Top 14 - "On se demande s'il n'y a pas une poupée vaudou à Clermont", grince Julien Laïrle (Clermont)

Publié le Mis à jour
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Julien Laïrle s'est exprimé à quelques jours du déplacement de Clermont à La Rochelle (dimanche, 21 heures). L'entraîneur de la défense clermontoise est encore marqué par le sale dimanche passé par ses hommes. Il donne les raisons des défaillances montferrandaises.

Entre la défaite face à Toulouse, l’incendie du centre d'entraînement et les insultes contre les joueurs, la semaine a dû être particulièrement éprouvante...

On a surtout vécu un dimanche noir. Cette journée était très particulière entre l’incendie, la blessure d’Étienne Fourcade à l'échauffement (NDLR : mollet entaillé), le carton rouge de Cristian Ojovan et la blessure de Fritz Lee (NDLR : entorse de la cheville). Tout ça conclu par une défaite. Le retour au bureau était un peu difficile lundi matin. On se demande s’il n’y a pas une poupée vaudoue avec cinquante mille aiguilles plantées dans son corps (rires). On était un peu KO debout, il a fallu prendre le temps de savoir comment on avait perdu, parce qu'on avait la possibilité de le gagner malgré tous ces événements. Mais l’entraînement de mercredi après-midi a permis aux joueurs de lâcher cette frustration et de se projeter sur La Rochelle.

Malgré cette défaite face au Stade toulousain, quelles sont les satisfactions de cette rencontre ?

Pour la première fois depuis le début de saison notre banc nous a apporté et on a "gagné" les vingt dernières minutes. Il y a eu une vraie rébellion. La nouvelle charnière a fait beaucoup de bien, tout comme les entrées de Thibaud Lanen et Killian Tixeront. Les joueurs n’ont pas lâché. À 32-12 on aurait pu en prendre soixante. Mais finalement on a une balle de match qu'on exploite mal, c'est dommage.

Clermont était invaincu en janvier et vous restez sur deux défaites de suite. Y a-t-il un sentiment de gâchis ?

Contre Toulouse, on a fait une connerie. Mais je n’ai pas envie d’effacer les deux derniers mois. Ils sont très importants dans notre construction de groupe il ne faut pas oublier que nous avons un nouveau staff. On a su faire une série en janvier, puis on perd le match contre Bayonne en étant peu efficaces sur les zones de marque. On doit ramener un point de Jean-Dauger mais notre discipline ne nous a pas permis de revenir avec quelque chose. Et Toulouse c’est encore plus frustrant... Il faut qu’on s’en serve pour la suite. Il ne faut pas qu’on soit une équipe à réaction mais qu’on soit dur à battre.

Votre défense a été mise à mal face à Toulouse, comment l’expliquez-vous ?

On a des pertes de concentration individuelles, un manque de travail par moments. On est capable de lâcher l’équipe individuellement et de manquer de réactivité. Dès l'entame de la seconde période face à Toulouse, on prend un essai assez incroyable pour une équipe de Top 14 ! Le Toulousain traverse quatre joueurs quand même ! On a un manque de constance mentale pendant quatre-vingt minutes. On prend des essais trop facilement. Je vais vous donner un chiffre fou : on est la meilleure défense du championnat sur les vingt premières minutes et la pire dans les vingt dernières minutes !

Comment est-ce possible ?

Le banc ne nous a pas assez apporté cette saison, même si contre Toulouse nos remplaçants ont fait la différence, je le repense. Mais contre le Stade français, Bordeaux, Bayonne… (il souffle). On a eu du mal dans les vingt dernières minutes et il faut le rectifier.

Un signe que votre équipe est encore fragile ?

Je n'aime pas ce terme. Par contre, on est une équipe facile à battre. C’est clair et net. On prend entre deux et trois essais de moyenne, c'est trop. Contre Toulouse, on aurait dû en marquer six pour s'imposer. On ne pourra pas s’en sortir si on continue comme cela. Le Top 14 se joue dans les vingt dernières minutes qu’on le veuille ou non. L’importance des bonus défensifs est extrême.

Il reste dix matchs à jouer et vous avez perdu trois fois à domicile. Pensez-vous que cela peut être fatal pour la course au top 6 ?

Ça peut compter, évidemment. Maintenant, il y a des surprises chaque week-end. Qui aurait dit que Pau allait gagner à Bordeaux ou Montpellier au Racing ? Il y aura des équipes qui vont monter ou descendre au classement. On a gagné à Castres et on a fait match nul à Paris, donc on ne peut pas faire les comptes aujourd’hui. Le classement est trop serré. Il faut s’appuyer sur des bases solides et être une équipe crainte à l'avenir.

Le carton rouge de Cristian Ojovan nous fait plonger mentalement, on panique et on ne joue plus notre rugby

Vos trois revers au Michelin l'ont été face à des équipes plus ou moins remaniées (Toulon, Bordeaux-Bègles, Toulouse). Inconsciemment, les joueurs ont-ils pris à la légère ces rencontres ?

Non, on ne fait pas écraser pendant quatre-vingt minutes. Les remontées contre Bordeaux et Toulouse le prouvent. Mais les faits de jeu font qu’on s’effondre. Le carton rouge de Cristian nous fait plonger mentalement, on panique et on ne joue plus notre rugby. Contre l’UBB, on prend vingt points en sept minutes et on s’effondre. On réagit mais on part de beaucoup trop loin. Il faut recréer de la confiance dans un groupe marqué par des matchs où ils prenaient beaucoup de points à la maison les saisons précédentes. Quand il y a un secteur qui ne marche pas il faut créer autre chose. 

Les deux dernières défaites impactent-elles la gestion de votre effectif ? L’ASM est en retard au niveau des Jiff…

C’est une grosse contrainte sur tous les postes. On n'a pas pu mettre Folau Fainga'a à Bayonne, donc en termes de rythme ce n’était pas simple pour lui. Pita-Gus Sowakula doit encore s'adapter au Top 14 et son statut de non-Jiff pèse. On est dans une optique où on veut mettre notre meilleure équipe avec le plus de Jiff possibles. À Bayonne on a perdu et on n’était pas dans les clous. Toulouse c’est pareil. Chaque week-end on a cette notion de Jiff dans les têtes. Quand on perd Étienne Fourcade et Cristian Ojovan, c’est difficile également. Une chose est sûre, on ne veut pas se retrouver en fin de championnat à mettre 20 Jiff sur les deux dernières rencontres et "jeter les matchs".

À quel type de rencontre vous attendez-vous à La Rochelle ?

Je m’attends à un stade en feu. Les matchs à La Rochelle sont toujours chauds. On sait où on met les pieds. Je m’attends à un match ultra-physique avec un jeu des avants primordial. Ce sera très engagé. Les deux équipes ont besoin de points.

Top 14 - Au match aller, Clermont s'était imposé face à La Rochelle (11-10).
Top 14 - Au match aller, Clermont s'était imposé face à La Rochelle (11-10). Icon Sport

 

Plus personnellement, vous êtes à Clermont depuis sept mois. Comment vous sentez-vous en Auvergne ?

Je me suis très bien adapté ! Tout le monde m’avait annoncé qu’il faisait froid glacial à Clermont, mais je n'ai jamais eu aussi chaud (rires) ! Et je suis plutôt un skieur qu’un nageur. Clermont est une ville de supporters, ils sont à 200% derrière le club avec une bienveillance très agréable. Il y a un nouveau projet, ça me plaît. On est dans un contexte difficile en termes de résultats mais on a un soutien inébranlable des dirigeants et des supporters. Dans le travail, je connaissais la méthode de Christophe Urios donc je n'ai pas été très surpris.

Votre relation avec Christophe Urios a-t-elle évolué depuis votre passage à Bordeaux-Bègles ?

Christophe s’adapte à ses équipes. Sur l’aspect rugby on a les mêmes croyances, on ne va pas changer notre rugby, même si on ne joue pas pareil si on a Santi Cordero ou Alivereti Raka, ou Matthieu Jalibert et Benjamin Urdapilleta. La culture de l'ASM est également un peu différente de celle de Bordeaux. Surtout, on s'adapte au Top 14. Tout le monde aimerait relancer depuis l'en-but mais les statistiques montrent que les équipes les plus performantes sont celles qui jouent le plus au pied et qui occupent le plus. C’est malheureux mais ce sont les chiffres (rires). 

Clermont est huitième à quatre points du top 6. Êtes-vous en retard par rapport aux objectifs initiaux du projet de la saison ?

On est en retard parce qu’on a trois défaites à domicile surtout. Ce n’est évidemment pas ce qu’on voulait, on doit maintenant récupérer des points à l’extérieur.

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