La chronique de P. Villepreux

Par Rugbyrama
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Avant le quart entre la France et la Nouvelle-Zélande, notre expert Pierre Villepreux, décortique pour vous le jeu des All Blacks.

Les Néo-Zélandais sont trop souvent présentés comme des extraterrestres au physique impressionnant. C'est cette dimension qui aux yeux de beaucoup semble les rendre invincibles. C'est trop facilement oublier que ce petit pays justement du fait de sa taille est toujours à la recherche de novations. Je ne parle pas de celles qui bloquent le jeu mais bien au contraire de celles qui permettent toutes générations de joueurs confondues d'aller vers un jeu toujours plus mobile, plus dynamique, plus en mouvement.

La distribution du collectif sur le terrain est remarquable. La répartition optimale de joueurs impliqués dans la vie du ballon, près du porteur, et ceux répartis dans les autres espaces autorise des options de jeu qui sont d'autant plus efficaces que le mouvement se réalise en avançant et qu'ils mobilisent, impliquent et attirent, autour du ballon les défenseurs alors contraints de déserter les espaces extérieurs les plus éloignées de la zone plaqueur plaqué. L'effet créé sur la défense impose au relanceur, le plus souvent le demi de mêlée, une transmission rapide à même de créer les meilleurs conditions de jeu pour les joueurs placées en surnombre sur les espaces extérieurs en partie libérés de marquage.

En revanche, il existe une autre alternance quand le jeu à la main est choisi. Si la vitesse de sortie du ballon ne se fait pas dans le bon tempo, et que la défense retrouve du même coup un équilibre, le rôle du demi de mêlée ne consiste plus à transmettre la balle mais à créer, en portant le ballon, une menace de pénétration dans la zone défensive autour du ruck. Cette zone super protégée en défenseurs se trouve "fixée" par sa course, moment optimal pour délivrer une passe très à plat sur une cellule d'attaquants lancés qui peuvent ainsi attaquer la ligne défensive dans les meilleures conditions puisque le glissement défensif des joueurs fixés vers le ballon se fait avec un retard suffisant. Retard empêchant d'être immédiatement efficace sur le point de pénétration successif.

On joue alors dans la zone de pénétration choisie ce que les Néo-Zélandais appelle un "mismatch" qui consiste à créer une supériorité momentanée grâce à un surnombre de joueur près à exploiter toute défaillance dans le système défensif affaiblie par le jeu de fixation du demi de mêlée.

Dans ce cas de figure (ballon lent au point de blocage et défense en place), le jeu successif peut s'appuyer en alternance sur plusieurs options:

- jouer en pick and go avec les joueurs impliqués dans le ruck
- jouer au pied
- jouer à la main avec course de fixation du 9 créant 2 options possibles :

°course de fixation et passe latérale pour la cellule placée plus au large avec jeu très à plat du receveur.

°course de fixation lui offrant la possibilité de choisir de pénétrer immédiatement dans un des espaces de la défense proche si celle-ci ne réagit à la fixation recherchée.

Le système de jeu des All black s'appuie et s'articule en partie sur ces diverses options. Placée en situation d'incertitude, la défense même si elle réagit le fait toujours avec un moment de retard. Le match à Cardiff sera en partie conditionné par la capacité des Français à faire face à ces options mais dépendra aussi de la stratégie choisi par les Bleus pour se donner les moyens de gagner ce match.

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