In bed with supporters

Par Rugbyrama
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Pour les supporters tricolores présents à Twickenham aussi, le rêve de Grand Chelem a viré au cauchemar. Venus triompher de l'ennemi anglais sur ses terres, ils ont été battus mais ne sont pas repartis abattus. Après tout, ce n'est que du rugby.

"On est chez nous," crie ce supporter tricolore, maillot des Bleus sur le dos, un coq dessiné sur la joue. Ça tombe bien, nous sommes dans "le poulailler" comme on dit, dans un virage de Twickenham, tout en haut, là où il est difficile de savoir qui fait quoi sur le terrain sans écran géant (et où les places coûtent quand même 80 euros).

Vous l'aurez compris, c'est le début du match seulement. Les supporters français, aussi arrogants probablement que l'auraient été leurs homologues anglais dans la situation inverse, crânent. Ils ont crié de tous leurs poumons, drapeaux levés et bérets ajustés, pour une Marseillaise émouvante quelques minutes plus tôt et semblent pétris de certitudes.

La première mi-temps leur donne plutôt raison. Les Bleus dominent, même s'ils ne marquent pas. Et ce ne sont pas les pauvres "Come on England" lancés par les quelques (fous de) supporters anglais présents dans cette partie (française) de la tribune qui impressionnent les supporters tricolores. Une banda, à quelques mètres, se charge de mettre de l'ambiance.

Le Paquito, l'hymne de la Peña Baiona et la Pitxuri résonnent. Tous, sous leurs perruques et leurs "bonnets-coqs", chantent en choeur. On rugit de bonheur pour les premiers points inscrits sur pénalité par Skrela à la 4e. On trépigne, on hurle et on vocifère quand Ibañez commet un en-avant sur la ligne d'en-but anglaise. C'est le cas notamment de Thierry, fan de la première heure avec son maillot tricolore frappé de son nom, qui se lève et gueule un truc incompréhensible sous les yeux étonnés de Michèle (maillot bleu frappé de son nom elle aussi), sa femme probablement. Seul Jean-Pierre Garuet, l'ancien pilier tricolore dans le poulailler lui aussi, reste de marbre sous sa moustache.

"Pas bien beau"

9-12. C'est la mi-temps. Les supporters français, confiants mais un peu refroidis par le manque de réalisme de leur équipe, quittent leur siège pour aller faire une queue de vingt mètres aux toilettes, prendre une bière ou en griller une (il est interdit de fumer en tribune désormais). Jean-Pierre Garuet se fait photographier avec quelques supporters pendant ce temps.

Très vite, on reprend sa place pour ne pas rater le coup d'envoi de la deuxième mi-temps. Et là, les choses ne se passent plus comme prévu. Les "Allez les Bleus" cèdent peu à peu leur place aux "Swing Low, Sweet Chariots" tandis que l'équipe de France coule sous les intentions du XV de la Rose. Flood inscrit le premier essai des siens, à la 49e. Une Anglaise, téméraire, lance un grand "Nous, on avait mérité ça!" dans un français triomphant et presque impeccable. Yachvili, par une pénalité, relance l'espoir et les chants en tribune en redonnant l'avantage aux Français 16-18 à la 58e. Mais Geraghty enquille lui aussi. Les plus optimistes continuent à pousser derrière leur équipe mais le coeur n'y est plus. Thierry (l'homme au maillot) se tape la tête contre son siège à l'occasion du (superbe) deuxième essai anglais... Et le match se termine dans un Twickenham bercé par un "Swing Low Sweet Chariots" enivrant. C'est fini. Les supporters des Bleus font profil bas. "C'était pas bien beau, avoue l'un d'eux un verre de bière à la main. Mais on s'en fout, on va noyer la défaite!" Au moins, on n'est pas tous mauvais perdants.

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