France-Galles 2017 : 100 minutes pour une délivrance

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  • La joie du XV de France face au pays de Galles - 18 mars 2017
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Publié le Mis à jour
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TOURNOI DES 6 NATIONS - Il y a quatre ans, un Stade de France plein à craquer devait attendre 100 minutes pour connaître la délivrance : après 20 minutes de temps additionnel et 12 mêlées, Damien Chouly aplatissait l'essai de la gagne pour le XV de France. Retour sur une fin de match de légende... aux multiples polémiques.

Au moment où le chronomètre du Stade de France bascula dans le rouge, affichant pour la première fois les "80 minutes" signifiant la fin du match ou, tout du moins, sa dernière action, les Bleus étaient menés au score (18-13) par des Gallois sans génie, simplement plus propres. Déjà, les première ligne se mettaient en place pour une troisième mêlée consécutive collée à la ligne d'en-but du pays de Galles. C'était la balle de la dernière chance. Un ultime bras de fer qui devait déterminer si la France terminerait ce Tournoi des 6 nations 2017 à une terne cinquième place ou si, pour la première fois depuis six ans, elle accéderait au podium.

Le bras de fer, finalement, durait 21 minutes, dans une fin de match interminable, époustouflante et usante. Ce 18 mars 2017, les spectateurs du Stade de France avaient jusque-là assisté à un match moyen. L'issue le faisait entrer directement dans la légende du vieux Tournoi.

Slimani-Atonio, le remplacement de la discorde

Premier événement notable de cette fin de match folle : alors que les Bleus étaient déjà clairement dominants en mêlée fermée, le staff choisissait d'appuyer sur ce secteur en sortant Uini Atonio, pour faire revenir Rabah Slimani sur la pelouse. Problème : à l'époque, le règlement ne l'autorise que sur blessure. Colère dans le staff gallois. Alors, Atonio était-il blessé ? "Dans le micro arbitre, vous pouvez entendre Wayne Barnes se questionner sur une éventuelle blessure et Atonio lui répond : "tout va bien, j'ai juste un peu mal au dos." Immédiatement après, il est remplacé par Slimani, qui s'échauffait déjà depuis plusieurs minutes le long de la touche" s'emporta Rob Howley (sélectionneur intérimaire du pays de Galles) en conférence de presse d'après-match.

Rabah Slimani (France) face au pays de Galles - 18 mars 2017
Rabah Slimani (France) face au pays de Galles - 18 mars 2017

Côté bleu, la variation des explications laissait deviner l'entourloupe. On parlait d'abord d'une commotion cérébrale, laquelle aurait effectivement autorisé le remplacement. Puis d'une douleur à une épaule. Avant d'en revenir à un protocole commotion. "J'avais la tête qui tournait" dira plusieurs jours plus tard le pilier rochelais.

L'affaire n'en resta pas là. Le comité des 6 nations réclama une enquête indépendante, qui aboutit à un blâme pour le XV de France. Reconnu coupable, donc, d'avoir falsifié un protocole commotion. Pourtant, le rapport disait également que "aucun élément probant n'indique que les manquements de la FFR concernant le non-respect du protocole HIA et/ou des règles du jeu pertinentes visaient à délibérément obtenir un avantage compétitif dans le match" Ou l'art de ménager la chèvre et le chou.

Douze mêlées, neuf pénalités... mais jamais d'essai de pénalité

Tout une polémique pour quoi, au final ? Pas grand chose. Les Français, en procédant ainsi, avaient clairement affiché leur volonté de faire rompre les Gallois en mêlée fermée. Ce qui n'arriva jamais complètement. Pas plus que l'essai de pénalité, tant espéré, avec la multiplication des mêlées à l'avantage des Bleus.

Au total, douze mêlées ont été ordonnées, débouchant sur neuf pénalités pour les Français. "C'était incroyable. J'avais les cuisses qui brûlaient et j'ai parfois eu des étoiles dans les yeux tellement c'était difficile" raconta Rabah Slimani au lendemain du match.

Tournoi des 6 Nations 2017 - Il aura fallu 12 mêlées pour que les Bleus s'offrent la victoire contre le pays de Galles à la 100e minute
Tournoi des 6 Nations 2017 - Il aura fallu 12 mêlées pour que les Bleus s'offrent la victoire contre le pays de Galles à la 100e minute

Un choix stratégique finalement stérile : Wayne Barnes n'accorda jamais l'essai de pénalité. Ni un caprice, ni une gourmandise de l'arbitre anglais qui ne faisait alors qu'obéir aux consignes arbitrales du moment. "On voit qu'on parle d'un grand arbitre, rompu à la pression des rencontres internationales. Il ne voulait pas décider du sort du match avec la mêlée. On l'a compris. Cela génère une frustration qui est très française, d'ailleurs" reconnaissait Yannick Bru, entraîneur des avants du XV de France. Tout en gardant une petite amertume : "On sait qu'à l'international, il y a cette tendance à éviter que le sort d'un match se décide sur une mêlée. Mais ce que je ne comprends pas, c'est que Barnes nous avait prévenus qu'en cas de domination "évidente et collective", selon ses propres mots lors de la réunion d'avant-match, il nous récompenserait. En choisissant les mêlées, on l'a mis face à ses responsabilités. On a misé là-dessus." Sans succès.

La délivrance est venue de Chouly puis Lopez

La délivrance venait donc par le jeu. Un rugby de petit périmètre, certes, au nombre de passes forcément réduit pour limiter les risques de maladresse. Au bout des vingt minutes de temps additionnel, c'est le troisième ligne clermontois Damien Chouly qui, d'une ultime charge, s'allongeait ballon en main dans l'en-but gallois. "Ça n'en finissait plus, j'avais de la colère en moi. Quand on a marqué, j'ai trouvé une forme de délivrance. J'ai trouvé encore un peu de force pour hurler, mais je n'aurais pas pu faire un tour d'honneur en courant" racontait encore Slimani.

Aux quatre coins du terrain, les joueurs du XV de France exultaient, se sautaient dans les bras, hurlaient, symbole du soulagement qui les emplissait soudain mais aussi du caractère irréel de cette fin de match.

Chouly avait marqué, les Bleus avaient gagné ? Pas encore. 18-18 au tableau d'affichage. Au milieu de la pelouse où l'heure était à l'effusion, un homme restait stoïque. Pour Camille Lopez, il restait un travail à accomplir : passer la transformation qui donnerait la victoire aux Bleus. "C'est normal que tous les copains aient exulté. Les gros ont fait un boulot énorme, on peut leur dire merci. Ils avaient alors le droit de savourer. Moi, j'étais dans mon coin. Je savais que je devais désormais les récompenser de leurs efforts."

Damien Chouly célèbre la victoire de la France contre le pays de Galles - 6 Nations 2017
Damien Chouly célèbre la victoire de la France contre le pays de Galles - 6 Nations 2017

Ce scénario, cette transformation qui change tout, l'ouvreur clermontois y pensait depuis longtemps. "C'est vrai, ça me trottait dans la tête depuis un bon moment. Les autres faisaient tout pour marquer mais moi, j'avais déjà ça en tête. Quand "La Choule" a marqué, il a balancé le ballon en l'air en se relevant. Tout le monde a explosé et moi, je suis allé chercher le ballon. Je devais les laisser dans leur moment de joie pour m'enfermer dans un moment de sérieux. Pour poser le ballon, j'ai reculé. Beaucoup. Peut-être trop, mais je savais que les Gallois allaient monter fort sur moi pour me contrer. D'ailleurs, malgré la distance, ils ont finit proche de moi, quand j'ai frappé le ballon." Lequel s'élevait et passait bel et bien entre les poteaux. "Je ne sais même pas s'il est passé en plein milieu" dira encore Lopez après le match. "J'ai tapé, j'ai vu que la balle prenait la bonne direction et immédiatement, je me suis retourné. Je ne sais pas trop où elle est passée. C'était la libération, je m'en foutais. "

Tournoi des 6 Nations 2017 - La transformation victorieuse de Camille Lopez (France) contre le pays de Galles à la 100e minute
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La morsure de Novès : épilogue d'une semaine de dingue

20-18 : les Bleus remportaient cette ultime rencontre du Tournoi des 6 nations 2017 et grimpaient à la troisième place du classement final. Sur le podium, pour la première fois depuis six ans. Mais puisque l'après-midi devait être définitivement à part, comme hors du temps et des logiques, l'irréel se poursuivait en conférence de presse d'après-match.

Parmi les polémiques de la fin de rencontre, George North s'était plaint à Wayne Barnes d'avoir été mordu au bras par un joueur français. L'ailier gallois mêlait même le geste à la parole, en montrant à Barnes les traces de dents sur son biceps. On jouait alors la 94e minute (80e+14) et l'arbitre anglais, après un recours à la vidéo, avait classé l'affaire sans suite, faute d'images probantes.

Fin de l'histoire ? Pas encore. Interrogé en conférence de presse à ce sujet par la presse galloise, le sélectionneur Guy Novès voyait rouge : il répondait en se mordant lui-même la main, avant de la montrer à une assistance médusée. "Voilà : des traces de dents, c'est facile à faire. Ça ne prouve rien du tout." Quelques heures plus tard, Novès revenait avec plus de calme sur cet épisode. "Je suis désolé que le staff gallois n’accepte pas la défaite. Ils ont eu des attitudes à la limite durant tout le match, non sanctionnées. Ce sont des polémiques pour rien. Ça les rassure sans doute. Je les trouve un peu mauvais perdant. Je ne sais pas s’ils sont roublards, les Gallois, mais quand on est dans ce genre de situation, on n’a pas le temps de mordre l’adversaire." Ce serait donc l'épilogue d'un match complètement fou, lui-même l'épilogue d'une semaine de dingue, comme seul le rugby français sait en offrir.

Le lundi précédant, dans une conférence de presse commune, Jacky Lorenzetti (président du Racing 92) et Thomas Savare (président du Stade français) avaient annoncé la future fusion de leurs deux clubs. Ce que beaucoup de joueurs parisiens avaient compris comme une absorption de leur club par le cousin des Hauts-de-Seine, beaucoup plus qu'une fusion.

Suivait une série de manifestations, auxquelles se joignaient deux joueurs du Stade français pourtant retenus à Marcoussis (Jonathan Danty et Djibril Camara). Malgré le refus de Guy Novès, mais avec l'assentiment de Serge Simon, fraîchement nommé manager général du XV de France, qui déjugeait alors publiquement son sélectionneur. Une semaine de dingue, on vous dit.

La joie du XV de France face au pays de Galles - 18 mars 2017
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