De jeunes brésiliens invités au Beach Rugby de Gruissan

Par Loïc Bessière
  • Grâce à Arca France, des jeunes défavorisés du Brésil peuvent jouer au rugby
    Grâce à Arca France, des jeunes défavorisés du Brésil peuvent jouer au rugby Gruissan toursime
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L'association Arca France permet aux jeunes d'une favela de Sao Paulo de s'initier au rugby. Dix-sept d'entre-eux ont pu venir en France y jouer durant trois semaines. Un séjour terminé par une participation au Beach rugby de Gruissan. 

Le Beach rugby de Gruissan a l'habitude de recevoir des équipes étrangères. Des Espagnols, des Portugais ou des Suisses viennent fréquemment tester leurs talents sur le sable face aux Français. Cette année, une équipe venait d'un peu plus loin. Elle a traversé l'Atlantique. Pour deviner leur pays d'origine, il suffit de rergarder le tableau des scores. Deux équipes dans le tournoi minot (réservé aux U14) et deux autres s'appellent "Brésiliens". A l'origine de cette inscription exotique, une association, Arca France. Son président, Frédéric Rio, son trésorier, Pierre-Louis Brigand et James, un membre, sont sur la plage des Chalets, à Gruissan. Difficile de savoir qui a le plus le sourire, entre eux ou les enfants. Avec l'association, dix-sept enfants âgé de 12 à 18 ans ont eu droit à quitter leur favela (bidonville) de Vila Prudente, à Sao Paulo, trois semaines pour un "séjour rugysitco-linguistique" inoubliable dans l'hexagone. "Ce n'était même pas un rêve pour eux de venir ici, ils ne pensaient pas cela possible. Cela nous a mis un an et demi pour trouver les financements, les partenaires et de tout boucler. Prendre le bus pour se rendre à l'aéroport, ils ne l'avaient jamais fait, onze heures d'avion non plus", lance Frédéric Rio.

Une intégration via le rugby

Dans ce projet dénomé "Desembolé", les Sud-américains sont passés par Paris, Lyon puis Montpellier. Dans la capitale, ils ont profité des installations du club de Suresnes et se sont entraînés avec les jeunes du club. Idem dans le Rhône avec le Lou. Les jeunes ont ensuite enseigné la capoeira à leurs homologues français. S'ils sont hébergés dans des familles ayant déjà habité le Brésil et qui ont été membres de l'association, ils ont quand même pu travailler la langue de Molière. L'assiduité au cours de français avant l'entraînement du samedi matin a d'ailleurs compté au moment de choisir les jeunes qui sont venus dans l'hexagone. Mais le critère principal reste, donc, l'ovalie. Avec Arca France, entre 35 et 40 personnes, filles et garçon confondues, issus de Vila Prudente peuvent s'adonner au rugby au sein du club français de la ville, le Pasteur Athlétique Club. "Faire 20, 30 minutes de bus pour aller s'entraîner, c'était une première sortie de leur favela. Ils sont très en confiance dans leur quartier, mais dès qu'ils en sortent ,ils ne sont pas à l'aise. Maintenant, quand ils viennent au rugby, ils se sentent chez eux", se réjouit Frédéric Rio. "Dans les équipes, il y a des Français, des Brésiliens de classe moyenne et certains issus des favelas. Ils trouvent une mixité avec nous le samedi. Ils rêvaient plutôt de jouer au foot, mais ils profitent quand même", complète James qui, comme ses deux compères, a entraîné au PAC. 

Des Brésiliens au Beach rugby de Gruissan.
Des Brésiliens au Beach rugby de Gruissan. Gruissan tourisme

Une idée trouvée à Gruissan

Pierre-Louis Brigand, vêtu du polo bleu du PAC, s'est habillé de cette manière pour une raison précise. Quand l'idée de faire venir les jeunes de Vila Prudente en France, il portait ce même polo. Et il était déjà à Gruissan ! Leur présence dans l'aude va plus loin que le simple clein d'oeil, elle a aussi un côté pratique. À cette période de l'année, il n'y a pas d'autres compétitions dans l'hexagone où les Brésiliens auraient pu se confronter au rugby français. Et juillet étant le seul mois entier de vacances au Brésil, les voilà inscrits au Beach rugby de Gruissan. Ils sont accompagnés d'une vingtiane de Franciliens et de Franciliennes rencontrés lors de leur séjour dans la capitale. Chez les jeunes, une équipe a perdu en finale de la "plate", la consolente. Dans le tournoi sénior, malgré des adversaires souvent plus âgés, les Brésiliens ont réussi a gagné une rencontre 3-0 lors de la première journée, ce samedi. Le tout, avant une démonstration de capoeira. 

Et n'allez pas croire que jouer sur le sable les avantage : "On s'imagine le Brésil et Copacabana, mais à Sao Paulo, il n'y a pas une plage, rectifie Frédéric Rio. Ils ont découvert le sable français en arrivant à Gruissan. Ils apprennent encore, c'est exotique pour eux de jouer sur une plage." Mais les trois hommes sont fiers des progès de leurs protégés. "Ils sont encore en phase d'apprentissage, mais ils commencent à avoir une culture rugby et un bon niveau de jeu", se félicite le président de l'association. Certains envisagent de revenir en France, mais pas pour du tourisme cette fois-ci. "On leur dit les ingrédients qu'ils doivent mettre pour pouvoir revenir jouer ici", s'unissent les trois hommes. Il fuat dire que ces enfants ont un consultant de luxe pour préparer leurs rencontres, en la personne de Philippe Benetton. Ancien entraîneur du Pasteur Athlétique Club, l'ancien troisième ligneleur a délivré quelques secrets pour réussir. "Il est venu en ami car il savait que l'on était là et qu'il habite pas très loin", insiste Frédéric Rio. Les jeunes repartent tous lundi au Brésil. La tête pleine de souvenirs...

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