McCaw, ou la douleur d'une victoire en Coupe du monde

Par Rugbyrama
  • Richie McCaw - 23.10.2011
    Richie McCaw - 23.10.2011
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Richie McCaw, dans un entretien au Daily Telegraph, raconte combien la victoire des Blacks en 2011 fut à ses yeux un effort "sacrément horrible", exempt de plaisir, seulement de fierté. Ce qui n'est pas exactement la même chose... Le troisième ligne néo-zélandais va s'offrir un break de six mois pour s'aérer l'esprit.

Richie McCaw ne sait pas s'il sera là en 2015 pour regagner la Coupe du monde avec la Nouvelle-Zélande et construire plus encore sa légende. Quand un journaliste du Daily Telegraph lui a demandé, samedi, s'il n'avait pas envie de ça pour être considéré comme le plus grand joueur de tous les temps, le troisième ligne a répondu : "Ce serait pas mal non? Mais je ne sais pas si c'est réalisable. De l'eau va couler sous les ponts. Si je joue encore et que les entraîneurs pensent que je suis le joueur adapté à la situation, il n'y a pas de raison que ça n'arrive pas." Il y pensera plus tard. Beaucoup plus tard. A 31 ans, Mc Caw a besoin de souffler et de libérer son esprit de la souffrance du rugby de haut niveau. Souffrance : le mot est lâché. Il n'est pas trop fort à la lecture de ses déclarations au quotidien anglais.

Auteur d'une autobiographie intitulée The Real McCaw (Aurum Press), le capitaine des Blacks s'est livré, dans le cadre de sa promotion, à un témoignage d'une rare intensité sur l'aventure qui l'a conduit à remporter la deuxième Coupe du monde de l'histoire de la Nouvelle-Zélande sur son sol, il y a un an. Dans un article intitulé "De la douleur, est venu le plaisir", McCaw raconte au Telegraph : "Avant la Coupe du monde, j'avais dit que je voulais en profiter, prendre du plaisir. Mais arrivé à mi-chemin, je me suis rendu compte qu'il était impossible d'y prendre du plaisir et je me suis juste dit : 'Tout ce que je veux, c'est que ce soit fait'. Le plaisir, c'est un drôle de mot. Les gens regardent un match de rugby et pensent vous y prenez vraisemblablement du plaisir. Mais sur le terrain, par moments je n'en prends clairement aucun. Et c'est même sacrément horrible. ('bloody horrible')."

"Pas des moments agréables"

Victime notamment d'une blessure au pied droit qui l'a empêché de jouer avec tous ses moyens, le troisième ligne enchaîne : "Avec le recul, il y a eu des moments horribles pendant le tournoi. Mais après ça, les gens vous tapent dans le dos et le bonheur arrive. Ce ne furent pas des moments agréables, mais on regarde ce qui s'est passé avec beaucoup de fierté. C'est bien de l'avoir fait. A la toute fin, c'était une bonne sensation. Et si on veut le refaire, il faut s'assurer d'une chose : que nous aurons le même désir et la même volonté qu'alors."

Richie McCaw explique notamment que la défaite en quart de finale en 2007 à Cardiff contre la France aurait pu le conduire à ne pas repartir au combat ("Suis-je le capitaine qu'il faut?"). Au lieu de quoi, il a puisé dans cette expérience les ressources qui ont permis à la Nouvelle-Zélande de se surpasser. "Chaque équipe qui a gagné la Coupe du monde est passée par des moments où elle sait que son destin aurait pu tourner différemment. Nous n'avions pas eu ce sentiment en 2007. En 2007, je regardais les gars sur le terrain et ils n'en revenaient pas. Je n'ai pas ressenti ça quatre ans plus tard. A vingt minutes de la fin, je me disais : 'ça se passe comme prévu'. Les joueurs ressentaient exactement la même chose que moi. Nous n'avions qu'une idée en tête : 'on finit le job maintenant'."

De cette période folle, reste cependant la sensation d'un épuisement psychique qui va pousser McCaw à un break de six mois. Après les tests de cet automne, Mc Caw partira "là où on ne joue pas au rugby, là où personne ne saura qui (il est)". "Je reviendrai dans le coin pour les tests de juin et là, j'espère que ça ira et que je serai vraiment en mesure de jouer." McCaw a fait comprendre au Daily Telegraph qu'il ne l'était vraisemblablement plus.

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