Simon quitte Provale mais donne un coup de pied dans la fourmilière

  • Serge Simon a passé la main pour la présidence de Provale
    Serge Simon a passé la main pour la présidence de Provale
  • Serge Simon, président de Provale - Photo : Pressport/PROVALE
    Serge Simon, président de Provale - Photo : Pressport/PROVALE
  • Serge Simon durant le match France-Italie - 9 février 2014
    Serge Simon durant le match France-Italie - 9 février 2014
Publié le Mis à jour
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Alors qu’il vient de laisser sa place à Robins Tchale-Watchou, Serge Simon, président de Provale de 2012 à 2014, dresse un bilan de son mandat. Et l’ancien pilier regrette de ne pas avoir redonné un élan militant et politique à l’Union des Joueurs de Rugby Professionnels…

Est-ce que votre mandat à la tête de Provale a été facile ?

Serge SIMON: Il n’a pas été facile parce que je suis arrivé avec un Comité directeur qui était fixé. Ce n’était pas mon équipe. Mais il y avait un objectif précis: assurer la pérennité de la structure. Ça a été un peu plus compliqué que prévu (rire). On peut se réjouir de quelques avancées comme l’arrivée des filles dans l’Union des Joueurs. Je suis très fier d’avoir ouvert une brèche. Robins (Tchale-Watchou NDLR) creuse désormais le sillon. On se demande toujours pourquoi on n’y a pas pensé avant. Je le disais aussi, il s’est passé une révolution avec la limitation du nombre de matchs. Comment ne pas imaginer que le fait d’insister durant six ans auprès de Serge Blanco n’ait pas influencé les discours ? Il n’y a pas de solutions du calendrier français. J’y ai cru pendant des années mais chacun est campé sur ses positions. Et comme il n’y a personne pour dire 'ça suffit, la récréation est terminée'… On est petit peu contributeur de cette limitation des matchs dans une saison. Maintenant, ça va être très compliqué à mettre en œuvre dans le climat actuel.

Vous avez beaucoup œuvré sur la santé des joueurs…

S.S: On a beaucoup œuvré sur la prise de conscience du problème des commotions cérébrales. On est rentré dans une autre ère. On ne verra plus les images catastrophiques de Florian Fritz. Tout le monde est sensibilisé. L’an dernier, il s'est produit une petite vingtaine de commotions cérébrales. On n’est pas dans une situation quasi parfaite mais on est sur la bonne voie.

Serge Simon, président de Provale - Photo : Pressport/PROVALE
Serge Simon, président de Provale - Photo : Pressport/PROVALE
Robins aura une puissance d'écho bien plus forte que la mienne

Vous n’avez aucun regret ?

S.S: C’est un point négatif à mettre sur mon bilan: je regrette vraiment de ne pas avoir redonné un élan militant et politique au syndicat. Mon modèle est le sport professionnel américain, en tout cas de ce point de vue-là avec la capacité des mecs à peser sur les décisions. Et ce n’est pas une question d’idéologie politique. Les mecs savent très bien que c’est dans leur intérêt et qu’il faut le défendre. Je pars avec l’idée que cette vision ne s’est pas assez implantée. Je n’ai pas su l’insuffler et c’est dommage. Mais je pense que Robins, qui partage la vie des joueurs, aura une puissance d’écho bien plus forte que la mienne.

Avez-vous été déçu par ce monde du rugby qui se montre souvent figé ?

S.S: Oui, on est frustré surtout quand on est du mauvais côté du manche et que l’on n’a pas le pouvoir politique. On a qu’un représentant sur les 18 voix du comité directeur de la LNR et aucune voix à la FFR. Ce n’est pas de l’aigreur. Mais ça dépend des joueurs. Je me tourne vers eux ! Si vous voulez être entendus, vous serez entendus. Encore une fois, quand les Américains doivent faire six mois de lock out, ils font six mois de lock out. Ils ont compris que le rapport de force doit passer par là. Il n’y a pas d’autres solutions. Quand ils le voudront, ils le feront. J’y crois ! Je ne vois pas pourquoi les Français on serait plus con (sic) que les autres.

Dans le New Deal, il y a tout sauf les joueurs

Quels sont les grands enjeux du rugby de demain ?

S.S: Il va falloir ouvrir un grand chantier autour d’un rugby au développement durable. Il faut préserver la ressource. Aujourd’hui, elle semble infinie parce que notre championnat est le plus attractif du monde. On pète des mecs, on fait venir des Georgiens, des Fidjiens, des Tongiens… Sur le principe, c’est inique ! On ne parle pas de marchandise ! Il faut arrêter. Et on peut imaginer que le Top 14 ne sera pas toujours le plus attractif du monde. Dans les dix, quinze ans, que veut-t-on pour nos joueurs au niveau santé, mental, capacité de réinsertion… Je suis interpellé par les Iliens qui dégringolent de divisions et plongent dans une détresse terrible. On se fout d’eux. A terme, il y aura un déchet humain terrible. Je l’ai dit à Paul Goze: dans le New Deal, il y a tout, sauf les joueurs. La concertation avec les instances a ses limites. Il faudra peut-être passer par un rapport de force.

Serge Simon durant le match France-Italie - 9 février 2014
Serge Simon durant le match France-Italie - 9 février 2014
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