Recadrage et débordements

Par Rugbyrama
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Arrivé à Paris en leader, Bayonne en est reparti tout penaud. Jean-Pierre Elissalde salue ce recadrage brutal, mais salutaire. Pour le manager, ses joueurs se sont pris pour ce qu'ils n'étaient pas ces dernières semaines. La leçon doit permettre un retour

Les Bayonnais sont passés au travers vendredi soir à Jean-Bouin. En fait, le meilleur Bayonnais fut Jean-Pierre Elissalde, une fois la gifle reçue. Devant les journalistes, le manager de l'Aviron n'avait pas de rival. Maniant le verbe avec autant d'aisance que les Parisiens avaient manié le ballon 80 minutes durant, JPE a refait le match à sa manière, colorée mais précise. On le sent gentiment en colère devant le non-match de ses troupes. Pourtant, le sourire pointe au bout des lèvres. Sans doute parce que cette défaite, il l'avait bien sûr sentie venir depuis des jours. Alors il a eu le temps de la digérer avant même le début du match.

Quand il se pointe dans l'exigu froid vestiaire de Jean-Bouin servant de salle de conférence de presse, Elissalde a le discours acéré, mais réfléchi. "Ne vous fatiguez pas à réfléchir aux questions, j'ai déjà les réponses" , assène-t-il d'entrée. Et le show commence: "En règle générale, le vendredi permet une mise en place avant le week-end. Là, c'est une re-mise en place, avec un grand "Re". Nous sommes à notre place. On ne passe pas quasiment un an et demi à la dernière place pour rien. Ce n'est pas parce qu'on passe trois semaines à la première place que tout va bien d'un seul coup. Cette leçon totale va nous faire un grand bien. Paris nous a placés devant nos erreurs. C'est un vrai moment de rugby, qui fait du bien. Je crois même que ça tombe au meilleur moment."

"Ce n'était plus la côte basque, c'était la Californie"

L'Aviron se serait donc laissé porter par ce sentiment tellement humain de facilité, quand la gloire, même éphémère, vous pousse presque malgré vous à vous prendre pour un autre. A cet égard, le retour sur terre a été pour le moins brutal vendredi pour les Basques. Jean-Pierre Elissalde, avec d'autres au club, n'avait pourtant pas manqué de tirer la sonnette d'alarme. "Mais nous sommes des vieux cons, on ne nous écoute plus, reprend-il. Nous avions la tête pas sur les épaules, les épaules pas sur le bassin et le bassin pas sur les jambes. Ca fait quand même beaucoup de déséquilibre. Je ne sais même pas si on avait les pieds sur terre. Nous étions des acrobates qui jouaient sans filet, donc sans maîtrise."

La lucidité du discours tranchait évidemment avec le manque de cohérence du jeu bayonnais vendredi. Tactiquement, l'Aviron, qui n'a eu de cesse de jouer sur les points forts parisiens en donnant le bâton pour se faire battre, a pris une leçon. En rentrant dans le rang, la formation basque va au moins pouvoir travailler à nouveau dans l'ombre. Ca ne lui fera pas de mal. "On ne peut pas être content quand on en prend 50, mais je ne suis même pas déçu , assure Elissalde. Vous savez, le bonheur, pour un entraîneur, ça n'existe pas. Ces trois dernières semaines étaient tellement artificielles. Ce n'était plus la Côte basque, c'était la Californie."

Oubliée la place de leader et le roulage de mécaniques. Bien remis en place, Bayonne va devoir préparer en toute humilité son prochain match, un autre choc, énorme, contre le Biarritz Olympique. Un derby qui permettra de relancer la machine ou de placer le club dans le ventre mou. L'Aviron a tutoyé les extrêmes depuis un mois. Sa véritable place se situe sans doute à mi-chemin entre cette factice place de leader et la raclée de vendredi. Le mot de la fin revient, inévitablement, au meilleur d'entre les Bayonnais: "On va discuter tranquillement avec les coachs et chacun va se remettre en question. Nous sommes une équipe qui a des valeurs, à condition de ne pas les oublier..."

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