Poulain : "Une bonne bande d'abrutis"

Par Rugbyrama
  • Raphael POULAIN - 04.10.2011
    Raphael POULAIN - 04.10.2011
Publié le Mis à jour
Partager :

Triple champion de France avec le Stade français, Raphaël Poulain raconte tout ce qu'il a vécu dans le monde du rugby professionnel dans son livre "Quand j’étais superman, Splendeur et misère d’un rugbyman". L'ancien ailier, âgé de 31 ans, se confie sans concession.

La coupe du monde bat son plein et vous sortez "Quand j’étais superman, Splendeur et misère d’un rugbyman". Vous n’avez pas l’impression de gâcher la fête ?

Raphael POULAIN: Au contraire. Je trouve génial de pouvoir désacraliser, un peu, tout ce qu’il se passe en moment. Dans une période où l’on porte en étendard les sacro-saintes valeurs du rugby, peut-être est-il bon aussi d’avoir un point de vue un peu différent. Mais attention, "Quand j’étais Superman" n’est que MA vérité, ce que j’ai vécu dans le monde du rugby professionnel. J’ai été une caricature de rugbyman, j’y ai tout fait à l’excès. Et en même temps, je ne regrette rien. L’évolution du rugby professionnel, tel que je la vois, ne m’attire pas franchement.

Etes-vous dégouté du rugby ?

R.P: Jamais. Le rugby, j’adore ça. Je me régale de tous les matchs que je vois. Devant ma télé, je penche à gauche quand l’action va à gauche et à droite quand elle va à droite. Je finis souvent dans le mur. Le rugby m’a beaucoup couté, mais c’est grâce à lui que je suis fier d’être ce que je suis aujourd’hui.

Vous jouez toujours ?

R.P: Non. Je n’ai plus touché un ballon depuis 2008 et un match avec les espoirs du Racing, à Grenoble, sur le terrain annexe de Ledesguières. Là même où j’avais débuté ma carrière en équipe première du Stade français, dix ans auparavant. Je me suis claqué au bout de cinq minutes de match.

Que faites-vous aujourd’hui ?

R.P: Ce qui est paradoxal, en pleine tournée de promotion, c’est que l’on voit mon nom un peu partout dans les médias. Je suis pourtant toujours au RSA, sans travail. Mais je n’ai plus tellement peur de l’avenir. Je suis comédien et j’ai confiance dans mon avenir dans ce milieu.

Si vous le pouviez, vous changeriez quelque chose à votre vie passée ?

R.P: Non, pas un quart du dixième de ce que j’ai vécu. De mon livre, certains n’ont retenu que ma prise de cocaïne en m’étiquetant un peu vite comme un dangereux toxicomane. Je n’ai consommé cette drogue que trois fois dans ma vie, je ne me suis jamais dopé durant ma carrière. Une carrière qui malgré les blessures que je raconte, a été énorme. Il y avait tout au Stade français : un casting de rêve, un directeur de casting grandiose, le public derrière nous. A Paris, nous étions des anonymes, en province, nous étions haïs. Tout était fait pour être galvanisé. Et puis j'ai gardé l'essentiel : des souvenirs et des potes : Pierre Rabadan, Jerome Fillol, Nani Corleto. Une bonne bande d'abrutis.

Dans votre livre, vous n’êtes pas tendre envers Max Guazzini et Fabien Galthié…

R.P: Oui, mais il faut faire attention. En 2005, je leur en ai voulu, de ne pas me faire jouer, de ne pas renouveler mon contrat. Je leur en voulais, parce que j’estimais qu’ils étaient les adultes et que j’étais un gosse. Un enfant qui demandait à être cadré. Aujourd’hui, je ne leur veux plus ni à l’un, ni à l’autre mais j’estime qu’ils ont leurs part de responsabilité dans l'évolution du rugby pro que je réprouve. Il est important de tirer des leçons du passé. Pour ma part, je l'ai fait et le leur ai dit clairement : ils n'ont pas cherché à comprendre...

A la fin de votre livre, vous évoquez l’émergence d’une nouvelle génération de joueur et votre envie de leur transmettre votre expérience. "Quand j’étais Superman" doit-il servir à cela ?

R.P: Oui et non. Je ne donne surtout pas de leçon. Maintenant, si un jeune vient me voir en me disant que mon livre lui a permis d’éviter des erreurs qu’il aurait pu commettre, tant mieux. Je fais partager mon expérience. Il serait d’ailleurs paradoxal de dire: "je ne regrette rien de ce que j’ai fait" et dans le même temps: "ne faites surtout pas comme moi". Si je dois faire passer un message, il est simplement de vivre, de vivre à fond, en évitant quelques excès.

Bernard Laporte est entraineur à Toulon. Il vous a fait débuter dans le rugby. Vous ne voudriez pas replonger avec lui ?

R.P: Non. Avec moi, Bernard a été visionnaire : il m’a toujours assuré que j’avais un mentale d’acier. L’histoire a montré que mon mentale était en mousse. Mais à présent, je me soigne à grand coups d'humain, comme lors de mes plus belles années passées.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?