Blanco: "Il est grand temps que les choses basculent ! Je veux voir une équipe…"

  • Serge Blanco, vice-président de la FFR
    Serge Blanco, vice-président de la FFR
  • Philippe Saint-André et Serge Blanco en plein discussion - France Ecosse - 7 février 2015
    Philippe Saint-André et Serge Blanco en plein discussion - France Ecosse - 7 février 2015
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Au chevet des Bleus depuis août 2014, Serge Blanco reste plus que jamais un personnage influent du XV de France. Mais le vice Président de la FFR souhaite désormais que ce groupe tricolore se transforme en équipe.

Serge Blanco, après deux matches, les interrogations autour du XV de France sont toujours aussi grandes. Êtes-vous inquiet ?

Serge BLANCO: Vous en parlerez avec les entraîneurs mais il y a des choses qu’on a vraiment améliorées. Alors c’est vrai qu’en termes de jeu, de visuel et d’efficacité, on est passé à côté. Mais on construit, pierre après pierre. Ce qui m’intéresse, c’est que l’équipe de France joue son propre jeu, qu’elle ait son propre rugby quoi qu’il advienne. Après, c’est peut-être un peu trop romantique de ma part, mais il faut qu’on se serve de nos atouts. C’est ce qu’on essaye d’inculquer. Il faut tous aller dans le même sens. Il ne faut pas, au dernier moment, mettre le coup de frein à main. Il faut envoyer dans la générosité, dans l’attaque, dans le plaquage, dans la conquête.

Mais cette équipe donne le sentiment de faire du surplace. Aujourd’hui, elle semble manquer de leader, de joueurs en confiance…

S.B : Nous avons engendré une telle organisation, un tel échange avec les clubs, que les garçons qui n’ont pas été pris ont été appelés. On les a toujours rassurés. On leur a dit qu’ils devaient faire le nécessaire, qu’ils se remettent en forme, etc… Et nous avons suivi un processus où les gars sont remis dans le système. Je pense qu’un mec comme Parra a été remis dans le système et on l’a appelé quand il fallait. On a une complicité avec les staffs des clubs de Top 14 qui n’existait pas. Après, si ces gars-là reviennent, je ne pourrais par leur dire : "toi, il faut que tu fasses ça…" Quand je jouais, soit on avait un leadership, soit on ne l’avait pas. C’est à eux de faire leur truc. Les grandes sources du rugby nous disent qu’il faut un axe. Mais quel axe ? Il faut avant tout des joueurs qui aient envie, qui soient heureux d’être ensemble. Je discute avec le Capitaine (Thierry Dusautoir). J’ai passé une heure avec lui au retour de l’Irlande. J’ai passé mes messages et il les a bien perçus. Ils vont les digérer, les reprendre.

Les gars vont devoir s’enfermer dans une bulle

Vous ne pensez pas que ce groupe vit peut-être trop bien ?

S.B : Je pense qu’ils ne vivent pas très bien cette situation (sourire). Aujourd’hui, les gars vont devoir s’enfermer dans une bulle et faire abstraction de tout ce qu’il va y avoir en termes de critiques, de conseils des grands anciens. Je vais m’y attacher. Mais il va falloir qu’ils soient capables de tenir des engagements sur le terrain. Le tout, c’est qu’on leur mette une boite à outils à disposition. Mais il ne s’agit pas de faire un rugby assisté et de mettre des oreillettes à tous les mecs pour leur dire d’aller à droite ou à gauche. Ce n’est pas ça le rugby.

Philippe Saint-André et Serge Blanco en plein discussion - France Ecosse - 7 février 2015
Philippe Saint-André et Serge Blanco en plein discussion - France Ecosse - 7 février 2015

Philippe Saint-André protège beaucoup son groupe. Finalement, êtes-vous assez durs, exigeants ?

S.B : On est exigeant et ils y répondent. Mais il est grand temps que les choses basculent. Il y a des gars qui sont exceptionnels. Si je prends Romain Taofifenua, je me dis que c’est un monstre du jeu mais il doit en prendre conscience. Ces mecs qui sont jeunes doivent faire peur à tout le monde. C’est tout ce que je leur demande. On a réussi avec une partie de l’équipe. L’autre partie va suivre.

On ne leur pardonnera pas de tomber dans l’approximatif

Le visage affiché par les avants en Irlande, notamment les remplaçants, est l’exemple à suivre ?

S.B : Les stats du huit de devant n’ont jamais été aussi bonnes que maintenant. Et même par rapport à la généralité du Tournoi. Quand on me dit que deux piliers (Vincent Debaty et Uini Atonio) font soi-disant pencher la balance, je vous dis non. Sur des échanges que nous avons eu avec Yannick (Bru) au mois d’août (2014), on a ouvert un horizon complètement différent. On est allé voir un petit peu ce que faisaient les autres. On s’est aperçu qu’il y avait des piliers grands, costauds, qui n’étaient pas forcément les meilleurs en mêlée mais qui faisaient tellement d’efforts que ça emmenait quelque chose de différent à leur équipe. Ils couraient comme des lapins. On a décidé de rechercher de tels potentiels dans notre garde-manger. Tous ont eu des dialogues avec Yannick. Nous avons mis des préparateurs physiques pour certains, des diététiciens, pour d’autres qu’ils deviennent plus combattifs. Aujourd’hui, il faut assoir ces postes pour que les gars n’aient aucun doute dans leur tronche et qu’ils ne se sentent pas jugés parce qu’ils n’arrivent pas à faire ce que le staff, voire le public, attend. Petit à petit, on est en train de changer ce groupe en équipe. Main dans la main, on avance et on est capable de réagir à n’importe quel mouvement. Mais je ne veux plus qu’un joueur soit 1/30ème de ce groupe. Qu’on soit à quinze ou à trente, je veux voir une équipe et qu’elle vive en osmose. C’est la clé qui nous permettra de mettre en avant toutes nos possibilités.

On sent de la lassitude chez les supporters du XV de France, comme une fissure dans le rapport de plaisir…

S.B : Je peux très bien le comprendre sauf qu’il y a eu des mouvements au mois de novembre ou face à l’Ecosse, je ne peux pas dire positifs, mais intéressants dans l’idée de convertir ses idées. Je regrette simplement que l’on se soit créés certaines situations sans qu’elles soient concrétisées en essai. Ils doivent avoir envie de dévorer la ligne. Du 9 jusqu’au 15, il y a des qualités exceptionnels. Il faut trouver le bon bouton pour déclencher un feu d’artifice qui ramène à l’équipe. Mais on ne leur pardonnera pas de tomber dans l’approximatif. Par rapport au public, je le dis aux joueurs : ils doivent être généreux dans tous les actes. Si on arrive à dégager cette générosité, je suis sûr qu’on arrivera à intéresser le public. Il ne faut pas se mentir, on part de loin. Mais je pense qu’en quelques mois, on a réussi à transformer. A mon avis, on devient intéressant. Et j’aimerais qu’on arrive en Angleterre en ayant la possibilité de remporter le Tournoi.

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