Au bord du précipice

  • 6 Nations 2019 - Jacques Brunel (France)
    6 Nations 2019 - Jacques Brunel (France)
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6 NATIONS 2019 - Le Tournoi sera raté, quoiqu’il arrive. Une défaite en Italie, samedi, serait même un séisme qui aurait de multiples répercussions. À Rome, certains jouent leur tête.

Les Bleus soignent leur communication, ces temps-ci. Il vaut mieux, vu l’ampleur des échecs qui s’accumulent. Alors, mardi en conférence de presse, dans une annexe du très chic Merrion hôtel de Dublin où ils auront passé la semaine, ce sont trois "anciens" qui ont été dépêchés, pour tenter d’expliquer avec mesure ce qui ne mériterait pourtant que des propos excessifs. Les questions, chaque fois, sont allées crescendo. "Comment vivez-vous ce nouvel échec en Irlande ?" "Comment expliquez-vous un tel écart entre les deux équipes ?" "La situation n’est-elle pas plus grave encore que les années précédentes ?"

Devant la tiédeur des réponses, sagement circonscrites autour du manque de discipline ou de "petites erreurs" qui suffiraient à expliquer la répétition des fiascos collectifs, un confrère est monté en gamme. C’est Picamoles qui a pris pour les autres : "Mais quand vous subissez à ce point la première période, sur le terrain, il n’y a pas un moment où vous finissez par vous dire que vous êtes vraiment nuls ?" Le numéro 8 montpelliérain n’en a pas franchement souri.

Il ne s’est pas emporté pour autant : "Vraiment nuls, non. On a énormément subi, c’est vrai. Mais la question n’est pas de savoir si on est nuls. Plutôt de savoir pourquoi n’avons-nous pas trouvé les solutions, dimanche ? Des solutions, il n’y en avait pas beaucoup, mais il y en avait. Ne pas les trouver, c’est décevant. Mais ça ne fait pas de nous des nuls."

Cessons de croire aux miracles

Les Bleus prennent franchement la grêle. Elle est légitime. En ont-ils conscience ? "Quand vous ne gagnez pas les matchs, il est évident que vous vous faites tomber dessus", philosophait Maxime Médard. Avant de faire jouer son expérience. "Ça fait dix ans que je suis en équipe de France, dix ans que j’y prends des secousses. J’ai perdu en Italie en 2011, ça avait soufflé fort et six mois plus tard, nous étions en finale de la Coupe du monde." Le drame, il est là. De faire passer des lacunes récurrentes pour des accidents. Ce que Picamoles fait aussi : "Il faut arrêter de tout dramatiser : j’ai joué à d’autres époques avec l’équipe de France. Il y avait d’immenses joueurs et pourtant, on prenait aussi des valises."

C’est vrai : la France, de tout temps, connaissait des trous d’air et prenait une rouste de temps en temps, à peu près aussi souvent qu’elle signait un exploit. Une inconstance qu’on filait en vrac dans le grand pot de notre "latinité". C’est fini. Ces Bleus ne sont plus victimes d’accidents, ils sont désormais au bord du précipice au moment de se déplacer à Rome avec une sainte trouille.

Un staff en danger

Là encore, en ont-ils vraiment conscience ? Ils jurent, eux, se méfier comme de la peste de ce déplacement en Italie. Ils auraient raison : aujourd’hui, ils n’ont plus aucune marge sur leurs voisins transalpins. Mais se méfient-ils vraiment ? Les mêmes mots de sagesse avaient été tenus en novembre, avant cette défaite piteuse face aux Fidjiens qu’ils avaient finalement copieusement pris de haut. S’ils reproduisent ce schéma, ces Bleus perdront à Rome. Ce ne sera pas un accident ni une sortie de route. Juste un scénario logique, en adéquation avec leur niveau de jeu.

Le sort du sélectionneur, alors, ne tiendrait plus qu’à un fil. La perspective d’une modification de son staff est toujours étudiée, à la présidence de la FFR. En février dernier, Brunel avait publiquement fermé la porte à une possible arrivée de Fabien Galthié dans l’optique de la Coupe du monde — "J’ai un staff, je suis bien dans mon staff, il n’y en a jamais été question." En cas de défaite en Italie, il est peu probable qu’on lui demande son avis.

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