Au centre des débats

Que ce soit sur comme en dehors du terrain, difficile de dire que Julien Bonnaire, 29 ans le 20 septembre prochain, a le profil de l'emploi. "Physique de liane" sur le pré comme l'écrit un confrère du Midi Olympique ou profil BCBG avec ses lunettes une fois le costume-cravate officiel enfilé, Bonnaire le sait : jamais il n'atteindra les dimensions physiques d'un joueur comme Sébastien Chabal. Avec 1,92m pour 100kg, il ne nage pas pourtant dans son habit bleu qui lui sied à ravir.

A défaut d'être puissant, physique, percutant, Bonnaire est battant, très bon plaqueur et fin technicien. Après des débuts plus que prometteurs avec le XV de France en Ecosse lors du Tournoi 2004 (neuf plaquages et une passe décisive en trente minutes), Julien Bonnaire a été placé au centre des débats et de la troisième ligne. Depuis lors, de l'eau a coulé sous les ponts et il compte déjà 29 sélections.

Depuis 2004, il est de tous les coups. Il a même disputé l'intégralité des rencontres des Bleus en 2005. Discret, efficace, polyvalent, il a su se rendre indispensable. Après avoir joué quelques joutes à l'aile de la troisième ligne, il a été placé en numéro huit un jour de France-Angleterre (Tournoi 2005). A l'époque Bernard Laporte cherchait son perforateur. Il avait alors décidé de tenter le coup de placer ce joueur longiligne là... Bonnaire ne jouait même pas à ce poste en club... Lui qui, en débarquant dans le XV de France, était encore employé de mairie allait définitivement troquer son habit d'amateur pour devenir rugbymen professionnel. Affichant un profil inédit de troisième ligne centre à ce niveau-là, Bonnaire a marqué les esprits. Indiscutable, il voyait le Mondial lui tendre les bras.

Mais le retour en Bleu des surpuissants Vermeulen et Chabal allait le renvoyer à ses classes. Du huit, il devait repasser au 6 et 7. Mais toujours bien ancré à la troisième ligne. A quelle place jouera-t-il le prochain Mondial alors ? S'il a été retenu comme troisième ligne aile dans le groupe des 30, le 14 juin 2007, le forfait sur blessure de Vermeulen et le replacement de Chabal en deuxième ligne devraient modifier la donne. Depuis le 2 juillet dernier, il s'entraîne en troisième ligne centre. Mais ne se fait pas de fixette sur la question, balayant les doutes et interrogations d'un lapidaire : "Je jouerai là où l'on me dira de jouer."

Il aurait pu faire partie du voyage en Nouvelle-Zélande, mais Bernard Laporte a décidé de laisser les deux "Berjalliens" du groupe France au repos. Histoire de les ménager d'une tournée où beaucoup ont perdu énormément. Du coup, son crédit n'a pas été égratiné par les deux corrections de juin. Au centre des débats, Bonnaire n'est pas encore sûr d'être au centre de la troisième ligne. Mais il est bien parti.