La leçon de Toulon

Comme quoi, Toulon n'est pas invincible. Ça, tout le monde le savait. Mais ce dont on se doutait moins, c'est que les Galactiques varois pouvaient eux aussi prendre des "branlées". De bonnes branlées. Celle contre Agen, en tout cas, fait mal. Parce qu'ils sont tombés lors du premier vrai gros choc de ce Pro D2. Celui que toute la France du rugby attendait depuis le début de la saison entre les grandissimes favoris à la montée en Top 14. Celui qui prenait l'allure, après des victoires étriquées à Blagnac et Tarbes et un chanceux match nul à Grenoble.

Pourtant, pas de sinistrose dans les vestiaires à l'issue de la rencontre. Les mines étaient déconfites, bien sûr, mais pas abattues."Ce n'est pas la fin du monde !", martelait d'ailleurs le plus Agenais des Varois, Jean-Jacques Crenca, aux journalistes qui se succédaient pour l'interviewer. Le président Boudjellal rappelait même ne vouloir, pour rien au monde, échanger sa "situation et les sept points d'avance contre la victoire" . Effectivement, malgré ce faux pas, les Varois passent les fêtes au chaud avec une confortable avance de presque deux longueurs sur leur premier poursuivant, le Stade montois.

Mais au-delà du comptable, la déception se plaçait plutôt sur le plan de la très pâle performance du RCT à Armandie. Jamais les Toulonnais n'ont existé durant ce match, ultra-dominés en conquête, maladroits en attaque, étonnamment désorganisés en défense. "Vous avez vu une performance vous?, questionnait Mourad Boudjellal. Moi je n'en ai pas vu de la part de mon équipe ! J'ai vu des joueurs qui étaient dans le doute et à qui ça ne voulait pas sourire. On a fait des fautes qu'on ne fait pas habituellement."

"Pas le niveau Top 14"

Et ça donne un 33-0 cinglant au final. Là où le bât blesse particulièrement, c'est en conquête avec notamment sept ballons perdus sur des lancers d'Oliver. "La mêlée a été moyenne mais c'est surtout en touche que nous avons perdu trop de ballons, analysait Crenca. Les joueurs n'ont pas su s'adapter aux sauteurs du fond. Ça montre qu'il faut continuer à travailler." "Ça montre surtout que nous n'avons pas le niveau Top 14, même si tout le monde nous y voit déjà", reprenait l'arrière fidjien Orene Ai'i.

Retour sur terre pour les Galactiques donc. Ils avaient même l'humilité de rendre hommage à leurs adversaires dimanche soir, à l'image de l'ouvreur Andrew Mehrtens : "Ce n'est pas un accident, les Agenais ont mérité leurs 33 points et leur bonus offensif, même si nous regrettons un peu de ne pas les en avoir privés. Il va vite falloir s'améliorer." Déçus mais pas abattus, on vous le disait. "Non, ça c'est le sentiment des faibles", affirmait Mourad Boudjellal. Et Toulon est fort. Très fort. Malgré ce faux pas, il l'a largement prouvé depuis le début de la saison.