Pro D2 - À Dax, on change souvent une équipe qui gagne (ou qui perd)

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Jeff Dubois, le manager de l’USD, a pris l’habitude d’opérer à chaque match une large rotation dans son équipe, qu’elle gagne ou qu’elle perde. Une méthode qui a fait ses preuves l’an dernier en Nationale et qui a ses avantages ou inconvénients.

En rejoignant l’US Dax à l’été 2022, Jeff Dubois (50 ans) a découvert un rôle de manager qu’il n’avait jamais connu jusque-là, puisqu’il avait été en binôme à Massy (2010-2013), puis adjoint au Stade français (2013-2015), chez les Bleus (2015-2017), co-entraîneur à Montauban (2018-2020), puis consultant pour le jeu d’attaque à Bayonne (2021-2022). Conséquence directe ? Aujourd’hui, Dubois est numéro un dans le staff, c’est lui qui tranche lorsque c’est nécessaire et il doit ensuite assumer les succès comme les échecs. C’est aussi lui qui donne le fil conducteur, gère les hommes et avance avec sa méthode et ses convictions.

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Après dix journées, le constat est le suivant : le technicien n’a jamais aligné la même équipe, d’une semaine à l’autre. Il a surtout pris l’habitude d’effectuer un large turnover à chaque reprise. La fois où l’ancien ouvreur a opéré le moins de changements, c’était entre la cinquième et la sixième journée : il n’y avait eu que six nouveaux noms dans le XV de départ. Plus récemment, seuls deux joueurs (Aletti et Séguy) ont été reconduits entre la victoire contre Mont-de-Marsan et le déplacement à Biarritz, et depuis le début de la saison, Jeff Dubois effectue donc entre six et quatorze changements chaque week-end dans son XV de départ. "Je fais ça depuis l’année dernière. En Nationale, il y avait des blocs de quatre ou cinq matchs, raconte le technicien. Ce n’est pas pour autant que je gagne tous les matchs. J’essaye de faire ça pour garder une émulation dans le groupe. Nous avons le plus petit budget, nous sommes le petit de la division, mais on se challenge comme ça."

Émulation et fraîcheur physique

Le principal avantage de cette méthode réside dans le fait que tous les joueurs sont impliqués dans le projet. À Dax, il n’y a pas vraiment d’équipe A ou B, chacun a du temps de jeu et tout l’effectif se sent concerné. "Cela permet de mettre beaucoup d’émulation et de concurrence dans le groupe", note Dubois. Faire constamment des rotations permet aussi d’éviter qu’une dépendance s’installe, si un joueur ultra-dominant, sur lequel se repose l’équipe, se blesse. "Tu ne sais jamais de quoi est fait demain, rappelle Dubois. Dans notre façon de s’entraîner, il y a beaucoup de turnovers. On ne joue jamais avec la même personne, le dix a toujours des centres et un neuf différents à ses côtés. Ceci permet de se préparer au mieux."

Jean-Baptiste Aldigé a annoncé que Benoît Baby avait signé à l’US Dax. Chose que dément le président du club landais, Benjamin Gufflet, ainsi que Baby lui-même \ud83d\udc47https://t.co/qKQspyiKcR

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En mettant souvent au repos des joueurs qui sortent d’un match accompli, Jeff Dubois leur permet aussi de ne pas trop tirer sur la corde et ainsi, limiter le risque de blessure. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si à Dax l’infirmerie est presque vide. "J’espère que sur la deuxième partie de saison, ça nous donnera raison, poursuit Dubois. Nous allons enchaîner des blocs de cinq matchs et nous aurons besoin de tout le groupe pour essayer de se maintenir. Je vais avoir besoin de 36 ou 37 mecs."

Faire un bon match ne veut pas dire qu’on jouera celui d’après

Sur la première partie du championnat, le format haché, à cause de la Coupe du monde, n’a pas été des plus éprouvants. "C’était plus difficile de faire comprendre aux mecs que je faisais tourner, car ils n’étaient pas forcément fatigués", raconte-t-il. Si certains sont parfois "frustrés" de ne pas pouvoir enchaîner, les Landais ont vite compris (et adhéré) à la méthode mise en place. "Je n’essaye pas de voir à court terme, mais plutôt à long terme, car le Pro D2 est un marathon et je sais très bien qu’il y aura des moments difficiles, avec plus de blessures."

Désormais, les rouge et blanc ont compris qu’une bonne prestation, le vendredi soir, ne leur assure pas d’être titulaires le week-end d’après. "Je ne pense pas que les mecs le prennent mal, glisse celui qui a été formé à Peyrehorade. Ce groupe me connaît. Le staff a adhéré à cette façon de manager et donc ils sont habitués. Sur le match, on s’envoie à 200 % et sur celui d’après, d’autres gars prennent la suite. D’ailleurs, je trouve que c’est plus facile de changer une équipe quand ça gagne. Quand ça perd, tu en as qui mériteraient de rejouer pour se remettre dans un état positif."

Prise de risque ?

Aujourd’hui, Dax a montré qu’elle avait le niveau pour ce championnat. L’USD est dixième (quatre victoires, un nul, cinq défaites) et compte onze points d’avance sur Rouen (16e). La méthode mise en place par Jeff Dubois semble porter ses fruits. Ses joueurs ont pris deux claques d’entrée et, depuis, ils ont relevé la tête. Sur les huit dernières rencontres, à part contre Vannes, ils ont toujours pris des points. Pour autant, en début de saison, Dubois, bien que sous pression, était resté fidèle à ses convictions. Après la première victoire acquise contre Grenoble (J3), il avait décidé de changer une grande partie de son équipe, avant d’aller défier Soyaux, concurrent au maintien. "Oui, c’était une prise de risque, reconnaît-il. On aurait pu ne pas la comprendre, mais pour comprendre, il faut vivre les entraînements avec le groupe. Quand tu les regardes et que tu vois la qualité qu’il y a pendant les séances, tu comprends un peu mieux."

Vendredi soir, à Béziers, l’ancien entraîneur du XV de France ne devrait pas changer grand-chose dans sa méthode, et donc changer une grande partie de l’équipe. "Je ne sais pas qui a raison ou tort, chacun fait comme il le ressent, continue le technicien. Moi, je sens que j’ai un groupe homogène, je fais confiance à tout le monde et j’essaye, quand un mec est un peu moins en confiance, de le relancer. Je n’ai pas d’équipe une ou bis, je ne fais pas tourner. Un roulement est instauré et, vous savez, ça peut aussi perturber l’adversaire. Je pense que si nous avons une chance de s’en sortir, c’est comme ça. Aujourd’hui, nous en sommes encore loin, mais avec le staff, nous pensons que c’est la bonne solution pour notre équipe." Les résultats acquis sur ce premier tiers du championnat lui donnent raison. Reste à savoir de quoi la suite sera faite.

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