Novès : "On ne grille pas un jeune"

Douze des trente-et-un joueurs qui composent votre liste principale n’ont jamais évolué sous vos ordres. Est-ce une volonté de rebattre les cartes à deux ans de la Coupe du monde ?

Guy Novès : "Ce n’est pas une volonté mais une logique implacable compte-tenu, dans un premier temps, des blessés. Prendre Anthony Belleau parce que Camille Lopez s’est gravement blessé, ce n’est pas une volonté car j’aurais préféré que Camille reste avec nous. Il y a aussi la performance des uns et des autres. L’équipe de France n’appartient à personne et les bonnes prestations des uns et les moins bonnes des autres, les tests physiques, ce que nous avons fait depuis deux ans…tout ça fait que c’est maintenant ou jamais. Il faut voir les derniers joueurs que nous pouvons voir de manière à pouvoir aborder la dernière ligne droite dans les deux ans à venir avec ce qui se fait de mieux en France, hormis les blessés."

Est-ce un vrai plus pour vous de pouvoir sélectionner et voir à l’œuvre autant de joueurs pour ces quatre tests ?

G.N. : "Oui, vraiment car on pourra enfin voir l’étendue de notre rugby français, ses points forts et ses lacunes. Ses points forts car nous avons des joueurs de talent et ses lacunes car quand on sort cinq troisième ligne sur blessure, on se rend compte que cela devient dramatique de sélectionner des garçons capables d’évoluer à ce niveau-là. On voit bien aussi que, dans certains clubs, quand il y a des blessés, leur démarche première est de se tourner vers des jokers médicaux étrangers et non des jeunes français qui montent."

Quoiqu’il arrive dans cette Tournée, ces jeunes ne seront jamais grillés

N’êtes-vous pas inquiet à l’idée d’aligner des joueurs inexpérimentés comme Anthony Belleau (21 ans) ou Judicael Cancoriet (21 ans) contre la Nouvelle-Zélande ou l’Afrique du Sud ?

G.N. : "Je ne sais pas si ça me tarde, mais j’ai envie de voir ces jeunes joueurs se confronter à ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle au rugby. Pour être évalué, c’est le bon moment. Pour l’anecdote, j’ai disputé mon premier match avec le XV de France contre la Nouvelle-Zélande à Toulouse. Voyez, on peut donc être très jeune et jouer les Blacks ! Même si les générations ont changé, je me dis que c’est encore possible."

N’y a-t-il pas un risque de griller quelques jeunes joueurs ?

G.N. : "On ne grille pas un jeune ! On est beaucoup plus tolérant avec lui qu’avec un ancien. Quoiqu’il arrive dans cette Tournée, ces jeunes ne seront jamais grillés, ils n’ont rien à perdre."

Vous avez intégré Mathieu Bastareaud dans votre liste principale de 31 joueurs. Vous a-t-il enfin convaincu ?

G.N. : "J’ai longuement parlé avec son entraîneur Fabien Galthié pour savoir comment il était dans sa tête. Sur le terrain, on voit tous ses belles performances avec Toulon et je ne vois pas pourquoi je ne l’aurais pas pris à partir du moment où il est bon. Est-ce qu’il le sera avec nous au plus haut niveau ? On le verra. Il est déjà dans les 31, ce qui est une très bonne nouvelle. Il jouera un des matchs, c’est certain. Maintenant, la confrontation en club et celle au plus haut niveau, c’est différent et c’est là où Mathieu aura des choses à prouver."