Le Tour de Midi Olympique

Par Rugbyrama
  • Toulouse - Virgile LACOMBE - 04.06.2011
    Toulouse - Virgile LACOMBE - 04.06.2011
Publié le Mis à jour
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Pour la dernière fois de la saison 2010-2011, les envoyés spéciaux de Midi Olympique décryptent, à travers une anecdote, un joueur ou une image insolite, les moments forts de la finale du Top 14. Ils mettent en avant le courage de Ouedraogo, la performance de Lacombe ou la lucidité de Gorgodze.

Grégory LETORT

William Servat, genou à terre : terrible coup dur pour le Stade toulousain. Même le plus titré des clubs français peut angoisser quand l'abandonne un de ses leaders et celui qui s'impose référence mondiale. William Servat a essayé de lutter puis a dû se résoudre à sortir du terrain après 31 minutes de jeu. Moment de doute. Tournant du match ? Ca aurait pu être dramatique. Si ce n'est que le joker du Stade toulousain s'appelle Virgile Lacombe (26 ans). Il jouait son dernier match avec son club de formateur qui a activé sa clause libératoire pour le plus grand bonheur de Brive. Il jouait sa deuxième finale nationale après avoir explosé en 2006 contre Biarritz et avoir vécu le Brennus 2008, comme d'ailleurs la H Cup 2010, hors du groupe. Il a été héroïque. Simplement parfait.  Puissant en mêlée, précis en touche, à l'aise partout. Parfaitement dans le rythme. Au bout, un Brennus et la réalisation d'un rêve de mome. "Il a été extraordinaire", dira Yannick Bru. Numéro 16 dans le dos, il méritait le numéro 2 bis. Sortie réussie. Virgile Lacombe s'en va. Rien ne dit qu'il ne reviendra pas au Stade toulousain. "Pourquoi pas international", disait William Servat.

Pierre-Laurent GOU

Une image qui démontre la fabuleuse aventure humaine. Le "brunch" improvisé par les Montpelliérains aux alentours de 6 heures du matin, rue de l’Odéon en face du Comptoir Saint-Germain. Comme des cadets, comme s’ils avaient gagné le Brennus. Parce qu’ils n’avaient pas envie de se quitter, ils ont poursuivi leur troisième mi-temps. Le plus longtemps possible. Ce n’est que vers midi dimanche, qu’elle prit fin. Il fallait rentrer à la maison via le Bourget. Mais Ouedraogo et ses partenaires auront fait souffler dans cette nuit de finale une vraie vague de fraîcheur comme tout au long de la saison. 

Emmanuel MASSICARD

Gorgodze comme un symbole. Nous l'avions quitté dans la nuit parisienne, au Cab, une boite branchée où il "fêtait" la défaite, entouré de ses potes. Une ultime nuit à partager sa déception, à rire fort et à chanter pour ne pas pleurer. Le lendemain matin, Mamuka Gorgodze était présent au rendez-vous qu'il nous avait fixé. 11h30 à la réception du prestigieux hôtel Lutécia, Saint-Germain des Prés. Une poignée de main, franche, solide. Un sourire qui vient éclairer les traits d'un visage fatigué. L'invitation à s'assoir au coin d'un bar encore calme. Le troisième ligne géorgien est d'un calme saisissant, serein. Pendant une demi-heure, il va se confier, comme rarement. Témoigner de sa fierté d'être arrivé en finale avec ses potes, avouer ses regrets de ne pas être allé au bout de l'aventure. De plonger dans sa jeunesse pour expliquer sa soif de victoire. "Mon père m'a toujours dit qu'il n'y avait pas de place pour les seconds. Seule la première place a de la valeur." Revanche sur le sort pour le gamin de Tbilissi qui a trouvé dans le rugby un moyen de réussir sa vie. Ses paroles transpirent la passion. Instants privilégiés qui permettent d'oublier le cérémonial aseptisé de conférence de presse d'après finales.

Arnaud BEURDELEY

Samedi soir Fulgence Ouedraogo n'aurait manqué pour rien au monde la première finale de Top 14 de son club. Sa première finale à lui aussi. L'aboutissement d'une saison exceptionnelle. La consécration dont rêve tout joueur de rugby. Alors, pour ne pas rater ce rendez-vous, il a joué la main droite cassée. Fracture du métacarpe. Evidemment, il a été infiltré pour soulager sa douleur. Evidemment, on lui a concocté une protection sur mesure. Mais, quand même, quel courage. Et pour ceux qui n'en était pas convaincu, il a suffit de voir avec quel orgueil il a tenu à rester sur le terrain en fin de première mi-temps. Quelques secondes plus tôt, il était resté couché au sol, le nez dans l'herbe, l'esprit ailleurs. K.O. Il a bien tenté de se relever. En vain. Le trou noir était immense. Et il est retombé aussi sec comme un agneau de quelques heures qui apprend à tenir sur ses pattes. Au final, "Fufu" n'a pas soulevé le bouclier de Brennus. Il a quitté ses partenaires, vaincu par la douleur, à la 67e minute de la rencontre. Montpellier menait encore 10-9. Ouedraogo, meilleur plaqueur de son équipe sur cette finale, était alors champion de France....  

Jérémy FADAT

Il a marqué ce week-end. Encore une fois. On n'a parlé que de lui. Son neuvième Brennus comme entraîneur. Son onzième, sur les dix-huit du club, en comptant ses titres en tant que joueur. Incomparable. Et pourtant, on a surtout évoqué le nom de Guy Novès pour alimenter la rumeur selon laquelle c'était son dernier match à la tête du Stade toulousain. Parce qu'elle avait commencé à enfler ces derniers jours. Parce que chaque journaliste a scruté et interprété le moindre de ses faits et gestes après le coup de sifflet. Ce signe de la main aux supporters perçu comme un adieu. Son refus de répondre à une question de nos confrères de Canal + sur son avenir, puis de se présenter en salle de presse. Il n'en fallait pas plus pour faire le buzz. Un buzz peut-être justifié, peut-être précipité. Aujourd'hui, il est impossible de savoir de quoi sera fait l'avenir de Guy Novès. L'espace de quelques heures, j'ai envie de dire : "Qu'importe". Retenons cette image de l'homme, seul sur la pelouse, en train d'observer les yeux embués ses joueurs soulever un énième bouclier. Avec la même émotion. Celle d'un monument jamais rassasié. Quel que soit le rôle qu'il tiendra dans les prochains mois.

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