Un air de déjà-vu

Par Rugbyrama
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Incapable de développer son jeu, le XV de France a logiquement subi la loi de l'Angleterre (13-24), samedi soir au Stade de France. Menés d'un bout à l'autre de la partie, les Bleus n'ont jamais trouvé la solution. Le chemin est encore long pour l'équipe

La Coupe du monde 2007 est déjà loin. Pourtant, comme un écho douloureux, le premier échec de l'ère Marc Lièvremont a ramené à la surface les mauvaises vibrations de l'automne. Comme il y a quatre mois, le XV de la Rose est venu poser ses épines au Stade de France. Beaucoup de choses ont changé en quatre mois, sauf le rapport de force entre la France et l'Angleterre. Ce choc du Tournoi 2008 a offert un dénouement identique à celui de la demi-finale du dernier Mondial. Le vice-champion du monde, plus réaliste, plus opportuniste, a rappelé la jeunesse de France à ses chères études. Les Bleus, malgré leurs bonnes intentions, n'ont jamais pu trouver la clé du problème anglais. Comme il y a quatre mois.

En octobre, la bande à Ibanez avait concédé d'entrée un essai un peu bête, suite à une hésitation de Damien Traille. Samedi soir, celle de Lionel Nallet s'est également donné un handicap beaucoup trop précoce. Un cadeau empoisonné pour Heymans, un carton de Jamie Noon sur l'arrière toulousain contraint de lâcher le ballon, et le rapide Paul Sackey profitait de l'aubaine pour marquer le premier essai. Après cinq minutes de jeu, les Anglais étaient devant. Ils allaient y rester. Jusqu'au bout.

L'attaque muselée

Alors, où le bât a-t-il blessé? En mêlée? Certes, les Français ont encore subi dans ce secteur du jeu, concédant quatre pénalités. Beaucoup trop à ce niveau. Mais autant cette faiblesse avait failli coûter le match contre l'Irlande, autant elle est restée cette fois à la surface des soucis tricolores. L'absence d'un vrai buteur ? En partie, peut-être. Damien Traille a manqué deux pénalités en première période qui auraient permis de virer à la pause à la hauteur des Anglais. Mais Wilkinson, guère plus en verve, a raté lui aussi deux coups de pied dans ses cordes à la reprise.

Même les jeunes ont plutôt bien tenu la barre, Morgan Parra en tête. On ne peut même pas reprocher aux hommes de Lièvremont leur manque d'initiatives. Comme promis, les Bleus ont cherché à donner de la vie au ballon et de l'air au jeu. Ils l'ont d'ailleurs payé, multipliant les fautes de main. Puis, ce malin de Brian Ashton avait bien préparé son affaire. Sa ligne de trois-quarts, haute et agressive, n'a jamais donné d'air à l'attaque tricolore. Pour preuve, Vincent Clerc et Aurélien Rougerie ont attendu toute la soirée un ballon exploitable sur leur aile respective. En vain. Contrée sur ses points forts, l'équipe de France n'est jamais parvenue à compenser. Le plan B n'existait pas.

Encore du boulot

Les munitions sont finalement venues de la où on ne les attendait pas forcément. De la touche, surtout, à l'image de ces quatre ballons volés sur lancer adverse en première période. Et c'est bien d'une touche, française cette fois, qu'est arrivé le premier essai tricolore, avec un lancement de jeu limpide suite à la déviation de Julien Bonnaire. La charge de Szarzewski et le relais de Parra amenèrent les Bleus sur la ligne anglaise, avant que Lionel Nallet, en bon capitaine, ne gagne la terre promise (7-10, 26e). C'était encore le temps de l'espoir.

Malgré cet essai, le seul de la soirée en ce qui le concerne, le XV bleu a passé son temps à courir après le score. Revenu à trois points peu après la reprise sur une pénalité de Parra qui avait pris le relais de Traille (10-13, 48e), il vit ensuite l'Angleterre s'envoler inexorablement. Wilkinson, à l'aise dans son costume de bourreau, retrouvait à temps sa précision pour ajuster un drop puis une pénalité à l'entame du dernier quart d'heure (10-19, 68e). C'était plus qu'il n'en fallait, mais les joueurs de sa Majesté ont mis un point d'honneur à finir comme ils avaient commencé. Sur un essai. Un essai construit sur la base d'un pack surpuissant et concrétisé par le jeune demi de mêlée Wigglesworth, qui se souviendra de sa première titularisation. Ces Bleus ont encore du boulot. Ils s'en doutaient. Ils en sont sûrs désormais. Il est temps d'être indulgent. L'équipe de France entame à peine sa mue vers 2011. L'Angleterre, elle, n'a pas changé. Malheureusement…

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