La situation économique de la FFR est "très grave" concède Florian Grill

Par Arnaud Beurdeley
  • Le président Florian Grill est revenu sur la modification des statuts votée par les clubs amateurs, mais surtout sur la situation économique de la fédération jugée "très grave".
    Le président Florian Grill est revenu sur la modification des statuts votée par les clubs amateurs, mais surtout sur la situation économique de la fédération jugée "très grave". Abaca / Icon Sport - Abaca / Icon Sport
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A l’issue des 162ème Assemblée Générale Extraordinaire et 163ème Assemblée Générale Financière de la Fédération Française de Rugby qui se sont tenues ce samedi au CNR de Marcoussis, le président Florian Grill est revenu sur la modification des statuts votée par les clubs amateurs, mais surtout sur la situation économique de la fédération jugée "très grave".

Vous avez fait voter en Assemblée générale une grande réforme des statuts de la FFR avec à terme la disparition du Comité Directeur et du bureau fédéral, respectivement remplacés par le Comité d'Orientation Politique et par le Bureau stratégique. En quoi cette modification des statuts était-elle importante ?

La réalité du fonctionnement de la FFR, c’est que le Bureau fédéral, renommé Bureau stratégique, est confirmé comme le vrai organe décisionnaire. Dans une entreprise qui fait 130 millions d’euros de chiffre d'affaires, impossible de prendre des décisions au rythme des réunions du Comité directeur que les statuts n’imposent de réunir que trois fois par an. Désormais, la prise de décision se fera au sein du nouveau Bureau Stratégique, anciennement bureau fédéral et à rythme hebdomadaire. Pour cela, il était indispensable de mettre un peu de proportionnelle dans sa composition, afin que l’opposition puisse intégrer cet organe et avoir un droit de regard. C’est ça la vraie évolution. Ce bureau stratégique sera composé de quinze membres dont deux représentants du collège « sportif de haut niveau » et aura la capacité de prendre des décisions toutes les semaines. Nous le réunissons tous les mercredis matin à 8H00. Le Comité d’Orientation Politique, anciennement Comité Directeur, aura le droit de révoquer le Bureau Stratégique, ce qui est très démocratique. En fait, nous avons simplement inscrit dans le marbre ce que nous avions mis en place à notre arrivée à la fédération avec un bureau fédéral ouvert.

A partir de quand ces deux nouvelles instances seront-elles en fonctionnement ?

Ce sera mis en place à l’issue de la prochaine élection pour la présidence de la FFR à la fin de l’année 2024. Les Ligues régionales et les comités départementaux auront aussi l’obligation d’organiser les réunions pour les candidats qui veulent se présenter. Nous considérons que les ligues et les comités doivent représenter 100 % des clubs et n’ont pas à valoriser un courant politique plus qu’un autre. Il était anormal qu’elles prennent parti et antidémocratique qu’elles ferment la porte aux candidats. Elles doivent faciliter la démocratie.

Les comptes ont été approuvés à quasiment 100 % des voix, mais le résultat continue de vous inquiéter ?

Cette AG financière, c’est une véritable opération vérité sur les comptes. D’ailleurs, les clubs l’ont appréciée. La preuve, ils l’ont approuvé très largement (99,05%). Ils comprennent et admettent que la situation économique est très tendue, marquée par un déficit d'exploitation de 16 millions d'euros pour la saison 2022-2023 et un déficit prévisionnel de 24 millions d'euros pour la saison 2023-2024, soit 40 millions d’euros de déficit d’exploitation en deux saisons. Et c’est très grave. Il y a urgence à remonter la pente.

Dans ce déficit de 40 millions d’euros de déficit d’exploitation, tenez-vous compte des 13 millions d’Euros versés suite à l’arrivée de CVC au sein du Comité du Tournoi des 6 Nations ?

Heureusement ! Sur ces 40 millions d’euros de déficit d’exploitation, il faut soustraire 13 millions d’euros par an de CVC et 5 millions d’euros en raison de l’aide exceptionnelle sur le projet d’investissement Montbrand. Mais tout cela ne reste que de l’exceptionnel. Ces revenus exceptionnels masquent la réalité d’une exploitation qui est structurellement déficitaire depuis six ans. C’est catastrophique. Malgré l’argent de CVC, il y aura dix millions d’euros de déficit net pour la saison 23 24. Je le répète, la situation est très grave. Et elle pourrait être pire en fonction du résultat du GIE (organisme qui a commercialisé les hospitalités de la Coupe du monde). La perte sera au minimum de 13 millions d’euros mais le déficit pourrait monter à - 24 millions si l’une des agences agréée déposait le bilan ce qui est possible Non pas parce que les hospitalités de la Coupe du monde ont été mal vendues – au contraire puisque France 2023 a vendu 120 000 packs hospitalités quand le record était à 100 000 – mais parce qu’elles ont été mal achetées. La FFR , à l’époque de l’ancienne gouvernance a fait une enchère complètement folle sur le prix, plus de deux fois le prix proposé par les autres nations en course pour obtenir l’organisation de la Coupe du monde. La crainte est donc grande car la FFR est propriétaire à 55 % du GIE.

Quelles vont être les conséquences ?

Il faut qu’on aille chercher quelques partenaires supplémentaires mais les marges de manœuvre sont assez réduites car notre nombre de partenaire est limité (3 partenaires maillot et short de rang 1 Altrad, Société générale et Renault, 4 partenaires de rang 2 à 2,5 millions d’euros et 10 partenaires de rang 3 à 0,5 millions d’euros, plus l’équipementier). Il faut également que l’on trouve des mécènes dans le cadre de la fédération à missions et de notre nouveau fonds de dotation qui va aider les clubs. Et puis, il nous faudra faire huit à dix millions d’euros d’économies par an. Il faudra faire des économies partout.

Le XV de France sera-t-il impacté ?

Nous ne sommes pas fou : l’équipe de France représente 80 % de nos revenus. Nous ne ferons pas de coupe sombre dans le staff, mais nous allons mettre de la modération partout. Ça commence par faire des stages au CNR de Marcoussis pour toutes les équipes de France, des choix d’hôtels un peu moins coûteux. Il n’y a pas de honte à être un peu moins dans le luxe pour toutes nos équipes de France. Ça n’aura pas d’impact sur la performance sportive. On réduira donc un peu la voilure sur le sportif, mais pas seulement. Nous avons aussi pris une série de mesures au sein de la FFR pour faire des économies. Parce que nous vivons au-dessus de nos moyens. Un exemple : jusqu’à notre arrivée, il y avait 450 personnes recensées dans différentes commissions et groupes de travail à la FFR, ce qui générait des frais colossaux. Nous les avons remplacés par une centaine de chargés de mission bénévoles. Pas besoin de calculatrice pour comprendre que cela coûtera moins cher à la FFR

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Les commentaires (20)
paradise Il y a 4 mois Le 17/12/2023 à 12:57

Demander de l'argent a Grenoble vous Avez pris l'habitude maintenant bande de trompette que vous êtes tous.

Bidarta Il y a 4 mois Le 17/12/2023 à 09:43

Le président oublie de mentionner,les millions de donner a un contorsium de construction pour le retrait du projet de stade a Melun sénat ( merci Laporte)

Frenchflairforever Il y a 4 mois Le 17/12/2023 à 09:01

Cette interview est un pur scandale ! Grill était déjà au comité directeur de la fédé. Il a voté toutes les décisions du comité avant d'en devenir le président. Il a commandé un audit il y a quelques mois. Pourquoi faire semblant de tomber des nues aujourd'hui ? C'est quand même l'homme qui soutenait blanco dans son délire de construction d'un grand stade pour le rugby français à hauteur de plus de 100 millions d'euros. Heureusement que laporte a stoppé ce projet délirant. Où en serait la dette de la fédé aujourd'hui ? Pourquoi rugbyrama ne lui pose pas ces questions ? Un peu d'honnêteté s'il vous plaît.