Pro D2 - Manu Cassin (Biarritz) : "Nous ne sommes pas hermétiques aux critiques"

  • Manu Cassin, coach de la défense du BO.
    Manu Cassin, coach de la défense du BO. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Alors que le BO a remporté trois de ses quatre derniers matchs, Jean-Emmanuel Cassin, l’entraîneur de la défense du club basque, s’est prêté au jeu des questions-réponses, mardi après-midi, dans les couloirs d’Aguiléra. Pendant vingt minutes, le technicien est revenu sur la bonne phase que semble traverser son équipe, a évoqué les critiques auxquelles le staff a dû faire face en début de saison, mais a aussi analysé les progrès en défense du BO, avant de se projeter sur la réception de Dax.

Peut-on dire que le BO est en pleine progression ou les équilibres sont encore fragiles, selon vous ?

Depuis le début de la saison, je pense que l’équipe est en évolution positive. On progresse sur les résultats ou les contenus, on est dans la voie qu’on s’était fixée, c’est de mieux en mieux. Maintenant, il faut valider ça chaque week-end et on fera le point à la fin de ce bloc. À la fin du premier bloc, nous étions derniers, que ce soit en attaque ou en défense. Aujourd’hui, nous sommes cinquièmes, donc d’un point de vue comptable, on progresse et dans les contenus, nous sommes plus dans les standards que l’on recherche.

Biarritz fait des bons matchs, d’autres moins bons, et en ce sens, on parle plus des performances de Vannes ou Provence, que du BO ces derniers temps. Vous avancez quelque peu "masqués", cela vous convient ?

C’est plutôt bien pour nous, car ça nous permet d’être un peu plus sereins et de ne pas avoir le couteau sous la gorge, ou l’épée de Damoclès au-dessus de nous. On a beaucoup parlé du BO en début de saison par rapport à notre recrutement. Un peu moins après notre premier bloc. On savait que le début de saison allait être difficile, qu’il fallait qu’on se mette en route et qu’on progresse petit à petit. Aujourd’hui, nous sommes cinquièmes, mais beaucoup d’équipes sont à une victoire près. Le classement est encore anecdotique, tout comme il l'était à la fin du premier bloc. Aujourd’hui, on est mieux, mais il reste beaucoup de travail à faire. En tout cas, on sent que les joueurs sont beaucoup plus en confiance. Ils se sont approprié le projet de jeu, que ce soit offensivement ou défensivement et ça nous permet de travailler plus sereinement.

Les critiques auxquelles vous avez dû faire face en début de saison ont-elles touché l’équipe ?

Nous ne sommes pas hermétiques aux critiques. Nous avons envie que l’équipe progresse, qu’elle joue bien, que les joueurs se fassent plaisir et qu’ils en donnent au public. Nous n’étions pas contents du premier bloc. Maintenant, on sait la ligne de conduite qu’on a prise. Il nous fallait du temps, on espérait aller un peu plus vite. Après, de la même manière que rien n’était définitif à la fin du premier bloc, aujourd’hui, rien n’est acquis. Chaque semaine, un nouveau défi nous attend, dans un championnat très homogène. Une victoire ou une défaite peut te faire basculer dans le top six ou dans les places relégables. Aujourd’hui, nous sommes encore très prudents, nous sommes en éveil et nous devons le rester. Il y a des oppositions difficiles à venir.

Comment le jeune staff que vous êtes, avec Renaud Dulin et Roger Ripol, a-t-il vécu les critiques à son égard ?

On a beaucoup discuté. Notre staff est jeune, mais il se connaît déjà. L’avantage, c’est que nous avons évolué dans un autre contexte, au centre de formation, et nous n’avions pas la pression du résultat. Comme on se connaît, on se dit les choses, même si on n’est pas d’accord. Après, un entraîneur en chef, Roger Ripol, prend les décisions avec Matthew Clarkin. C’est important d’être franc et le fait de se connaître nous a permis de mettre des mots sur ce qui n’allait pas.

Roger Ripol, entraîneur de Biarritz lors de l'échauffement avant le match à Grenoble.
Roger Ripol, entraîneur de Biarritz lors de l'échauffement avant le match à Grenoble. Icon Sport

Dès lors ?

On savait que ça allait être difficile, on a mal vécu la position difficile dans laquelle on était, mais on a fait front tous ensemble. Nous sommes un staff solidaire, qui se connaît et qui se dit les choses. Il avance comme ça. Le métier d’entraîneur est sujet à la critique, positive ou négative. Nous avons gardé notre ligne de conduite, le fait d’entendre des critiques nous touche, mais notre objectif était de faire progresser l’équipe. J’espère qu’on est sur la bonne voie. [...] Après le premier bloc, nous étions derniers en attaque et en défense. Nous avons fait un bilan de ce qui s’était passé, des choses positives, de ce qu’il fallait améliorer. Nous l’avons partagé avec les joueurs. Ils ont adhéré. On a changé notre façon de s’entraîner, en mettant plus de contacts, car ça nous avait fait défaut en début de saison. Les joueurs, petit à petit, ont pris le pas. On a gagné trois des quatre derniers matchs, malgré une déculottée un peu sévère à Vannes. Nous sommes sur une progression positive.

Que pouvez-vous nous dire sur les progrès en défense ?

D’un point de vue comptable, on progresse. Sur les cinq premiers matchs, on est à quatre essais encaissés et six franchissements en moyenne. La moitié de nos essais ont été pris sur des ballons de turnover. Nous avons travaillé là-dessus, mais aussi sur notre occupation. Nous étions souvent sous pression, dans notre camp. Là, nous sommes meilleurs dans ce secteur-là et tout est lié. Nous avons bossé sur la lecture, le déplacement des joueurs, qui ont pris la mesure du système. Ils ont été plus attentifs, peut-être plus impliqués aussi. Nous sommes à moins de deux franchissements par match sur les quatre dernières rencontres.

Contre Agen, vous n’avez pas encaissé d’essai…

Il y a eu deux franchissements sans essai. Les conditions ont aussi fait que. C’est positif, il faut que les joueurs continuent sur ces standards-là. C’est ce qui nous permettra de gagner des matchs et d’être plus sereins sur le reste de la saison.

Biarritz est la formation qui plaque le plus en Pro D2. Qu’est-ce que cette statistique dit de votre équipe ?

Déjà, que nous avons peu de possession. C’est peut-être aussi pour ça qu’en début de saison, nous avons eu des difficultés. Nous étions plus exposés, et comme nous n’étions pas vraiment en place, ça nous a fait défaut, puisque nous avons pris des essais et des franchissements. Contre Vannes, nous avons encaissé six essais en n’étant franchis que trois fois. Nous avons pris des essais sur une mêlée enfoncée, un maul, des petits tas, une pénalité vite jouée… Ça reste des essais, mais il y a moins de trous dans la défense, ça nous permet d’être un peu plus sereins. Pendant tout le premier bloc, nous avons encaissé des essais sur turnovers, mais nous nous sommes aussi beaucoup consommés dans les rucks…

Et donc ?

Ça nous a fait défaut sur notre organisation défensive, car il manquait des joueurs. Sur ce second bloc, nous sommes plus efficaces sur la ligne, nous grattons un peu moins. Nous sommes plus efficaces dans le fait d’y aller ou de ne pas y aller. Ça nous permet d'avoir un rideau plus hermétique.

Pour autant, vous êtes la quatrième meilleure équipe dans les rucks…

Le problème, c’est qu’on y allait tout le temps. Voire trop souvent. Du coup, on s’épuisait, on perdait des joueurs. On mettait beaucoup d’énergie dans le fait de gratter, mais on n’était pas efficients.

Yann David s'est engagé cette saison pour le Biarritz olympique
Yann David s'est engagé cette saison pour le Biarritz olympique Icon Sport

En quoi la présence de Yann David et de Tyler Morgan au milieu du terrain, vous aide-t-elle en défense ?

Ce sont deux gros défenseurs. Dans ce secteur, je donne beaucoup de missions aux centres. Ce sont des joueurs qui ont une vision beaucoup plus globale et ce sont des leaders là-dessus. Yann et Tyler sont internationaux, ils ont beaucoup de vécu et de par leur présence, ils rassurent les joueurs. Ils parlent beaucoup, s’impliquent dans la stratégie défensive et je m’appuie sur eux, au même titre que François Vergnaud ou Jonathan Joseph. Tyler est puncheur, Yann est plus sur la ligne d'avantage. Ce sont deux joueurs complémentaires et intelligents. [...] Ils ont prouvé, par leurs performances, qu’ils étaient capables d’amener un plus à l’équipe. Aujourd’hui, on n’a pas perdu un seul match lorsque les deux étaient alignés (4 victoires, N.D.L.R.).

Biarritz et Dax sont les équipes qui tiennent le moins le ballon en Pro D2. À quel type de match peut-on s’attendre vendredi ?

Ça va dépendre des conditions. J’ai les mêmes statistiques que vous, mais Dax est une équipe très offensive. Elle joue beaucoup au pied, OK, mais quand elle en a l’opportunité, elle est capable de jouer depuis ses 22 mètres. On s’attend à des fulgurances de cette équipe, à ce qu’ils soient capables de jouer au pied, mais aussi de relancer ou tenter des coups de leur camp. Depuis trois ou quatre matchs, on essaye de tenir un peu plus le ballon. Je ne pense pas qu’on aura droit à un match d’occupation. On s’attend à un très gros combat, car Dax est accrocheuse. Quand elle perd des matchs, c’est souvent avec un bonus et ça reste un derby. Ce sera un match compliqué à gérer. C’est à nous de l’aborder comme Agen, en étant très disciplinés et très forts sur les bases : l’occupation, la défense.

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