Dominici: "Cette équipe a une âme"

CHRISTOPHE DOMINICI, comment avez-vous réussi à inscrire cet essai somptueux?

C.D: Une fois que l'intervalle se crée, il faut s'y engouffrer. Nous étions énervés d'avoir manqué le début de la rencontre. Notamment moi. J'ai raté un plaquage sur le troisième ligne avant qu'il ne marque (Popham). La révolte a été collective et tant mieux. C'était vraiment important. Nous étions dans une situation difficile mais nous n'avons rien lâché. Il y a eu beaucoup d'orgueil et un vrai esprit de révolte. Cela démontre que cette équipe a du tempérament. Ensuite, nous les avons maîtrisés de bout en bout.

Vous n'avez jamais paniqué?

C.D: Je pense que nous aurions perdu ce match là il y a quelques saisons. Et même par un gros écart. Nous aurions voulu jouer et nous aurions été contrés. Ce qui sépare les Néo-Zélandais et les autres, dont nous, c'est que dans leurs temps faibles, ils ne prennent pas beaucoup de points. Ce n'est pas notre cas. Mais ce que nous avons réussi à faire samedi reste très positif.

Trois matches, trois victoires, la confiance s'accumule...

C.D: Oui, c'est vrai. Nous sommes la seule équipe encore en course pour le Grand Chelem. Depuis 2003, nous avons globalement joué de bons Tournois. C'est important de marquer l'Europe une nouvelle fois cette année avant d'attaquer la Coupe du monde. Il nous reste à marquer les esprits contre l'hémisphère sud. Ce qui est bien, c'est que tous nos matchs ont été différents. Entame ratée, entame réussie,... l'équipe réagit et collectivement. Et lorsque le collectif tourne bien, des individualités s'en extraient.

Pourquoi prenez-vous davantage la parole qu'auparavant, tant sur le terrain qu'en dehors? Etes-vous le relais de Bernard Laporte?

C.D: Je ne sais pas si je suis un relais. Ce sont les situations et les opportunités qui me font plus parler. Mais ce n'est pas nouveau. Quand on a l'expérience, c'est plus facile. Les jeunes ont tendance à s'éparpiller et sortir de leur match. Avec l'expérience, on arrive à gérer ces moments là, c'est-à-dire en étant plus expressifs dans les vestiaires. C'est un équilibre que peuvent apporter les leaders au reste du groupe.

Contrairement aux Anglais qui sont reviennent en clubs pendant les relâches, vous êtes restés ensemble. Est-ce primordial?

C.D: Quand une équipe prend le temps, elle crée des liens, elle devient beaucoup plus soudée et enthousiaste. L'équipe a une âme et ce n'est pas pour rien. Si on veut avoir une grande équipe de France, qui s'exprime au plus haut niveau, il faudra qu'elle passe beaucoup de temps ensemble. C'est ce que font les Blacks. Ils sont performants parce qu'ils ont du talent mais aussi parcequ'ils ont une âme. C'est ce que l'ont fait nous, aujourd'hui.

Comment se passe la concurrence dans le groupe élargi?

C.D: Tous les joueurs savent qu'ils ont une carte à jouer en vue de la Coupe du monde. Ils ont tous envie d'y être et c'est bien normal. Malheureusement, il y aura des choix à faire. Ce sera terrible pour les dix qui ne seront pas retenus mais cela fait partie du sport de haut niveau.