Bruno, le 30e homme

Par Rugbyrama
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Au sein du groupe des 30 joueurs tricolores, Sébastien Bruno constitue un cas à part. Le talonneur de Sale est en effet le seul à ne pas avoir encore joué une seule seconde dans cette Coupe du monde. Il est revenu mercredi sur cette drôle de situation, qu

"On gagne à 30, on perd à 30." Cette phrase, lancée par le staff et les joueurs français comme un slogan et rabâchée comme un credo depuis des semaines, résonne d'une manière bien particulière à ses oreilles. A 30? A 29 plutôt, pour le moment. Sébastien Bruno, lui, attend toujours son heure. Les autres, tous les autres, ont été présents dans le groupe des 22 au moins une fois lors des trois premiers matchs du Mondial. Pas lui. Alors, forcément, le temps lui a semblé plus long qu'à d'autres à Marcoussis depuis le début du mois de septembre...

Mais voilà que mercredi matin, pour la première fois depuis le début du Mondial, Bruno s'est retrouvé en première ligne lors du traditionnel point presse. Sans doute un signe, à 24 heures de l'annonce du groupe pour la Géorgie... "Je ressors un peu de l'ombre, je vois un peu le soleil", sourit-il. A l'évidence, ce ne sont pourtant pas les médias qui lui ont manqué, mais bien le terrain. "Mon but, ce n'est pas de parler de moi, juste de jouer au rugby, confie le talonneur de Sale. Mais c'est vrai, sportivement, ce n'est pas une situation facile à vivre et à gérer."

"Ça ne sert à rien de faire la gueule"

Spectateur ("et supporter", précise-t-il) lors des rencontres face à l'Argentine, la Namibie et l'Irlande, Sébastien Bruno a vraisemblablement de bonnes chances de retrouver le terrain. Les indices offerts par les entraînements dès mardi crédibilisent cette hypothèse, même si l'intéressé reste très prudent. "Je m'entraîne tous les jours comme si j'allais être titulaire. J'espère jouer, vraiment, mais pour l'instant je n'ai pas de certitude." Il retient donc son souffle, guettant la bonne nouvelle: "Je peux vous dire que si j'entends mon nom jeudi matin lors de l'annonce de l'équipe, la joie va être immense, je vais exploser intérieurement!"

Pour son état d'esprit, irréprochable malgré l'aspect inconfortable de sa situation, il le mériterait. Bruno n'en veut à personne. Sauf peut-être à lui-même. "La situation ne me fait pas plaisir, mais elle n'est pas illogique. Je suis en équipe de France depuis presque quatre ans maintenant. J'ai rarement quitté le groupe, j'ai parfois été titulaire, mais je n'ai jamais réussi à m'imposer comme un cadre", admet-il. Son malheur, c'est aussi d'évoluer à un poste ultra-spécifique, où la polyvalence n'est pas de mise. Or la hiérarchie est clairement établie aujourd'hui au talon. Ibanez, capitaine et figure emblématique, est quasi intouchable. Pour le suppléer, Dimitri Szarzewski possède une longueur d'avance sur Bruno, qui doit se contenter du troisième fauteuil.

Plutôt que de se plaindre, l'ancien Biterrois verse dans l'autocritique, plus constructive. "De toute façon, ça ne sert à rien de rester dans son coin à faire la gueule. Alors je cherche à comprendre ce qui me manque pour passer un cap supplémentaire, explique-t-il. Je regarde beaucoup de vidéos. Je crois que je vais trop vite au sol, je ne cherche pas assez à faire avancer l'équipe, à franchir, alors que j'en suis capable." Bon camarade dans ce groupe où il tient une place à part, Bruno a longtemps attendu son heure. Elle est peut-être enfin venue. "On croise les doigts", lance-t-il avant de s'en aller. Toujours avec le sourire...

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