On s'en souvient encore

. DEMI-FINALE COUPE DU MONDE 1987
21 juin 1987
Sydney
Victoire de la France, 30-24

Plus qu'un match, un mythe. Un sommet de jeu et d'enjeu, véritable acte fondateur de la Coupe du monde, qui célébrait alors sa première édition. Chez elle, à Sydney, l'Australie part largement favorite de cette demi-finale mondiale. Certes, les Français ont réussi le Grand Chelem mais en ce mois de juin, ils cafouillent leur rugby aux Antipodes: un nul laborieux contre l'Ecosse en phase de poule puis un quart de finale victorieux mais mal maitrisé face aux Fidji n'augurent rien de bon.

Mais les Bleus vont se transcender au meilleur moment. Menés 9-0, ils recollent juste avant la pause grâce à un essai rageur du pompier Alain Lorieux. Le chef d'oeuvre peut alors débuter. La seconde période, merveilleuse, voit les deux équipes procéder à un incessant chassé-croisé au score. Les hommes de Jacques Fouroux ajoutent deux essais, par Sella et Lagisquet, auxquels répondent les Wallabies par l'intermédiaire de Campese et Crocker.

A deux minutes de la fin, Michael Lynagh croit offrir la victoire aux Wallabies. Sa pénalité porte le score à 24-21. Dans la foulée, Didier Cambérabéro, en état de grâce dans son rôle de buteur, remet les deux équipes à égalité. La prolongation se dessine... avant l'action la plus folle de l'histoire du rugby. Un essai du bout du monde, comme on l'appellera. Les Français relancent de leur camp. Le coup de pied de recentrage de Patrice Lagisquet fait paniquer les Australiens. La cavalcade est lancée. Charvet chevauche. Il est repris sur les 22m. Berbizier renverse le jeu. Lagisquet, encore lui, en remet une couche. Puis c'est Laurent Rodriguez, dont l'arbitre ne voit pas le petit en avant, qui place Serge Blanco sur orbite. Au prix d'une course folle, le génial arrière de Biarritz va marquer en coin. La France tient son exploit. Par son intensité, son dénouement et son esthétisme, ce match reste, plus de 20 ans après, comme le plus pur joyau de l'histoire de la Coupe du monde.

. TEST MATCH 1990
30 juin 1990
Sydney
Victoire de la France, 28-19

En ce début d'été 1990, le XV de France dispute trois tests en Australie. Il perd le premier (quelconque) à Sydney, 21-9, et le deuxième (superbe) à Brisbane, 43-31. Pour cette ultime confrontation, à nouveau à Sydney, Daniel Dubroca lance notamment Philippe Saint-André (qui n'avait alors qu'une cape à son actif, face à la Roumanie, à l'aile) et deux piliers encore inexpérimentés, le Biterrois Philippe Gallart et le prometteur dacquois Dominique Bouet, encadrés par le grand Louison Armary. Mais le grand bonhomme de ce match sera Didier Cambérabéro. C'est lui qui ouvre la marque, d'un essai, dès la deuxième minute.

Les Français mènent d'une courte tête (12-13) à la mi-temps. Mais à la reprise, ils perdent Gallart, expulsé. L'Australie reprend d'ailleurs les commandes (19-16), avant le feu d'artifice final, signé Cambérabéro (une pénalité, un drop, une transformation) et Mesnel (un essai à la dernière minute). Avec trois drops dans ce match, Cambé égale le record de Pierre Albaladéjo et Jean-Patrick Lescarboura. Les Bleus rentrent au pays le coeur léger. Mais sur le chemin du retour, lors d'une escale à Nouméa, la tragédie vient frapper le camp tricolore. Dominique Bouet décède brutalement dans la nuit. Il avait 26 ans.

. FINALE COUPE DU MONDE 1999
6 novembre 1999
Cardiff
Victoire de l'Australie, 35-12

12 ans après l'inoubliable demi-finale de Sydney, Australiens et Français se retrouvent, cette fois en finale, et sur terrain neutre, à Cardiff. Les Bleus rêvent d'aller au bout. Ils restent sur un formidable exploit face aux All Blacks, en demi-finale. Ils ne le savent pas encore, mais c'est aussi en terrassant les Néo-Zélandais qu'ils ont perdu leur finale. Comme en 1987, ils ont joué, et gagné, leur finale un tour top tôt... Emoussés physiquement et mentalement, ils vont se heurter au mur australien au Millennium. Pragmatiques, dépourvus de faille, les Wallabies vont user les Français comme ils ont éreinté tous leurs précédents adversaires.

Le XV tricolore fait illusion pendant les 40 premières minutes. Christophe Lamaison ouvre le score dès la 2e minute. Le premier acte est fermé. A un quart d'heure de la pause, l'égalité est parfaite (6-6). Mais l'Australie, imperceptiblement, tisse sa toile. Elle vire en tête (12-6) et l'on pressent, déjà, que l'équipe de France n'a plus les moyens de répondre. Au pied, Burke creuse un écart de plus en plus conséquent (21-6 à l'heure de jeu) avant le coup de grâce, sous la forme de deux essais signés Ben Tune et Owen Finegan. Le score final, 35-12, est sévère pour une XV de France exsangue. Un rêve est passé. La fête est finie. Les héros étaient trop fatigués...

. TEST MATCH 2005
5 novembre 2005
Marseille
Victoire de la France, 26-16

Automne 2005. A mi-chemin entre une demi-finale de Coupe du monde perdue face à l'Angleterre et un autre rendez-vous mondial, à la maison cette fois, l'équipe de France de Bernard Laporte oscille entre espoirs et incertitudes. Ce mois de novembre va lui apporter quelques raisons d'y croire, puisque les Bleus vont remporter leurs quatre matchs. L'Australie sera sa première victime, dans un stade Vélodrome chauffé à blanc. Avec la charnière Elissalde-Michalak à la baguette, la France maitrise son sujet, en s'appuyant sur une défense irréprochable. Les Wallabies ne trouvent qu'une seule fois l'ouverture, dans les arrêts de jeu. A cette anecdotique exception, les vice-champions du monde n'ont jamais pu trouver la faille. Les Tricolores marquent deux essais, par Cédric Heymans et Rémy Martin. Réaliste et rigoureux, ce XV de France là semble en mesure de concrétiser ses rêves planétaires. On connait la suite. A ce jour, c'est la dernière victoire française face à l'Australie.