Castres, le vrai départ?

Alain Gaillard a dû attendre "l'âge de la retraite" pour vivre de tels retournements de situation. Son expression utilisée juste après le coup de sifflet final signant la victoire à Toulon n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Depuis samedi soir, l'entraîneur tarnais est assailli d'appels. "J'ai dit que j'avais dû patienter l'âge de la retraite comme j'aurai pu dire que j'avais dû attendre 60 ans pour vivre de telles choses! Une seule fois dans toute ma carrière, j'ai connu cinq revers de rang. C'était avec Gaillac, nous étions promus. Je n'ai encore jamais été dernier du classement. La situation est difficile à vivre mais je ne lâcherai pas. Je sais où je veux aller et comme le disait Sénèque : "il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va."

Où Castres veut donc-t-il aller? Vers une deuxième victoire de rang. Vers une certaine continuité. "Il nous faut optimiser le résultat face à Toulon, sinon cela voudra dire que nous sommes partis pour une saison galère, sans continuité dans les résultats avec un jour avec et un jour sans," assène le manager général de Castres, Jean-Michel Swiadeck. Le résultat ramené de Toulon procure une véritable bouffée d'oxygène aux Tarnais, mais n'enlève pas pour autant la pression des épaules du groupe. Toujours en position très inconfortable dans la terrible zone rouge, le CO a pour objectif de retrouver le ventre mou du championnat à l'issue des deux prochains matchs. "Après la victoire sur Clermont, nous avions un grand rendez-vous à Montauban. Nous aurions mérité la victoire, mais une décision arbitrale nous en prive, se remémore amèrement Gaillard. Non, franchement, nous avons la guigne, la poisse... on vit l'enfer, on ne se sent pas bon. Il faut casser cette spirale."

Garder le contact

En recevant coup sur coup Montpellier puis deux semaines plus tard Mont-de-Marsan, Castres peut retrouver un rang un peu plus douillet, à condition de chasser le syndrome du match à domicile. "En tout cas, garder le contact avec les équipes qui sont devant nous," modère encore l'entraîneur. Pour y parvenir, il ne faudra pas commettre le même péché d"orgueil que l'année passée. A l'occasion du match à Pierre-Antoine face à Montpellier, les Tarnais pourtant en net regain de forme (4 victoires de rang) avaient alors été complètement hors-sujet. Un coup d'arrêt qui leur a peut-être couté au final une place dans le dernier carré. "Cela doit nous servir d'avertissement," rappelle Swiadeck. "Nous n'avions pas respecté cette équipe, se rappelle Alain Gaillard. Mais ce coup-ci, nous ne sommes pas dans une position d'irrespect. Je redoute vraiment ce match."

Castres ne veut pas entendre parler de nouveau coup d'arrêt et espère avoir définitivement lancé sa saison. Malgré le froid, le vent et la pluie qui ont fait leur violent retour dans la région, les sourires sont là. Au-delà des discours positifs, la confiance s'était étiolée en même temps que le compteur points. Par peur de la casse, le staff avait allégé les charges de travail. Résultat, le niveau de l'équipe avait baissé. Encore. D'où la décision de remettre les choses au clair et de renforcer les entraînements. Visiblement, cela leur convient. "Il est possible de lire sur les visages aujourd'hui que les joueurs ont pris conscience d'être capables de faire des choses, se réjouit le manager tarnais. Nous en étions à un point où tout le monde doutait de tout le monde!" "Gagner contre Montpellier est primordial. Lors de mon précédent mandat à Castres (1998-2001, ndlr), nous étions restés invaincus à domicile trois ans et demi! Si nous perdons ce week-end, nous repartirons la tête basse et ce sera encore plus dur de repartir après la trève,"prédit Alain Gaillard.

Chris Masoe arrive vendredi. Les blessés sortent peu à peu de l'infirmerie. Le vent se lève sur Castres et il pourrait bien être dans la direction indiquée par Alain Gaillard.