La chronique de P. Villepreux

Par Rugbyrama
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Notre consultant, Pierre Villepreux, revient sur la victoire de la Nouvelle-Zélande en Afrique du Sud, lors des Tri-Nations.

Pourquoi chercher des poux dans la tête des All-Blacks en les accusant de jouer avec les arbitres et les règles. J'ai, après cette victoire, plutôt envie de rechercher les raisons de leur succès dans cette appétence à créer du jeu y compris dans les moments les plus difficiles. Je pense essentiellement lors de la première mi-temps et à une partie de la seconde quand les Boks étaient défensivement "au plafond".

Combien d'équipes auraient conservé mentalement cette disponibilité mentale pour continuer à provoquer l'adversaire dans le désordre du jeu, domaine tactique où il s'agit bien de jongler avec l'incertitude plutôt que de chercher des solutions plus rassurantes dans un jeu plus ordonné ? Généralement, "la loi de l'avancée défensive" tend trop souvent à réduire les intentions offensives surtout quand on est obligé, comme quelquefois ce fut le cas pour les Blacks, d'utiliser certaines formes du rugby à 7 qui consistent à se passer la balle en reculant. Ce jeu à risque dans le cadre d'un rapport de force défavorable les a même amené à laisser les Sud-Af prendre le large grâce à un essai de voleur de poules, certes opportuniste mais peu significatif compte tenu de leur production offensive sans ampleur puisque limitée aux seuls affrontements individuels des uns puis, comme par mimétisme, des autres.

Entre parenthèse, il est dommage que l'entraîneur sud-africain ne veuille pas ou ne sache pas exploiter le potentiel de Burger. Ce joueur est capable d'être au four et au moulin. C'est certainement le joueur qui touche le plus de balles et dans le même temps "découpe" le plus d'adversaires. Mais il semble ignorer, ballon en main, les mécanismes du jeu qui consistent à estimer si il faut déplacer le jeu par la passe dans une zone de moindre concentration défensive ou au contraire chercher, quand la défense est plus étirée, à créer pour le partenaire soutien proche un point de percée en utilisant pareillement le jeu de passe. Les actions de Burger finissent "au sol", elles ne sont pas bien sûr inefficaces et derrière lui la continuité est bien présente mais ne modifie pas ou peu le rapport de force momentané.

L'affrontement individuel en attaque est récurrent dans le jeu des joueurs springboks surtout quand stratégiquement ils ont choisi pour seule arme offensive le seul défi physique, qui cette fois-ci, n'a pas suffi.

En revanche, quand il s'agit de répondre à une logique de pénétration dans le dispositif adverse qui implique en même temps le porteur de balle et les soutiens grâce à un choix tout aussi logique et donc référencé, les All-Blacks y excellent. Le soutien très réactif semble aspiré dans le sillage du porteur de balle. Le moindre avantage acquis par le porteur de balle permet d'imposer la loi du plus grand nombre autour du ballon et ils y greffent vitesse de course et d'exécution en utilisant le jeu de passes, refusant ainsi les points de fixation que souhaiteraient leur imposer les adversaires. Ces références communes semblent faire défaut dans ce match aux Springboks qui jouent tous dans le même registre

Il n'est pas facile de faire partager ce ressenti. Je crois cependant que cette victoire, plus bien sûr que les précédentes, acquise aux forceps ne peut que renforcer la confiance des All-Blacks dans leur jeu préférentiel. L'impact moral avant la Coupe du monde est vital et permet aux entraîneurs d'aller dans la sérénité vers d'autres novations qui pourront peu être faire du jeu des Noirs le "jeu gagnant" mais pas n'importe lequel, ce qui n'en doutons pas créerait un souffle important pour l'évolution du jeu et des styles.

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