Baky écrit - Saint-Médard, la victoire unique

Par Bakary Meïté
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Publié le Mis à jour
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Dans sa chronique hebdomadaire, Bakary Meïté revient sur le club du RC Saint-Médard, le club béarnais qui joue en Régionale 3. 

Imaginez, quitter ses Comores natales, pour l’île voisine de Mayotte (que les Mamies Chatouilleuses ont voulu garder dans le giron français) et y découvrir le rugby à 7. Repartir du territoire pour gagner la métropole. Parcourir les 7798 km séparant Mamoudzou d’Orthez, pour venir y découvrir un autre rugby, à XV cette fois. Celui du terroir, du sud-ouest, avé son accent, et toutes les images d’Épinal que vous souhaitez y associer. C’est le choix qu’a fait Abdallah Abderemane, l’un des entraîneurs du club de Saint-Médard.

Avec son compère Samuel Le Discot, ils président aux destinées de l’équipe sénior du club qui est engagé cette saison en régionale 3. La saison parlons-en. Elle fut longue et fastidieuse. Une seule victoire au compteur. Pour la deuxième année consécutive. Les hommes des présidents Bordenave et Martin se contentent d’un match gagné par saison. Bien que le mot ne soit pas le plus approprié, les images de joie dans les vestiaires lors de la victoire contre le voisin de Miramont étaient jouissives.

Parce qu’avant et après cette victoire esseulée, les rémoras furent nombreux. Arrêt de carrière pour les uns, lassitude pour les autres, on a eu du mal à clôturer le dernier exercice à Saint-Médard. À l’aube de fêter son cinquantième anniversaire, le club du village de moins de 300 habitants peine à conserver ses licenciés. Abdallah doit composer avec le capitaine Rémy Daverat mais surtout quelques nouveaux venus. Quentin, Maxime, Laurent et Alpha, l’ancien footeux de la Guinée, qui se rêvait plus en Naby Keita du Liverpool FC, mais piqué par l’esprit du ballon ovale. Des lâches rien, des hargneux, qui n’ont pas été échaudés par le manque de résultat.

En étant en moyenne 12 le mardi et 20 le vendredi, difficile d’aligner 23 joueurs sur la feuille de match le dimanche. D’autant plus que lui, endosse plusieurs casquettes. Toujours licencié au club d’Orthez qu’il a rejoint en 2008 et dans lequel il s’occupe des minimes, il est aussi arbitre régional. La ligue n’ayant pas pléthore de sifflet, Abdallah fait tout pour jongler avec cet emploi du temps et être au chevet de son équipe.

L’accueil qui lui a été réservé à son arrivée il y a deux ans y est pour beaucoup. Il a trouvé des gens qui appréciaient bien plus son profil d’éducateur au détriment d’entraîneurs plus chevronnés. Abdallah tente de maintenir une bonne ambiance au club. Les dirigeants se battent face à l’adversité. Et tout le club se nourrit de ça. Quand ce n’est pas Abdallah qui les nourrit, il n’hésite pas à passer derrière les fourneaux lors des repas du club chaque vendredi après l’entraînement, pour faire goûter à ses joueurs les mets venus tout droit des rives de l’Océan Indien.

Le championnat est fini depuis le week-end dernier. Pourtant les entraînements sont maintenus et une grosse dizaine de gars continue à venir. Abdallah veut mettre ces entraînements à profit pour faire progresser ses nouveaux venus. Alpha, jeune papa et, observant le jeûne du mois de ramadan, est excusé. Mais sera vite de retour avec ses camarades sur le terrain.

L’importance du club de rugby à Saint-Médard n’est pas à négliger. Souhaitons-lui longue vie ou à tout le moins atteindre la barre symbolique des 50 ans. Et ce n’est pas Yann Delaigue, qui les fête aujourd’hui, qui dira le contraire.

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