Avec les impasses, le championnat de France va-t-il dans le mur ?

Par Rugbyrama
  • Top 14 - L'équipe de Toulouse dépitée contre Montpellier
    Top 14 - L'équipe de Toulouse dépitée contre Montpellier
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TOP 14 - Des affiches tronquées, des amateurs frustrés, des jeunes expédiés au casse-pipe : en envoyant son équipe bis se faire étriller dimanche à Montpellier (66-15) dans "l'affiche" de la 5e journée, Toulouse a relancé le débat sur les impasses effectuées en Top 14.

Un score de 21 à 0 au bout de quinze minutes: le suspense du choc du week-end était largement éventé bien avant le carton rouge infligé à Piula Faasalele, deuxième ligne du Stade Toulousain dont l'encadrement avait changé douze titulaires par rapport au week-end précédent. Et lancé dans le grand bain de l'élite, en même temps et sans cadre autour d'eux, cinq joueurs face à des Héraultais revanchards. Une décision totalement assumée par l'entraîneur des avants Rouge et Noir Régis Sonnes, dans le but de préserver les titulaires habituels avant la venue de Castres samedi.

Et peu importent la possibilité de reléguer à une dizaine de points un adversaire direct, le risque sportif - et si Toulouse était devancé à la différence particulière par le MHR pour la qualification en fin de saison? - ou les conséquences pour ces jeunes, qui pourraient avoir du mal à se remettre de ce baptême du feu. "Ce n'était pas un gros cadeau pour les jeunes (de jouer ce match). Néanmoins, nous devons voir tout l'effectif dans la saison, donner du temps de jeu à tous. Et on avait besoin de faire récupérer certains joueurs. On assume ce choix, on n'a aucun regret", a ainsi déclaré Sonnes.

Les Toulousains ne sont pas les premiers à faire largement tourner à l'extérieur, les années passées et plus récemment. Plus que celui d'Agen il y a deux semaines sur le terrain du Racing 92 (défaite 59 à 7) - les deux équipes ne boxent pas dans la même catégorie -, le dernier exemple à rapprocher de celui de dimanche est celui de Montpellier, justement, en avril dernier à Marseille contre Toulon (19 à 0 pour le RCT après 20 minutes, 32-17 score final).

Ce genre de matches... C'est une ineptie

Déjà, les spectateurs et téléspectateurs avaient pu se sentir floués, comme Olivier Magne dimanche: "Ce genre de matches... C'est une ineptie que de le voir dans un championnat valorisé et rétribué très fortement par les diffuseurs." "Ce championnat perd de son équité, de son attrait, de sa valeur. Je ne suis pas sûr que ça incite les spectateurs qui assistent à la parodie de rugby qu'on a vue hier à revenir" a poursuivi auprès de l'AFP l'ancien troisième ligne international.

Pour l'ancien sélectionneur des Bleus Pierre Berbizier, les impasses font partie des "dérives du rugby actuel" et contribuent à une forme de désaffection autour de ce sport : "Le spectateur n'est pas dupe : quand le champion de France (Castres, NDLR) ne fait pas le plein à l'Arena du Racing (remplie au tiers environ samedi, NDLR)..."

Qu'en pense de son côté Canal+, qui débourse 74 millions d'euros pour cette saison de Top 14, somme qui sera portée à 97 M EUR par an en moyenne à partir de l'été prochain et jusqu'en 2023? "Nous nous refusons à toute polémique. Mais nous observons avec inquiétude la recrudescence des impasses qui avaient négativement impacté le championnat il y a une dizaine d'années, notamment autour des événements au Stade de France."

Pas de problème pour la Ligue

La Ligue, de son côté, préfère "parler de "rotation d'effectif" que "d'impasse"", lesquelles n'ont "rien de nouveau". Elle estime aussi "que le championnat se gère dans la durée", que "les équipes doivent donner du temps de jeu aux jeunes", surtout dans un contexte de renforcement du dispositif des JIFF (Joueur issu des filières de formation). Et que "ces rotations ne remettent pas en cause le suspense du Top 14 qui est serré du début à la fin".

Pourquoi ne pas aller directement là où ça fait mal

Les éventuelles pistes pour réduire à l'avenir les impasses ne devraient donc pas être explorées. Magne se lance : "Pourquoi ne pas aller directement là où ça fait mal (sanctions financières, NDLR). Donner des primes aux équipes qui gagnent à l'extérieur, pénaliser les équipes qui lâchent les matches... Mais c'est difficile car très subjectif." En attendant, dimanche, une affiche a objectivement été dévoyée.

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