Genia : "On veut marquer les esprits et réaliser le Grand Chelem en Europe"

Will, il y a un an, l’Australie signait une Coupe du monde remarquable avec un niveau de jeu salué par tous. Avez-vous le sentiment d’avoir conservé cette dynamique ?

WILL GENIA : C’est vrai qu’on ne nous attendait peut-être pas à ce niveau-là même si je me rappelle qu’on avait remporté le Rugby Championship en battant notamment les All Blacks (27-19). On sentait que le groupe commençait à devenir solide et pouvait faire de belles choses. Aujourd’hui, de nouveaux joueurs ont intégré le squad. Notre façon de jouer a un peu évolué et les gars doivent encore trouver leurs marques avec ce nouveau système. Il leur faut acquérir de l’expérience sur les grands rendez-vous même si on a réussi de très belles performances dernièrement face aux All Blacks (défaite 37-10) ou au pays de Galles (victoire 32-8).

Justement, lors de votre dernier match face aux All Blacks, vous avez bousculé les Néo-Zélandais comme rarement. Au-delà de votre frustration, cette rencontre a-t-elle été un déclic ?

W.G : Mentalement, ça nous a donné beaucoup de confiance. On a vu que pendant soixante minutes, on pouvait vraiment rivaliser et même dominer la meilleure équipe du monde. C’est sans doute l’un de nos meilleurs matches et tous les joueurs sont sortis de cette rencontre en se disant qu’on était en mesure de semer le doute dans la tête de nos adversaires. C’est un match qui va compter pour l’avenir.

Beaucoup de joueurs phares (Matt Giteau, Drew Mitchell, James O’Connor, Adam Ashley-Cooper) ne sont plus dans le squad des Wallabies. Leur absence est-elle un sérieux handicap ?

W.G : Au début, c’est vrai que ça n’a pas été évident à gérer. Leur influence dans la vie du groupe était vraiment grande et leur niveau de jeu nous permettait de faire des différences. Mais il y a des gars qui se sont révélés et deviennent peu à peu décisifs. Je pense à des mecs comme Dane Haylett-Petty ou Samu Kerevi. Ils ont encore beaucoup à apprendre mais ils sont la preuve que le réservoir des Wallabies reste important et peut faire grandir l’équipe.

Votre tournée de novembre s’annonce particulièrement éprouvante avec des tests contre le pays de Galles (8-32), l’Ecosse (22-23), la France, l’Irlande et l’Angleterre. Mentalement et physiquement, n’avez-vous pas peur de craquer ?

W.G : Au contraire, nous sommes vraiment excités par ce challenge. Juste avant d’arriver en Europe, on s’est dit qu’il fallait réaliser quelque chose de grand. C’est une opportunité qu’il faut saisir. On veut marquer les esprits et réaliser le Grand Chelem. L’équipe a l’occasion de rentrer dans l’histoire. Il y a vraiment une pression positive dans le groupe.

Les gens ont enterré l’équipe de France un peu vite

Le XV de France a réalisé une Coupe du monde désastreuse et cherche encore à se reconstruire. Quel regard portez-vous sur cette équipe ?

W.G : C’est sûr que c’est une équipe dans une phase de transition. Quand on perd des joueurs comme Frédéric Michalak ou Thierry Dusautoir qui ont incarné cette équipe pendant des années, c’est compliqué d’être tout de suite performant. Il y a de jeunes joueurs comme Jules Plisson (son coéquipier au Stade français, ndlr). Quand je regarde les joueurs français dans le Top 14, je me dis que les talents sont là même si ce ne sera pas facile pour eux. L’intensité est plus grande dans le Super Rugby qu’en Top 14 mais ces tests sont l’occasion d’élever leur niveau jeu.

Beaucoup considère que le XV de France ne fait plus partie des meilleures nations mondiales. Partagez-vous cette analyse ?

W.G : Je ne suis pas d’accord. Tout le monde sait que si les joueurs de l’équipe de France sont au top, ils peuvent battre n’importe qui. Les conditions ne sont pas toujours réunies. J’en ai pris réellement conscience en arrivant au Stade français. Mais avec une bonne préparation, les Français n’ont aucun complexe à faire. Les gens ont enterré cette équipe un peu vite.

Vous avez perdu vos deux derniers matches en France (2012 et 2014). Pensez-vous que cette rencontre puisse être un piège pour l’Australie ?

W.G : Vous l’avez dit, les résultats sont là pour nous rappeler qu’on ne s’imposera pas si on prend ce match à la légère. Je préfère me souvenir de notre victoire en 2010 (16-59). C’était une belle soirée, non (sourire) ? Mais l’équipe de France sait nous faire mal sur le plan physique. Ça tape fort. Et la mêlée est souvent impressionnante. Il ne faudra surtout pas sous-estimer cette équipe.