Coupe du monde rugby 2023 - "Il y a quelque chose de grand à faire" Nikola Karabatic évoque le mondial en France

  • Nikola Karabatic a rendu visite aux Bleus en mars dernier à Marcoussis
    Nikola Karabatic a rendu visite aux Bleus en mars dernier à Marcoussis Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Véritable légende du handball français, Nikola Karabatic n'en reste pas moins un féru de rugby. Amateur du ballon ovale, il a d'ailleurs côtoyé le XV de France en mars 2023, dans le cadre d'une intervention auprès du groupe. Il témoigne son ressenti sur cette journée particulière et parle de la Coupe du monde 2023 avec un rêve de sacre bleu.

Par quel biais vous êtes-vous retrouvés à intervenir auprès du XV de France, avant le match contre l’Angleterre en mars dernier ?

Je suis intervenu auprès d’eux car Nicolas Jeanjan, un des préparateurs physiques de l’équipe, est un de mes très bons amis. Il m’avait déjà demandé de passer les voir à Marcoussis pour voir comment ils travaillaient et m’avait dit que les joueurs étaient friands d’interventions, qu’il y avait déjà eu Jean Dujardin et d’autres. Pour partager de l’expérience, je me suis dit que ça pouvait être cool. Je suis allé dîner avec le staff et Fabien m’a demandé si je pouvais venir. Je leur ai dit oui et je suis allé faire l’intervention avant le match contre l’Angleterre. J’ai assisté à toute la journée et ai pu voir comment ça se passait. Les réunions, l’entraînement, la muscu… Le soir avant le dîner, j’ai fait une prise de parole devant eux

Connaissiez-vous des joueurs personnellement ?

Je connaissais Gaël Fickou, Cyril Baille et Antoine Dupont que j’avais croisé une ou deux fois. Mais je savais tous qui ils étaient parce que j’ai la télé.

Vous avez vécu ce type d’intervention avec Jean-Pierre Vidal, champion olympique de ski. Qu’est-ce que cela vous avait apporté à l’époque ?

Quand on m’a demandé d’intervenir, je me suis demandé ce que je pouvais dire d’original. Lorsque Francis Cabrel est venu présenter son parcours, c’était forcément différent. Mais moi j’interviens comme quelqu’un qui est issu du monde du sport. Je leur ai donc parlé de ce moment avant les Jeux olympiques de Pékin. Pour remettre dans le contexte, nous nous étions ratés lors des JO d’Athènes en finissant cinquième et donc sans médaille. Jean-Pierre Vidal, qui avait gagné une médaille d’or à Salt Lake City était venu nous dire deux ou trois mots pendant le déjeuner. Ce n’était pas très long donc je ne me souviens plus forcément de ce qu’il a dit mais il était venu nous apporter sa médaille. D’avoir vu cette médaille, ça m’avait vraiment motivé à avoir la mienne et à visualiser un peu ce qu’était le prix au bout de tout ça. Pour vous, le Graal c’est la Coupe du monde mais pour moi, ce sont les JO. C’est pour ça que j’ai amené mes quatre médailles olympiques (dont trois en or, NDLR) auprès du XV de France.

Nikola Karabatic avec sa médaille d'or glanée aux Jeux olympiques de Tokyo
Nikola Karabatic avec sa médaille d'or glanée aux Jeux olympiques de Tokyo Icon Sport - Icon Sport

Désormais, vous êtes très expérimenté et avez gagné de nombreux titres. Mais dans votre jeunesse, vous avez dû faire face à une grosse pression, à l’instar du XV de France. Avez-vous évoqué ce sujet avec les joueurs ?

Un groupe ne gère pas forcément la pression, ce sont plutôt des individualités qui la ressentent. Et elles ont toutes une manière différente de la gérer. Je ne leur ai donc pas parlé de ça mais juste expliqué qu’avec l’équipe de France de handball, nous avons gagné plusieurs Coupes du monde et Jeux olympiques et qu’à chaque fois, l’histoire avait été différente. Jamais une compétition n’a été un long fleuve tranquille, où nous dominions de bout en bout. Ce n’est pas parce que nous perdions un match que tout était fini ou remis en cause. Par exemple ici, si les Bleus perdent leur premier match contre les All Blacks, ce que je ne souhaite pas, ce ne sera pas la fin des haricots. Tu peux finir champion du monde quand même et nous avons eu l’exemple récent de l’Argentine au football. Après la défaite contre l’Arabie Saoudite, ils étaient la risée du monde du sport et au final, ils ont été champions. L’année dernière, le XV de France était sur le toit du monde avec le grand chelem. Cette saison, les Bleus ont fait un très gros Tournoi, mais ils n’ont pas gagné. Donc je leur ai dit que même si cette confiance de l’an dernier s’est un peu estompée, ce n’était pas grave et qu’il fallait y croire jusqu’au bout. Il y a quelque chose de grand à faire et il ne faut pas laisser un match tout remettre en question. Il y a quelque chose à faire avec cette équipe, je le sens.

Sentez-vous que cette équipe dégage une grosse confiance ?

Oui, je le sens avec ce que les joueurs dégagent sur le terrain pendant les matchs. Dans leurs réunions, dans leurs entraînements, dans tout ce que le staff fait, tu sens que rien n’est laissé au hasard et qu’ils sont tous animés de la même volonté d’être champions du monde. Tout le monde est hyper à l’écoute, hyper engagé et met tout en œuvre pour le collectif.

Vous avez disputé un championnat du monde en France en 2017. Pouvez-vous raconter en quoi est-ce si particulier d’évoluer à domicile lors d’une telle compétition ?

C’est ultra particulier dans le sens où tu sens que toute la France est derrière toi. Tu as tes amis, ta famille, la France entière qui suit ta compétition, donc ça t’amène énormément d’énergie. Tu es au centre de l’attention, il y a beaucoup de soutien ce qui apporte de l’énergie positive. Mais ça t’apporte aussi pas mal de pression et si jamais ce n’est pas bien géré, ça peut entraîner des effets négatifs à la place du positif. Avec notre équipe, nous avons réussi à nous servir de toute cette énergie. Ça nous a porté. Je n’ai jamais ressenti une énergie comme celle-là à un autre moment de ma carrière. C’était magique.

Nikola Karabatic a été champion du monde lors des championnats du monde de 2017 en France
Nikola Karabatic a été champion du monde lors des championnats du monde de 2017 en France Icon Sport - Icon Sport

Après votre intervention, les Bleus ont réalisé un match historique contre l’Angleterre. Avez-vous le sentiment d’avoir contribué à cette performance ?

(Il se marre) Je pense honnêtement que c’est une pure coïncidence mais je suis heureux que ça soit arrivé juste après mon passage ! Certaines personnes vont penser que j’ai eu un impact et que ça les a motivé. Si mon parcours a pu inspirer un seul d’entre eux, je serais le plus heureux au monde.

Suivez-vous le rugby dans la vie de tous les jours ?

Je regarde tous les matchs de l’équipe de France. Pour le Top 14, je regarde les résultats et les résumés. Le fait que les meilleurs joueurs ne soient pas tout le temps avec leur équipe, avec les doublons, fait que j’attends les phases finales pour regarder. Comme ça, je sais que toutes les équipes sont à leur top, avec leurs meilleurs joueurs.

Que pensez-vous de ces fameux doublons, qui sont une pratique assez particulière dans le sport ?

Pour moi, c’est complètement hallucinant (rires). Mais bon, s’ils n’ont pas trouvé de meilleure solution, c’est qu’il ne doit pas y en avoir. En tant que spectateur fan de sport, regarder un spectacle où il n’y a pas les meilleurs… C’est comme regarder la saison régulière de NBA (ligue de basket américaine), où les joueurs ne jouent pas à fond et attendent simplement les playoffs.

Sentez-vous que l’intérêt du grand public a grandit vis-à-vis du rugby ?

Ah oui. Cela fait quelques années maintenant qu’en France, nous nous intéressons davantage au rugby. Depuis trois ans, grâce aux victoires du XV de France et quelques nouveaux visages, il y a une nouvelle dynamique. La mayonnaise prend vraiment et il y a une vraie attention du public. Il manque un grand titre pour venir corroborer tout cela.

Plusieurs joueurs du XV de France dont Antoine Dupont ont révélé leur envie de disputer les Jeux olympiques 2024. En tant que handballeur, c’est le Graal, mais c’est assez inhabituel au rugby. Comprenez-vous leur position ?

Je trouve ça beau qu’ils veuillent se faire une petite expérience olympique à la maison. C’est une chance inouïe dans une carrière, quel que soit le sport. De vivre des Jeux olympiques en tant qu’athlète, je peux comprendre que cela donne envie à Antoine et d’autres rugbymen. Je ne suis personne pour l’encourager mais je peux le comprendre.

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Les commentaires (6)
Holedrop Il y a 9 mois Le 25/07/2023 à 23:35

Il n' y entend rien au rugby et comme dit CedricH , la preuve : il ne regarde aucun match de top 14. Il ne suit même pas une équipe de c½ur. Donc,c' est du flan et je crains qu' en cas de victoire à la coupe du monde , beaucoup de "stars" de tous horizons affirment avec aplomb qu' ils ont " toujours aimé le rugby " sans être capable de dire la différence entre un maul et un ruck ou dans quelle circonstance il y a mêlée ... Et le rôle de chaque poste.

Les amateurs de la 24 ième heure ...Voire 25 .

Gcone1 Il y a 9 mois Le 25/07/2023 à 10:07

Aurait-il l'intention de parier ?

CedricH Il y a 9 mois Le 25/07/2023 à 08:41

Merci pour le commentaire sur les doublons, et surtout de dire qu'il ne regarde pas pendant la saison.
Beaucoup sont dans ce cas : si Canal+ comprend qu'il perd de l'argent, ça peur amener à changer les choses.

Lechim Il y a 9 mois Le 25/07/2023 à 08:59

Mais comment faire? Réduire le top à 12? Ce ne sera vite pas assez et il faudra un top10. On se privera de zone géographique historiquement rugby. Essayons plutôt un top 2x8 ou 2x10, voire un top20 sans matchs a+r. Mais canal voudra t il? Actuellement c'est la quadrature du cercle....

Galleux Il y a 9 mois Le 25/07/2023 à 09:15

Et puis, cela gène qui a part les spectateurs occasionnels de rugby ? La fédération et les clubs semblent avoir trouvé une méthode qui convient à tous le monde.

Et ces périodes de doublons permettent aussi à des jeunes joueurs JIFF de gagner en expérience...

Holedrop Il y a 9 mois Le 26/07/2023 à 09:49

Entièrement d'accord avec Galleux !!!!