Rugby Championship - Eddie Jones veut combattre la "mentalité de perdant" de l'Australie

Par Jacques BROQUET
  • Eddie Jones veut amener l'Australie sur le toit du monde en 2023.
    Eddie Jones veut amener l'Australie sur le toit du monde en 2023. PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
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Eddie Jones ne mâche pas ses mots. Lors d’un récent podcast, il n’a pas manqué de faire le point sur l’état des Australiens au sortir d’un Super Rugby Pacific décevant et avant d’attaquer un Rugby Championship avec beaucoup d’interrogations. Morceaux choisis.

Quel est votre bilan du Super Rugby Pacific, d’un point de vue australien?

Quand vous êtes l’entraîneur de l’équipe nationale, que vous constatez qu’une seule équipe est en demi-finale, vous ne pouvez pas être satisfait car cela signifie que vos joueurs ont pris l’habitude de jouer dans des équipes qui perdent. Et vous courez le risque d’avoir des joueurs avec une mentalité de battus.

Justement, que devez-vous faire pour changer la mentalité de ces joueurs?

Je ne suis pas là pour continuer une politique qui ne permet pas de gagner. Depuis 2015, l’Australie n’a gagné que 38% de ses test-matches. Il n’y a beaucoup de joueurs qui sont sortis du lot. Voilà la réalité qu’il faut affronter. Mon but est de créer un environnement qui va leur permettre de s’affirmer et de progresser. Il faut que les joueurs comprennent qu’ils sont au cœur du problème mais aussi la solution à ce problème. Et, s’ils sont prêts à travailler plus et mieux, à être plus concentrés, alors on pourra se fixer comme objectif de gagner la Bledisloe Cup, gagner le Rugby Championship et gagner la Coupe du Monde. Le but est de changer les mentalités. Quand vous entraînez au niveau international, vous n’êtes pas là pour leur apprendre à être meilleur techniquement mais pour faire évoluer leurs attitudes.

On ne travaille pas pour améliorer leur technique individuelle ou leurs appuis sur la jambe gauche ou encore faire une passe vissée de 50 mètres. Notre but est de trouver des joueurs qui sont prêts à jouer un rôle majeur dans l’équipe, à changer leur approche et faire les choses différemment car nous devons sortir du moule des équipes de Super Rugby. Et il faut qu’ils soient durs au mal. Il faut constamment se remettre en question, ne jamais penser que tout va bien. Il faut trouver les failles dans le groupe, créer des conflits pour faire sortir les joueurs de leur zone de confort.

Où en êtes-vous à l’orée de ce Rugby Championship et le premier match contre l’Afrique du Sud à Pretoria, le 8 Juillet prochain?

On va lancer un sprint. Nous avons un 1500 mètres à courir qui commence à Pretoria, qui se poursuivra avec la Bledisloe Cup avant d’arriver à la préparation de la Coupe du Monde. Ensuite, sans mésestimer les matches de poule de la Coupe du Monde, la véritable compétition commencera en quart de finale. C’est à ce moment-là qu’il nous faudra être au maximum. Notre but est de gagner le plus de matches possible afin de donner confiance à ce groupe et à redonner du plaisir au public afin qu’il soit derrière les Wallabies. Et si l’on a bien travaillé, que l’on se donne à fond, on va obtenir des résultats.

Quelles sont les différences entre les wallabies que vous entraîniez entre 2001 et 2005 et ceux d’aujourd’hui?

La principale différence repose sur la démographie du groupe. De nos jours, il y a une très forte influence des joueurs du Pacifique. Quand on affrontait les All Blacks, nous étions dominés au niveau de la puissance alors que maintenant, il n’y a plus de différence. Ce qu’il nous faut c’est jouer un rugby intelligent – si on doit continuer le défi physique, il nous faut aussi être capable de trouver les solutions en contournement. Pour moi, c’est ça le rugby australien, un jeu intelligent. Nous avons un bon groupe de joueurs. Il faut maintenant les associer dans une équipe qui veut se battre et gagner. Il faut les mettre dans un cadre où ils ne se sentent pas invulnérables mais veulent être les meilleurs.

Des rumeurs ont récemment circulé annonçant votre départ après la Coupe du monde. Qu’en est-il?

J’ai resigné avec l’Australie et s’ils veulent de moi après la Coupe du Monde, je serai là. S’ils ne veulent plus de moi, vous savez, il y a d’autres jeunes entraîneurs qui sont prêts à prendre la relève. Je pense que Stevie Larkham (entraîneur des Brumbies) ferait un excellent entraîneur des Wallabies. Donnez-lui encore deux ans à la tête des Brumbies et il sera vraiment prêt. Son séjour au Munster lui a fait un bien énorme et lui a ouvert les yeux. Les Brumbies sont la seule franchise australienne qui comprenne que les phases de conquête sont à la base de tout succès. Regardez quand les Brumbies sont en difficulté, ils en reviennent aux fondamentaux, leur mêlée et leur touche et les mauls pénétrants. Les joueurs doivent être capables de s’adapter en cours de match en fonction des circonstances.

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Les commentaires (1)
CasimirLeYeti Il y a 9 mois Le 02/07/2023 à 13:43

Avant c'était Fabien qui copiait Eddie, maintenant c'est le contraire... Tout est dit !