Un mal si français

Par Rugbyrama
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En Irlande, les Bleus, incapables de s'adapter à l'arbitrage, ont multiplié les fautes. Cela leur a coûté très cher au final. Un défaut récurrent, qui avait pourtant eu tendance à s'estomper sous l'ère Laporte. Maintenant, Croke Park doit rester un accide

"Hands away Blue." Voilà la phrase que les joueurs français ont le plus entendu samedi dernier à Croke Park. Pendant 80 minutes, les Bleus n'ont eu de cesse de se faire sanctionner dans les rucks par l'arbitre gallois, Nigel Owens. Les chiffres ne trahissent pas cette impression: 10 pénalités contre la France, 3 seulement pour l'Irlande. Des fautes à répétition qui ont coûté aux Français neuf points, mais aussi une foule de ballons d'attaque. Tactiquement, elles ont incontestablement pesé sur les débats, en donnant le ton dès le début. "Les deux premières pénalités concédées ont permis à cette équipe d'Irlande de toujours mener au score, même si on a inscrit des essais. On sait que psychologiquement, ça nous a obligés à beaucoup jouer ", explique Marc Lièvremont.

Pour le sélectionneur tricolore, pas question d'ailleurs de pleurnicher après l'arbitrage. "On a perdu, je ne vais pas critiquer l'arbitrage, assure-t-il. La seule chose que je pourrais reprocher à l'arbitre, ce sont ces ballons sans cesse ralentis. On manque certainement de métier à ce niveau là. " Pour le reste, Lièvremont en veut à ses joueurs, plus qu'à M.Owens, et le message est bien passé cette semaine à Marcoussis. "On a revu le match à la vidéo. Il n'y a pas de problème. Les fautes qui ont été sifflées contre nous, elles y étaient bien. Et il aurait même pu en siffler d'autres", admet Dimitri Szarzewski.

Szarzewski: "Des fautes bêtes"

Les Bleus sont donc conscients du problème. Le maître mot, c'est adaptation. Il faut impérativement que les joueurs parviennent à s'adapter à la façon dont l'arbitre dirige les débats, ce qu'ils n'ont pas su faire à Dublin. "On a remarqué assez tôt dans le match que l'arbitre nous laissait très peu gratter au sol ", confie pourtant Lionel Nallet. Ce qui n'a pas empêché les Français de refaire cinq fois la même faute. C'est d'autant moins pardonnable que Nigel Owens arbitre régulièrement, que ce soit en Coupe d'Europe ou au niveau international. "Les arbitres, reprend Szarzewski, on les connait, on sait comment chacun voit les choses, sur quels domaines untel est plus tatillon. C'est simplement à nous d'être plus vigilants."

Le XV de France sera donc tout particulièrement surveillé dans ce domaine, même s'il n'y a pas de recette miracle. "La discipline par rapport aux règles, c'est avant tout une question de mentalité, de concentration, d'attitude", estime encore Szarzewski. Les discours sur le jeu, la prise d'initiative, ont-ils occulté la nécessité de ne pas donner de points à l'adversaire? Marc Lièvremont s'en défend, mais on notera que si un arbitre était venu avant les tests de novembre à Marcoussis pour sensibiliser les Bleus à ce sujet, cela n'a pas été le cas avant ce Tournoi. "Je suis plutôt optimiste, car la plupart de nos fautes sont des fautes bêtes, qui peuvent être évitées avec un peu plus d'attention et de communication", juge néanmoins le talonneur du Stade français.

Aux yeux des Anglo-saxons, le rugby français a toujours cette étiquette d'indiscipline. Une image d'Epinal aussi solidement ancrée que le "french flair". Dans un cas comme dans l'autre, le cliché n'a pas toujours été conforme à la réalité. Bernard Laporte avait fait de la discipline un de ses dadas, presque une obsession. Avec certains excès, mais aussi quelques succès. Ces Bleus-là avaient des défauts, mais ils pouvaient jouer le dernier quart d'heure d'un quart de finale de Coupe du monde face aux Blacks dans leurs 22 mètres avec deux minuscules points d'avance sans jamais se mettre à la faute, ce qui leur aurait coûté le match. Cette bonne habitude s'est-elle perdue en chemin depuis? " Non, je ne crois pas, tempère Cédric Heymans. Le groupe a aussi moins de vécu, d'expérience. Ceci explique sans doute aussi cela. Mais il est clair qu'il faut régler ce problème. "

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