Bonneval: "Allez, vas-y ! Accroche toi!"

Plus de quatre mois après votre blessure avec le XV de France (le 21 juin contre les Wallabies, ndlr), comment vous sentez-vous ?

Hugo BONNEVAL: Ecoutez, ça va. Ça suit son cours. J’ai repris la musculation du haut du corps avec le club et je suis toujours la rééducation au quotidien. Ça progresse doucement. De toute façon, dès l’opération (le 7 juillet), on m’avait prévenu. Je prends mon mal en patience. Je bosse de mon mieux pour revenir vite mais il y a des check-point médicaux à passer et on ne peut pas les accélérer. Je suis parti le 13 octobre au CERS de Saint-Raphaël pour me changer un peu les idées. Ce n’est pas facile à Paris de voir tout le monde s’entraîner, courir, être dans le dur et rigoler. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je me sens passif. Je n’ai pas toutes les cartes en mains. Je dois surtout faire attention à ne pas avoir de douleurs.

C’est la première fois que vous êtes confronté à une telle blessure. Mentalement, vous la surmontez ?

H.B : J’espère surtout que c’est la première et dernière fois que je me retrouve comme ça (sourire). L’été n’a pas été facile. On subit les choses. Je ne sais pas trop comment la suite va se dérouler. Je suis un peu dans l’inconnu même si j’en ai parlé à Jérémy Sinzelle (victime d’une grave blessure ligamentaire au genou la saison passée, ndlr) et Vincent Clerc (touché aux ligaments croisés du genou droit en avril 2013, ndlr) pour avoir plus des détails. C’est d’ailleurs lui qui m’a conseillé d’aller à Saint-Raphaël. Il a vraiment été cool. Après, mentalement, c’est à l’appréciation de chacun. Au début, tu es dans l’impasse. On va voir si j’ai du caractère. Ça peut faire grandir. Mais seul le terrain le montrera.

Dans un coin de ma tête, je pense à la Coupe du monde

Est-ce que vous vous êtes fixé une date de retour ?

H.B : (il coupe) Bien sûr que j’y pense ! C’est ce qui me fait me lever tous les matins pour me dire : "Allez, vas-y ! Accroche toi !" Sinon, je pourrais rester deux ans à ne rien faire. Ce n’est pas le but. Ça ne fait jamais plaisir quand on te dit que tu vas être au frigo pendant huit mois. Mais en discutant avec les médecins, on a convenu que je pourrais faire mon retour en février, début mars. Mais je ne sais pas comment mon corps va réagir.

Avant votre blessure, le staff du XV de France avait loué vos qualités. Pensez-vous encore à la Coupe du monde 2015 (18 septembre - 31 octobre) ?

H.B : J’aimerais vous dire que je n’y pense pas mais… (à voix basse) c’est indéniable, dans un coin de ma tête, j’y pense. Mais je n’ai aucune légitimité. Rien n’est fait. C’est frustrant. Tout se passait bien. Tu joues, tu progresses. Tu avances dans ta carrière et il y a ce coup d’arrêt. Ça va être compliqué. Il faudra passer par tout un tas d’étapes. Je vais devoir retrouver ma place à Paris où les joueurs marchent bien. Il faudra que je sois au minimum aussi bon qu’avant ma blessure. Elle doit me permettre de progresser. J’ai tout à retrouver et à prouver.