Laveau : "Les joueurs me disaient "arrête de parler de Bayonne, tu es à Castres maintenant"..."

  • Top 14 - Martin Laveau (Castres) contre le Racing 92
    Top 14 - Martin Laveau (Castres) contre le Racing 92
  • Martin Laveau (Bayonne) - 3 décembre 2015
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  • Julien Tisseron (Bayonne) face à Narbonne - 22 avril 2016
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TOP 14 - Formé à l’Aviron Bayonnais, Martin Laveau retrouvera pour la première fois la pelouse de Jean Dauger sous d’autres couleurs samedi. Face à lui se dresseront de nombreuses têtes connues comme celle de Julien Tisseron. Les deux, qui ont fait connaissance en Cadets, furent lancés dans le monde professionnel en même temps. Depuis, l’un est parti à Castres, l’autre est resté à Bayonne.

Mardi, nous les avons réunis par téléphone. La veille, Tisseron avait lancé les hostilités en chambrant son ex-partenaire "Prépare tes punchlines, Martin !" Puis pendant une quarantaine de minutes, les futurs adversaires se sont livrés au jeu de l’entretien croisé, avant que Martin Laveau ne parte rejoindre ses partenaires du CO pour un repas d’équipe au cours duquel il a soufflé sa vingt-troisième bougie…

Rugbyrama : Quels souvenirs gardez-vous de vos années, chez les jeunes à l’Aviron ?

Martin Laveau : Ça a été de superbes années. Depuis que je suis parti, je pense vraiment tout le temps aux moments où je jouais avec les copains chez les jeunes.

Julien Tisseron : Avec Martin, j’ai surtout des souvenirs avec les professionnels. Chez les jeunes, Martin, on ne le voyait pas trop ! Il était tout le temps à Marcoussis avec le Pôle France. Après, je me souviens d’un quart de finale que nous avions joué en Crabos face à Toulouse du côté de Tarbes. Nous l’avions emporté et au tour suivant, nous nous étions inclinés contre Brive.

M.L. : Ah oui ! Nous avions gagné à la fin. Julien avait beaucoup de chance parce qu’il était avec une génération 96 un peu dorée, qui était montée en Crabos et qui avait permis à la génération 95 d’exploser un petit peu pour vivre des phases finales (rires).

J.T. : C’est ça. Nous, les 95, nous étions la génération bourrée (rires).

Vous avez ensuite été lancés en même temps chez les professionnels sur la saison 2015-2016…

M.L. : J’avais fait tout le début de saison et "Tiss" toute la fin. Au début, nous étions quinze à l’entraînement. Je n’avais jamais joué en espoirs et je ne savais pas si j’allais avoir le niveau pour jouer avec les professionnels. Au final, Vincent Etcheto m’a directement fait confiance. C’est un peu grâce à lui que j’ai pu enchaîner les matchs, même si je ne faisais pas d’excellentes prestations. Ça m’a permis de progresser, c’était top. Nous étions montés en Top 14, mais je n’avais pas eu la chance de faire les phases finales parce que j’étais à la Coupe du Monde avec les U20.

J.T : L’année où Bayonne descend de Top 14 (en 2014), nous étions pas mal de jeunes à faire une bonne saison avec les espoirs. Du coup, nous nous étions tous dit que nous pourrions peut-être espérer faire la préparation physique avec les grands. À la rentrée, nous avons pu intégrer le groupe pro. Puis chacun a eu son opportunité. Moi, je ne l’ai eue qu’à la fin de la saison, mais à 19 ou 20 ans, c’est déjà top de pouvoir jouer avec les pros dans ton club formateur.

Martin Laveau (Bayonne) - 3 décembre 2015
Martin Laveau (Bayonne) - 3 décembre 2015

Martin, quel sentiment a dominé lorsque vous avez vu vos copains remporter ce titre de Pro D2, en juin dernier, un an après avoir quitté le club ?

M.L. : J’étais hyper content pour eux. Je leur envoyais des messages tout le temps. J’ai été les voir pour le barrage contre Nevers. Même à Castres, les joueurs ne faisaient que me dire "arrête de parler de Bayonne, tu es à Castres" en me chambrant gentiment. Après, en partant de Bayonne alors en Pro D2 pour Castres, j’étais très content de rejoindre le Top 14. Je voulais voir si j’avais les capacités pour évoluer plus haut. J’ai fait dix-sept matchs la saison dernière avant de me blesser. J’étais trop content et j’ai vécu une superbe année.

Vous avez, les deux, découvert le Top 14 en 2016 avec Bayonne. Martin, vous l’avez donc retrouvé l’an dernier. Julien, cette année. Qu’est-ce qui a changé dans ce championnat ?

M.L. : Avec l’Aviron, nous prenions des branlées, donc c’était compliqué. Avec Castres, j’ai trouvé que le niveau d’intensité des matchs était beaucoup plus important que sur les rencontres disputées avec l’Aviron. Ça va à dix mille, je trouve ça assez impressionnant.

J.T. : Je me sens un peu plus concerné dans l’effectif. J’y crois un peu plus, je sens que nous sommes plus armés, que nous avons une nouvelle mentalité et un nouvel état d’esprit. Je ne sais pas quelle sera l’issue, mais je sais que l’on aura beaucoup moins de regrets qu’il y a trois ans.

Ce week-end, vous allez peut-être vous retrouver face à face, pour la première fois…

M. L. : Pour ma part, le contexte global va être hyper bizarre. Je connais quasiment toute l’équipe. Je suis toujours en contact avec Manuel Ordas, Arthur Duhau, Peyo Muscarditz, Arnaud Duputs... J’ai toujours des attaches à Bayonne. En plus, nous arrivons jeudi. Je vais avoir le temps de réaliser petit à petit. Ensuite, si on est face à face, ça sera comme quand on faisait les mises en place le vendredi à l’entraînement. En tout cas, ça va être sympa de revoir toutes ces têtes.

J.T. : Je pense que ce sera plus particulier pour Martin que pour moi. Pour moi, ce sera un match comme les autres, mais je vais me focaliser sur Martin. Les deux, on a hâte de ça ! Il me parle du match de samedi depuis un bout de temps.

Julien Tisseron (Bayonne) face à Narbonne - 22 avril 2016
Julien Tisseron (Bayonne) face à Narbonne - 22 avril 2016

Êtes-vous surpris qu’autant de vos ex-coéquipiers en espoirs aient réussi à intégrer le monde pro ?

J.T. : Pendant deux ans, nous aurions pu espérer le titre de champion de France avec les espoirs. La politique du club a un peu changé. Quand on fait confiance à ces jeunes qui ont le potentiel, ça ne me choque pas que l’on se retrouve tous à ce niveau.

M.L. : Julien a tout dit. Yannick Bru fait confiance aux jeunes. Peut-être plus qu’avant. Beaucoup ont été lancés l’an dernier. Ils font des bonnes performances, donc à partir de là, il faut les faire jouer à nouveau. C’est ce qui est fait.

Quel regard portez-vous sur le début de championnat de l’équipe en face ?

M. L. : Les Bayonnais m’ont surpris en créant l’exploit au Racing. En regardant le calendrier, j’avais dit à Tiss, "accrochez-vous, pareil vous allez prendre 60 points là-bas". Au final, ils ont très bien joué, comme sur les phases finales de Pro D2, avec une très grosse défense. Pour moi, ils méritaient de gagner face à Clermont. Ils ont fait tourner au Stade Français. J’ai cru qu’ils allaient prendre une branlée à 17-0, mais ils se sont accrochés. Ils sont obligés de gagner ce week-end, donc ça va être dur pour nous. Surtout que nous sommes un peu dans le même cas !

J.T. : Castres est une équipe avec un nouveau staff. Je vois que le CO a un ADN de combat avec un gros paquet d’avants et des trois-quarts très généreux. Cette année, ils ont déjà perdu un match à domicile, donc je ne sais pas si c’est vraiment bien pour nous parce qu’ils vont venir encore plus déterminés pour chercher des points.

Pro D2 - Julien Tisseron (Bayonne)
Pro D2 - Julien Tisseron (Bayonne)

Quelles sont les qualités et défauts de l’autre ?

J.T. : Son jeu au pied (rires). Non, sérieusement, sa qualité première, c’est son jeu ballon en main avec sa vitesse. Il est très fort en un contre un que ce soit offensivement ou défensivement. C’est vraiment un pur ailier. Après, c’est quelqu’un de très sympa, toujours là pour les autres. Il est très généreux et il tient beaucoup à ses amis.

M.L. : Julien est très athlétique, il court bien, il va vite. Je pense qu’il a plus de condition physique que moi. Sur un sprint, il ne va peut-être pas plus vite, mais sur deux ou trois, il est largement devant moi parce que j’ai l’acide lactique qui monte vite. Pour moi, ce n’est pas un ailier, mais un arrière. Il est bon sous les ballons hauts, il aime le jeu. Il pue le rugby, quoi. Humainement, il n’est pas fainéant et c’est un peu un branleur. Il est tout le temps en train de rigoler et c’est pour ça qu’on s’entend très bien. Il ne se prend pas la tête parce qu’il sait d’où il vient.

J.T. : Après, Martin des fois, sait bien ménager sa monture. On sait que c’est un joueur qui va durer dans le temps (rires). Mais c’est aussi une qualité que de savoir écouter son corps. Il aime bien les siestes. Je dis ça parce qu’on l’a souvent taquiné en lui disant qu’il savait se gérer. Mais je pense que c’est une fausse étiquette qu’on lui colle.

M.L. : Tiss est un peu bordélique. Sa maison est dans sa voiture. Parfois, il te propose de t’amener à un endroit, mais il n’y a pas de place dans son véhicule.

Qui est le plus rapide entre vous deux ?

J.T. : C’est Martin, il a le record du club. Je le talonne d’après notre préparateur physique, Arnaud Baratchart qui m’en parle tous les quinze jours. Il a été flashé à 35,8km/h sur un match.

Top 14 - Martin Laveau (Castres) contre Juan Imhoff (Racing 92)
Top 14 - Martin Laveau (Castres) contre Juan Imhoff (Racing 92)

S’il y a un duel, samedi, entre vous deux. Qui l’emportera ?

J.T. : Honnêtement, ça dépend à quel moment il a lieu. Si c’est en début de match, c’est Martin. Sinon, moi. Après, je dis ça, mais je vais avoir des crampes avant toi.

M.L. : Ce n’est pas possible, ça fait six mois que je n’ai pas joué.

J.T. : Oui, mais moi j’ai eu des crampes à la quarantième pendant les matchs amicaux !

Vous avez, tous les deux, joué à l’aile et à l’arrière. Quel poste préférez-vous ?

M.L. : J’aimais bien arrière ! Mais je n’ai pas les qualités pour y jouer, je ne tape pas trop au pied. Maintenant, je préfère jouer à l’aile parce que je ne fais plus que ça depuis un moment et je suis habitué, mais c’est vrai que jouer derrière, c’est pas mal pour venir s’intercaler dans la ligne.

J.T. : Arrière, parce que j’estime que pour être un ailier de haut niveau, il faut avoir des qualités de finisseur que je n’ai pas forcément. Il faut être un tueur sur son aile et je préfère avoir les deux côtés d’attaque devant moi.

C’est tout ?

M.L. : Oui. Enfin, je tenais juste à rajouter que, ce week-end, je serai pour Castres ! C’est rare, mais je suis obligé de le dire (rires).

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