Top 12 : sujet clivant sur fond d'élection

  • Top 14 - Lacroix Lorenzetti
    Top 14 - Lacroix Lorenzetti
  • Top 14 - Didier Lacroix
    Top 14 - Didier Lacroix
  • Jacky Lorenzetti, le président du Racing 92
    Jacky Lorenzetti, le président du Racing 92
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Alors que les élections à la présidence de la LNR se profilent (23 mars), le sujet d'une modification du format de la compétition élite du rugby professionnel français, vieux serpent de mer, revient sur la table. Avec son lot de partisans et de détracteurs.

Si l'élection à la présidence de la LNR se jouera bien évidemment sur les affinités de personnes et les courants de "politique rugby" avec, au centre, la volonté d'apaisement ou de résistance à la FFR, d'autres sujets majeurs émergent, ces derniers jours, dans le débat des présidents de club. Celui des droits télés, dont l'appel d'offres pour la période 2023-2027 a été lancé la semaine dernière, est un premier élément de divergences. Un autre, plus ancien , provoque également quelques remous entre présidents des clubs de Top 14 et Pro D2 : celui d'une modification des formats de compétitions.

Le Top 12 porté par Didier Lacroix

Au cœur des tensions : l'idée d'un passage à un Top 12, sur le modèle de ce qui se fait actuellement en Angleterre. L'idée est historiquement défendue par l'axe historique Clermont-Toulouse, sur fond de problématique sportive. Plus gros pourvoyeurs sur la dernière décennie de joueurs internationaux, mis à disposition du XV de France, les deux clubs y ont longtemps vu l'opportunité de supprimer quatre dates au calendrier, comme autant de doublons en moins. Dans le même temps, cet allègement du calendrier permettrait des plages de récupération plus importantes pour les joueurs, avec l'opportunité de mieux se régénérer mais aussi d'octroyer du temps au développement individuel des joueurs, qu'il soit technique ou physique. Fabien Galthié, sélectionneur des Bleus, applaudirait des deux mains.

Ce parti-pris, le deuxième ligne international du CO Loïc Jacquet (35 ans, 4 sélections), ancien de la maison ASM, l'approuve et le justifie. "On ne peut pas continuer à juxtaposer les compétitions, avec des doublons dans tous les sens. On doit harmoniser toutes les compétitions et, pour ça, il faut gagner des dates. Là, on est à saturation : il n’y a pas de case libre, des doublons partout, des joueurs qui jonglent entre toutes les compétitions… Le fait de réduire le nombre de matchs réduira aussi les rentrées d’argent pour les clubs mais c’est peut-être le prix à payer pour arriver à un fonctionnement plus harmonieux. Pour moi, le Top 12 est obligatoire."

Top 14 - Didier Lacroix
Top 14 - Didier Lacroix

À ce sujet, le président du Stade toulousain Didier Lacroix va plus loin, et propose une refonte globale des saisons, ce lundi dans les colonnes de Midi Olympique : "En préambule, je vous parle ici d’une piste de travail et il n’y a pas urgence même si la perspective du Mondial 2023 doit nous faire réfléchir. à douze, tu réduis le nombre de matchs par saison, donc les doublons. Et tu gagnes du temps de mise à disposition des internationaux. […] Mais si c’est seulement l’instauration d’un Top 12, cela n’a aucun sens. Si ce projet veut dire la création d’une nouvelle compétition, alors je pense que le Top 12 peut tirer l’élite vers le haut, entraîner Pro D2 et Nationale dans son sillon. Tout le monde sera gagnant."

Lacroix plaide alors pour la création d'une nouvelle compétition, une Coupe de la Ligue, sur les espaces laissés libres au calendrier. Une compétition qui devrait profiter en priorité aux jeunes joueurs en manque de temps de jeu. Une idée qu'avait déjà couchée sur papier et portée à la LNR Eric de Cromières, président de l'ASM décédé l'an dernier et dont Lacroix était particulièrement proche. Y compris sur ce dossier. Avec ce décès, Lacroix a perdu un proche mais aussi un allié: le nouvel homme fort de Clermont, Jean-Michel Guillon, se serait montré beaucoup plus discret et circonspect au sujet d'un rétrécissement de l'élite, en réunions de présidents.

Le président du Stade toulousain poursuit toutefois dans Midi Olympique. "En Coupe de la Ligue, les clubs du Top 12 aligneraient surtout des jeunes, et les formations de Pro D2 des joueurs "Jiff" ou français. Les matchs se joueraient chez les équipes de Pro D2 et on pourrait faire des soirées "supra-rugby", avec deux rencontres dans un stade, à 19 et 21 heures ; les spectateurs verraient deux matchs pour le prix d’un."

Lorenzetti : "Pour tout vous dire, je serais favorable à un Top 16"

Principaux freins constamment opposés à cette envie de Top 12 : la logique économique, qui souffrirait d'une réduction du nombre de matchs que ce soit sur les fronts de la billetterie, des partenariats ou des droits télés. Ainsi qu'une réduction de la représentation du rugby d'élite sur le territoire français, alors que la tendance est plutôt à l'ouverture et la découverte de nouveaux territoires. Des arguments repris par le président du Racing 92, Jacky Lorenzetti. Auxquels il ajoute une touche sportive.

"Déjà, je trouve les doublons équipe de France-Top 14 vertueux. Parce qu’ils permettent de niveler les valeurs des équipes à certaines époques de la saison et nous, les gros pourvoyeurs d’internationaux, ne sommes pas lésés in fine puisque nous retrouvons l’intégralité de notre effectif au printemps. C’est à ce moment que débutent les phases finales. […] L’équité sportive est respectée, au final. Depuis dix ans, il n’y a pas eu un seul champion de France qui ne méritait pas de l’être. Et puis, en période de doublons, il n’y a plus de petit ni de gros. Les rencontres sont disputées, acharnées… Il y a des surprises !"

Jacky Lorenzetti, le président du Racing 92
Jacky Lorenzetti, le président du Racing 92

Selon Lorenzetti, les doublons seraient également un temps béni par les jeunes joueurs. "Les équipes qui ont des centres de formation efficaces et jouent le jeu des Jiff (joueurs issus de la formation française) ressortent grandis de ces périodes de doublons. Cela permet d’élargir l’effectif, de lui faire gagner en maturité… Au Racing, par exemple, lors des derniers tests d’automne, quatorze joueurs du centre de formation ont joué les week-ends de doublon. Le système me semble vertueux."

Le président des Franciliens va même plus loin : "Pour tout vous dire, je serais favorable à un Top 16." C'est ici que la logique économique intervient. "avec deux équipes en moins dans le championnat, on perdra 18 % du chiffre d’affaires sur la saison ; si on passe à douze, les partenaires vont diminuer leurs contributions puisqu’il y aura deux dates en moins. Il y a donc quelque chose qui m’échappe dans cette logique… Je le répète, au lieu de réduire la voilure, allons plutôt vers un Top 16 qui serait plus ouvert, plus accessible aux clubs de Pro D2 et plus contributif en termes de recettes. Voyons plus grand!"

Avec des positions aussi éloignées dans le débat, c'est surtout l'hypothèse d'un statu quo qui pourrait, dans un les prochains mois, être privilégiée.

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