Elissalde, le sens du sacrifice

Par Rugbyrama
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Malgré une côte cassée, Jean-Baptiste Elissalde a guidé Toulouse vers le Brennus en tenant sa place à l’ouverture une heure durant. Au bout du courage et de la souffrance, le demi de mêlée international a remporté son premier titre de champion de France.

Plus d"un n"y auraient même pas mis un orteil. Affronter les guerriers de la troisième ligne clermontoise avec une côte cassée relève, si ce n"est de la folie, d"une certaine forme d"héroïsme. Mais Jean-Baptiste Elissalde l"a fait. Et pour toujours, il restera cet inconscient ou ce brave qui s"est sacrifié pour Toulouse et le Bouclier. Souvent genou à terre mais toujours à se relever, souvent grimaçant mais toujours présent, il a tenu sa place d"ouvreur 62 très longues minutes. Avec courage et brio, bien que sans sa réussite habituelle. "Je ne jouais même pas à 70%", avouait-il après la rencontre. Dès la fin du premier quart d"heure, les choses se sont compliquées : "Les anesthésiques ne faisaient plus effet et ça commençait à tirer sur chaque coup de pied, à chaque choc. J"ai fait ce que j"ai pu, c"était loin d"être parfait."

Mais il a tenu le choc. Comment ? Avec beaucoup de mental d'abord. Des infiltrations ensuite. "On m'a bien soigné et j'ai beaucoup prié (sourire). Il y a sûrement ce petit quelque chose en plus qui m'a aidé, qu'on va chercher très loin. C'est ce qu'on doit appeler un surplus d'envie." Ce qui permet de remporter un Bouclier aussi. Malgré son "handicap", il a su mener le jeu toulousain avec intelligence, réalisant un geste parfait sur l'essai de Médard mais évitant tout risque pour lui ou son équipe. Lui qui craignait de "perturber le bon fonctionnement du groupe" a encore apporté sa vista et son expérience une heure durant.

"Une grande fierté"

Jean-Baptiste Elissalde a donc terminé sa saison à l'ouverture, comme il l'avait commencée le 26 octobre dernier contre Dax. Après avoir annoncé que ce numéro dix n'était pas le sien, le demi de mêlée tricolore a un peu revu sa position. Samedi soir, dans l'euphorie d'un Bouclier qu'il n'avait jamais soulevé, il expliquait qu'il s'agissait finalement d'une "grande fierté. C'était un gros défi et ce n'était pas évident avec mon gabarit et tout ce que j'ai pu vivre cette semaine. Je suis vraiment très heureux pour mes éducateurs et en particulier pour l'un d'entre eux." Comprenez Jean-Pierre Elissalde, son père, qui était au Stade de France ce week-end.

C'est aux siens que JBE, les côtes endolories, pensait à l'heure de savourer ce premier titre de champion. "Je pourrai dire à mes petits-enfants, comme mes grands-parents me l'ont dit, que j'ai joué avec un truc cassé. Ça fait ancien combattant." Au Stade de France, Jean-Baptiste Elissalde a gagné sa guerre, célébrant la victoire devant les troupes de supporters du Capitole dimanche, haranguant la foule comme un chanteur de rock, souriant comme un enfant le jour de son anniversaire, sautillant comme celui qui n'a jamais souffert.

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