Le Nord encore pénalisé

Avec trois maigres succès en quinze rencontres, les nations de l’hémisphère nord n’ont guère brillé pour ces tournées d’été. Et c’est le moins que l’on puisse dire. Epuisés physiquement, présentant un état de forme des plus médiocres et une envie qui laisse des fois à désirer, elles ont offert un piètre spectacle et creusé un peu plus le fossé qui les séparent des équipes du Sud. Les Français, pour leur part, ont encaissés deux sévères gifles devant l’Afrique du Sud (42-17) et l’Argentine (41-13) et ruiné en quinze jours tout le crédit emmagasiné après un tournoi des 6 nations victorieux. "Il s’est produit ce que nous pressentions : les joueurs sont au bout du rouleur. Sur les deux matchs, ils ont complètement subi les évènements et sont dans une spirale de démission mentale," déplore dans Midi Olympique Emile N’Tamack, entraîneur des trois-quarts français. Cette faiblesse constatée au mois de juin, au bout d’une saison à rallonge, ne date pas d’hier. Depuis que le rugby est professionnel (1995), les exploits du XV de France lors de ces tournées d’été furent bien trop rares. Les chiffres sont même accablants : en 14 tournées, les Bleus n’ont glané que dix succès et un nul pour vingt défaites.

Retour des tournées à l’ancienne

Comment demander à des joueurs qui ne pensent qu’aux vacances après plus de dix mois de rugby à se surpasser pour de telles tournées ? D’autant plus que les nations du Sud sont en pleine possession de leurs moyens et se préparent activement au Tri-Nations début juillet. Il faut reconnaitre aussi que les Bleus obtiennent leur meilleur résultat lors de la première rencontre. La raison ? Pas forcément évidente mais les Tricolores surfent sur le peu d’influx de la saison du Top 14 qu’ils leur restent. Ensuite, ils craquent indéniablement et enregistrent la plupart du temps des défaites inquiétantes. Faut-il alors stopper ces tournées d’été ? Les instances fédérales ne le veulent en aucun cas.

En tout cas, après le mondial 2011 en Nouvelle-Zélande, la formule actuelle des tournées d’été va changer. Les joueurs auront droit au retour des tournées dites à l’ancienne. Un seul pays sera visité mais il faudra jouer beaucoup plus de matchs : trois test-matches auxquels s’ajouteront des rencontres en semaine. L’allègement du calendrier souhaité par les nations du Nord n’aura pas lieu. Et contrairement à toute logique, ces tournées devraient être encore plus lourdes à l’avenir. L’IRB n'a pas tenu compte de toutes les requêtes mis en avant et a même déjà établi un calendrier des tournées pour le XV de France: Argentine (2012 et 2016), Nouvelle-Zélande (2013 et 2018), Australie (2014) et Afrique du Sud (2017). Le pire est, semble-t-il, à venir.