Albi ne l'a pas volé

A voir la joie des Albigeois, et ces larmes de bonheur, de rage et de soulagement qui perlaient sur les joues d'Eric Béchu ou celles du héros Thomas Sanchou, auteur d'un essai décisif venu de nulle part, on pourrait croire qu'ils ont gagné le Brennus. Le SCA n'en est pas là. Loin s'en faut. Il n'a même pas assuré son maintien en Top 14, mais ce succès arraché à la force du poignet face à Biarritz vaut tout l'or du monde pour un groupe en proie au doute depuis un mois. Battu deux fois coup sur coup à domicile (par Castres et Montauban), Albi avait un besoin vital de points. Il en a obtenu quatre vendredi devant une équipe de Biarritz loin, très loin du compte.

Mais que ce fut dur pour la formation tarnaise, qui a passé la soirée à se compliquer la vie. Andre Hough et Frédéric Manca ont manqué à eux deux pas moins de cinq pénalités. Ces 15 points laissés en route ont failli coûter très cher et offrir sur un plateau au BO une victoire qu'il ne méritait pas. Les Basques ont pourtant inscrit un magnifique essai pour ouvrir la marque au coeur de la première période. Une action de 60 mètres initiée par Nicolas Brusque, relayée par Marcelo Bosch et Philippe Bidabé et finalement conclue en coin par le puissant troisième ligne Vahafolau (0-5, 26e). Un simple éclair dans une épaisse grisaille. Juste une illusion.

Sanchou le filou

Pour le reste, le BO a déjoué. Dominés en mêlée, sans inspiration, sans âme, les hommes de Patrice Lagisquet ont énormément subi. Ils menaient certes 5-3 à la pause, mais l'engagement albigeois à la reprise allait faire la différence. Après trois échecs au pied en dix minutes, Andre Hough réglait enfin la mire pour donner l'avantage à son équipe (6-5, 55e). Dos au mur, les Biarrots sortaient enfin de leur torpeur. Mais à l'exception des cannes du remuant Marcelo Bosch, ils n'avaient pas grand chose à proposer. Pourtant, le centre argentin a bien cru jouer les sauveurs d'une pénalité en coin à un peu plus de cinq minutes de la sirène (6-8, 74e).

C'est alors que Thomas Sanchou est entré en scène. Refusant ce frustrant scenario, le trois-quarts centre reconverti demi de mêlée a démontré qu'il avait déjà toute la malice d'un vrai numéro neuf. Une minute seulement après la pénalité de Bosch, il filait au ras sur un regroupement pour rallier la terre promise 20 mètres plus loin. La défense biarrot n'y a vu que du feu. Un tour de filou qui permet désormais aux Tarnais de compter neuf points de marge sur Dax, le premier relégable. Albi respire beaucoup mieux.

A l'inverse, le BO effectue une bien mauvaise opération dans la course aux demi-finales, et ce n'est pas le bonus défensif ramené au Pays Basque qui consolera Patrice Lagisquet. Biarritz pourrait voir fondre Castres, Montauban et surtout Perpignan samedi. Très diminuée par une quinzaine d'absences, la bande à Nicolas Brusque a des circonstances atténuantes, c'est vrai. Mais les mathématiques ne font pas de sentiment. En attendant de retrouver ses forces vives, le BO a la gueule de bois.