Danty-De Allende et discipline : Meyer, l'ancien sélectionneur des Boks, donne les clés du match

  • Heyneke Meyer - Afrique du Sud
    Heyneke Meyer - Afrique du Sud
  • XV de France - Cameron Woki, face à l'Australie.
    XV de France - Cameron Woki, face à l'Australie.
  • Palette sur l'essai irlandais signé Mack Hansen.
    Palette sur l'essai irlandais signé Mack Hansen.
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XV DE FRANCE - Vainqueur des Sud-Africains samedi, l’Irlande a donné quelques indications sur comment battre les champions du monde. Les Bleus devront sans doute s’en inspirer pour rééditer la performance. Dimension physique, centre du terrain, jeu au pied : l’ancien sélectionneur Heyneke Meyer analyse avec nous les points clés de ce choc. Décryptage.

13 ans que les Bleus n’ont plus gagné face à l’Afrique du Sud. Au stade Vélodrome samedi (21h), Fabien Galthié et ses joueurs aspirent à mettre fin à cette longue période de disette. Pour ce faire, ils ont du longuement analyser la défaite des Boks en Irlande samedi dernier. De notre côté, nous avons également essayé de cibler les forces et les faiblesses des champions du monde, avec l’un des leurs et pas des moindres : l’ancien sélectionneur Heyneke Meyer.

L’Afrique du Sud, ce n'est clairement pas le pied. Face aux perches irlandaises, cela n’aura franchement pas été une réussite pour Willemse ni pour Kolbe. Avec seulement 40% de précision, on est bien loin des standards internationaux, et même professionnels. "À un tel niveau, vous avez besoin d'un spécialiste dans l'exercice du but. Dans les matchs serrés, ce sont souvent eux qui font la différence. Cheslin Kolbe peut devenir un spécialiste. Nous allons voir" expose l’ancien manager du Stade français. Et si Kolbe a à plusieurs reprises dépanner, ce n’est pas un buteur de la trempe des Pollard ou Steyn, pour ne citer qu’eux. Un tir au but peu fiable qui risque d’obliger les hommes de la pointe africaine à prendre beaucoup plus de pénaltouches. Et de s’appuyer sur une de leurs forces : la conquête.

Conquête et discipline : le b.a.-ba

"Contre l'Afrique du Sud, il faut pouvoir rivaliser à sa puissance sans être pénalisé. Sinon, elle va en touche et, forte d'un très bon alignement, c'est difficile de la contrer. Si vous n'y arrivez pas, c'est ensuite encore plus difficile de défendre sur les mauls qui s'enchaînent quasiment automatiquement" indiquait Meyer. En conquête, chacune des équipes a défendu son bifteck avec un 7/7 côté irlandais et 6/6 pour les Boks en mêlée. Concernant la touche, une perdue de chaque côté. Dans l'alignement, nous avons vu à plusieurs reprises les Irlandais attendre en bas et jouer la contre-poussée, les Bleus auront peut-être la même idée pour ne pas s'exposer à de trop grandes reculées. Si les triples champions du monde jouent dans l'avancée, grand danger pour le Coq.

"La France a une bonne mêlée et une bonne touche. La clé du match sera la discipline" affirme Meyer. Voilà d’ailleurs ici l’une des clés de la victoire irlandaise. Moins pénalisés (10 pénalités concédées) que les Boks (12), Van der Flier et les siens ont su respecter les consignes dans ce domaine. Et ça tombe bien, car les Bleus aussi en ont fait une de leur force majeure. À part le premier match contre l’Italie, les coéquipiers d’Antoine Dupont n’ont jamais commis plus de 9 fautes par match lors du dernier Tournoi. Ce constat fait, on pourrait donc s’attendre à une vraie bataille tactique.

XV de France - Cameron Woki, face à l'Australie.
XV de France - Cameron Woki, face à l'Australie.

"La bataille du centre sera terrible"

Et la titularisation de Faf de Klerk va en ce sens, puisque l’occupation et la pression aérienne sont ses domaines de prédilection. En titularisant le demi de mêlée à la longue chevelure blonde et en replaçant Kolbe sur l’aile et Le Roux à l’arrière, le message est clair : feu à profusion. "L'Afrique du Sud est bonne dans le jeu au pied courant. Si elle n'avance pas au bout de 2, 3 temps de jeu, c'est Faf de Klerk qui effectue des jeux au pied de pression. Et il le fait très bien. Ses arrières montent vite et mettent la pression sur le receveur. Ils ont rivalisé dans ce secteur contre l'Irlande, ce n'est pas rien !" explique Meyer. Le triangle arrière et le demi de mêlée Boks devraient sans doute user et abuser du jeu au pied. Ramos, Penaud et Moefana sont prévenus et devront donc se tenir prêts.

Tout comme Jonathan Danty et Gaël Fickou, mais dans un registre bien différent. Les centres français devront contenir les coups de boutoir de leur vis-à-vis Damian De Allende. Face à l’Irlande, les statistiques sont parlantes : 11 courses, 5 défenseurs battus pour… deux passes ! Heyneke Meyer nous détaille l’importance du trois-quart centre dans le jeu sud-africain : "Damian De Allende est très important, c'est un joueur très utilisé, très solide. Il est responsable d'une partie des temps forts crées. Si vous n'allez pas le chercher tôt, et que vous lui laissez un peu d'espace, ça peut devenir très compliqué pour la défense. C'est un grand talent. Mais j'ai coaché Danty et Fickou également et ce sont deux joueurs solides aussi. La bataille du centre sera terrible." On a donc hâte !

Le deuxième essai irlandais : un modèle de contre

À la 48ème minute, l’Irlande a profité idéalement de deux erreurs sud-africaines. La première se trouve sur le coup de pied de pression de Gibson-Park. De Jager se fait piéger en tentant de contrer et le demi de mêlée irlandais peut donc ajuster avec tranquillité son jeu au pied. À la retombée, les Irlandais mettent une énorme pression sur le contre-ruck, ce qui provoque une seconde erreur avec la déstabilisation des soutiens springboks. Le ballon est hors du ruck à la 48:56 et c’est à la 49:14 que Mack Hansen aplatit. Entre temps, sept passes sont effectuées pour aller d’un côté du terrain à l’autre.

Palette sur l'essai irlandais signé Mack Hansen.
Palette sur l'essai irlandais signé Mack Hansen.

Il faut noter dans cette séquence, la montée en pointe synchronisée de De Allende et Kriel qui ouvre grand la porte à Gibson-Park. Profitant de sa vitesse par rapport à Kitshoff et Marx placés à son intérieur, il obligera du Toit à revenir grâce à sa course. La qualité technique de ses coéquipiers, à commencer par Beirne, amènera le ballon en bout de ligne après avoir bien fixé chacun leur tour jusqu’à Kolbe, le dernier défenseur. C’est ici un turnover parfaitement utilisé par le XV du trèfle et on sait que les Français adorent ce genre de situation, dont il faudra évidemment profiter si cela se présente.

Battre les champions du monde n’est pas anodin et il faut être quasiment parfait dans tous les secteurs pour réaliser une telle performance. Les Bleus en sont capables, ils l’ont déjà prouvé contre toutes les nations majeures de la planète. Le seront-ils à nouveau face aux champions du monde en titre ? Réponse ce soir.

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