Des Boks sans ressources

Par Rugbyrama
  • afrique du sud 2009
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A peine rentré au pays, le sélectionneur sud-af' Peter de Villiers en a profité pour pousser un cri d'alarme. "2009 a été une saison très longue. Il est évident que beaucoup de joueurs sont au bout du rouleau aussi bien physiquement que mentalement". Explications.

"Entre le Super 14, la série des Lions, les Tri-Nations, la Currie Cup et cette tournée, certains gars ont joué plus de 2000 minutes cette année. Il va falloir qu'entre la sélection et les provinces, nous adoptons une position commune au risque autrement de mettre la santé des joueurs en danger. Afin de se donner toutes les chances de succès en 2011, nous devrons les préserver et leur concocter un programme d'entraînements et de matchs sur mesure en 2010", explique le sélectionneur

Après une saison 2009 particulièrement éprouvante, les Springboks ont terminé leur tournée sur les rotules et n'ont pu défendre correctement leurs chances lors de la tournée d'automne. Leur bilan face aux nations européennes est famélique. Sur les trois test-matchs qu'ils ont disputés, ils n'ont remporté qu'un seul succès. C'était face à une bien modeste équipe italienne à Udine le 21 novembre dernier. Dominée tour à tour par la France et l'Irlande, l'Afrique du Sud n'a même pas eu les armes nécessaires ni les ressources suffisantes pour remporter ces deux matchs en semaine contre Leicester et les Saracens.

Cette tournée européenne complètement manquée a remis en exergue les carences de cette équipe que le succès dans les Tri-Nations avaient eu tendance à masquer. Effacer complètement. Les partenaires de John Smit ont de nouveau démontré qu'une fois muselés devant, ils n'avaient pas de solution de rechange, de plan B. Ils ne savaient pas jouer autrement qu'en rentrant dans le lard de leurs adversaires. Sans pouvoir prendre la pleine mesure physique de leur opposants, ils redevenaient de simples mortels, à qui la notion de défaite n'était pas étrangère. La brutalité physique a toujours été et restera toujours l'un des piliers du jeu des Springboks. Il ne s'agit pas aux Sud-Africains de renoncer à ce qui a fait la force ni la fierté de son équipe nationale. Mais les joueurs de De Villiers doivent bien prendre conscience que sans un minimum d'attention à porter au jeu d'attaque, ils connaîtront de nouvelles désillusions.

Figés sur leurs certitudes

D'évidence, le jeu des Boks a très peu évolué depuis la dernière Coupe du monde. Après avoir un temps cherché à développer un jeu plus ambitieux - une volonté de changement honorable mais sanctionnée de résultats catastrophiques dont une dernière place dans les Tri-Nations 2008 – les Sud-Africains sont revenus à ce rugby basique qui leur avait permis de soulever le Trophée Webb Elis en 2007. A savoir une stratégie un peu frileuse car basée uniquement sur la force bestiale de son paquet d'avants et le fort rendement d'un buteur au coup de pied éléphantesque.

Forts de leur orgueil démesuré, les Sud-Africains semblent s'être figés sur leurs certitudes. Sans pour autant voir s'apercevoir que les autres nations avaient, elles de leur côté, bien évolué. Avec un John Smit repositionné en pilier droit, leur mêlée a explosé en plein vol face aux Français. La seule fois où leur édifice n'a pas chancelé contre l'Irlande, c'est quand Smit est repassé au talon, laissant ainsi à BJ Botha le soin de consolider le côté droit. La domination sans faille des Boks dans le secteur de la mêlée semble faire aujourd'hui belle et bien appartenir aux images d'Épinal. Peter de Villiers doit désormais se poser les bonnes questions de savoir s'il doit mettre l'explosif Bismarck du Plessis sur le banc et remettre Smit au talonnage. Ce qui semble être le sacrifice évident si les Springboks veulent un tant soi peu retrouver leur leadership et de l'assise en mêlée fermée.

Autre domaine jadis réservé dans lequel les Boks ont flanché cet automne, la touche. Face à l'Irlande, l'alignement sud-africain a été réduit en miettes et ses combinaisons été parfaitement décryptées. Lors de la conférence de presse d'après-match, Victor Matfield s'est même dit surpris que les Irlandais soient capables de comprendre leurs annonces en Afrikaan. C'est le risque auquel s'expose toute équipe lorsqu'elle n'a pas su (voulu) évoluer. Le deuxième ligne sud-africain avait juste oublié de dire que leurs combinaisons n'avaient pas été modifiées depuis la Coupe du Monde. Pour l'ancien entraîneur des avants boks sous Jake White passé depuis dans le camp irlandais, Gert Smal, ce fut un véritable jeu d'enfants que de les lire. Élémentaire mon cher Victor!

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