas simple. Nous sommes convalescents, avec un gros mal de tête. Le jeu namibien se rapproche de celui des Sud-Africains. La proximité n'est pas que géographique, elle est aussi rugbystique. Ils ont moins de talent, moins de facilité à exprimer leur jeu, mais ils ont des qualités. Mais à nous de nous concentrer sur notre propre jeu.

Où se situe le principal danger dans une rencontre de ce style?

J.B.E. : Le risque, c'est d'avoir la peur de vouloir en faire trop. Ce serait une erreur. Si on en fait trop, ça peut devenir catastrophique. On ne s'en sortira pas de cette façon. Essayons de prendre le match par le bon bout, d'être solides sur nos bases. Abordons la Namibie comme s'il s'agissait d'un adversaire bien plus prestigieux. C'est le message que je veux transmettre. Ne commençons pas dès la première attaque à faire trois sautées, à faire n'importe quoi. Pas la peine de mettre le bordel. Soyons propres.

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