Palisson, l'arrière-plan

"Nous allons utiliser Alexis Palisson à l’arrière, son poste de prédilection, mais aussi à l’aile, car c’est à ce poste qu’il a une carte à jouer en vue du Mondial." C’est Ugo Mola, l’entraîneur en chef de Brive, qui nous faisait cette confidence avant l’ouverture du Top 14. Paradoxe : c’est pourtant à l’arrière que son joueur débute la dernière ligne droite vers la Coupe du monde. Jusque-là, ses dix apparitions sous le maillot bleu l’ont été en tant qu’ailier. "Je me rappelle juste avoir disputé une fin de match à l’arrière", indique l’intéressé. Contre l’Italie, lors du dernier Tournoi des 6 Nations, il était ainsi titulaire à l’aile avant de suppléer Clément Poitrenaud. Dix-sept minutes comme maigre expérience internationale en position de quinze… Ceci n’empêche pas Marc Lièvremont – qui a avoué dimanche de manière ironique ne pas être "à une contradiction près" - de le mettre à l’épreuve des chandelles argentines.

Comme lors des dernières confrontations entre Français et Pumas, Felipe Contepomi pourrait abuser de jeu au pied. Le Briviste en est conscient et se sait attendu dans ce secteur, même s’il ne représente pas son principal point fort. "Je devrai m’exprimer sous les ballons hauts et rassurer mon équipe, promet Palisson. Au l’arrière, on doit se tenir prêt à évoluer contre toute forme de jeu. Et de toute façon, s’il y a des chandelles, il faudra être dessous…" A l’image de la formation briviste, il a réalisé des performances plutôt irrégulières en ce début de saison mais le staff des Bleus lui a apporté une belle marque de confiance avec cette titularisation. A lui de la saisir. "J’étais déjà heureux d’être maintenu dans les 23 car en ne jouant que trois minutes (à Nantes, NDLR), c’est difficile de se montrer. Là, je vais essayer de répondre à la confiance du staff."

"Je sais attendre mon tour"

Sa prestation sera d’autant plus observée que Jérôme Porical, aligné en quinze contre les Fidji, a marqué les esprits. "Il a réalisé un très bon match, reconnaît Palisson. Tant mieux, ce genre de performances permet d’avancer et tire le groupe vers le haut. Maintenant, je sais que je devrai aussi être performant." Surtout qu’avec Maxime Médard, absent contre l’Argentine, ou Clément Poitrenaud, titulaire à l’arrière l’an passé et pas retenu pour ces tests d’automne, la concurrence se fait rude. Le Briviste mise sur sa polyvalence et son état d’esprit : "Pour moi, arrière ou ailier, c’est pareil au niveau des sensations et des repères. Et tant que j’ai ce maillot sur le dos, peu importe le numéro… Même si je ne joue pas une minute comme ce fut le cas lors de la tournée dans l’hémisphère sud en 2009, je ne râle pas. Je suis patient et sais attendre mon tour." Raison de plus pour assurer quand il se présente.

Lorsqu’il foulera la pelouse de La Mosson, Alexis Palisson saura qu’il effectue peut-être ses premiers pas vers la prochaine Coupe du monde. "C’est évidemment dans un coin de ma tête même si j’essaye de ne pas trop me poser de questions, explique-t-il. A l’arrière et à l’aile, il y a encore des places à prendre et les prétendants présentent des profils différents. Le but est de se montrer performant en parvenant à trouver un équilibre collectif, à l’image de la Nouvelle-Zélande. Chez les Blacks, si l’on interchange des joueurs, on ne s’en rend même pas compte !" Voilà donc où se situe le véritable objectif du Corrézien samedi. Poitrenaud a été irréprochable durant le dernier Tournoi, Porical impressionnant contre les Fidji… Palisson doit prendre la relève sans que cela ne se remarque. "Je veux prouver au staff que je peux m’intégrer dans le système mis en place." Enfin, s’il a l’occasion de se mettre en évidence…