La chronique de Pierre Villepreux

Par Rugbyrama
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Notre expert Pierre Villepreux explique cette semaine comment le rugby à 7 peut-être une intéressante formation dans l'optique du XV.

En Argentine depuis plus d'une semaine pour une série de conférences et séances pratiques pour les entraîneurs de la région de Buenos Aires, j'ai pu suivre sur la chaîne sport la Coupe du Monde de rugby à 7 à Dubaï, mais aussi le Top 14. Le rugby est largement diffusé en Argentine. Bien sur les résultats de leur équipe nationale lors du dernier mondial en France y contribue grandement. La performance des Pumas à 7 (finaliste contre le Pays de Galles) n'est pas le fait du hasard. Il y a la volonté de mettre en œuvre une réelle politique du 7 en Argentine avec les joueurs non expatriés. Une interview de l'entraîneur de l'équipe des Pumas dans un journal national faisait part de l'intérêt pour le joueur de pratiquer le rugby à 7.

Je suis tout à fait d'accord avec cette appréciation.

Le rugby à 7 me semble être est un moyen particulièrement efficace de formation du joueur. Se confronter aux formes de jeu particulières que génèrent le 7 me parait être une étape de formation indispensable pour nos joueurs. Si l'objectif, c'est de faire accéder le joueur à XV à son meilleur niveau de jeu, il ne s'agit pas dans un processus de formation continuelle ni de sauter cette étape ni de la galvauder.

Même si le 7 ne comporte pas toutes les exigences du XV, il a le grand avantage de combiner et de multiplier à grande vitesse des situations de jeu dynamiques. L'activité mentale donc tactique du joueur est beaucoup plus mobilisée et différemment qu'au XV. La variabilité des situations, du fait de l'espace, est telle que les formes de jeu développées pénétration - jeu latérale -jeu au pied offensif s'interpénètrent rapidement et se multiplient sans cesse, ce qui oblige le joueur à une concentration supérieure pour, à la vitesse du jeu, percevoir et analyser la situation dans toute sa fugacité et de choisir parmi toutes les options possibles la plus juste ou la plus adaptée. Le 7 favorise en outre le renforcement de la compréhension des associations (liens tactiques) entre mouvements collectifs et individuels et leurs effets sur la défense. Du fait du nombre de joueurs et de l'espace, une mauvaise lecture hypothèque immédiatement la réussite.

L'activité tactique et motrice des joueurs y est forcement très sollicitée, ce qui veut dire aussi que les savoir faire techniques sont amenés à s'enrichir non pas dans leur forme fixe mais bien dans des enchaînements de combinaisons gestuelles qui dépassent la seule réalisation modélisé du geste technique. Ce qui veut dire aussi que dans le cadre de l'alternance rapide des problèmes rencontrés et dans leur continuité, de nouvelles connaissances tactiques vont se superposer et s'ancrer positivement sur celles déjà acquises dans le rugby à XV. Cette acquisition de nouvelles compétences tactico-techniques élargit le champ et le pouvoir d'action du joueur et favorise la rapidité de la lecture de la situation et dans la foulée, la réalisation de ce qui a été bien perçu.

C'est la répétition des situations, leur diversité et multiplicité, leur degré de mouvance donc leur complexité variable, qui permettent, mieux que dans le XV, de développer à la fois ces innombrables, les savoir faire tactiques et techniques, l'amplitude visuelle et mobilisent tout en même temps le joueur sur des exigences physiques incontournables à savoir la puissance et l'endurance et dans la puissance (force x vitesse) avec une attention particulière pour la composante "vitesse.

La pratique du 7 me semble être un plus pour contribuer au développement de la pensée créative des joueurs. C'est aujourd'hui un besoin qui touche le rugby français. Un investissement supérieur sur le 7 avec un projet ambitieux permettrait de jeter les fondements d'un haut niveau de maîtrise tactique et technique pour nos groupes d'élite. Les fameuses "mauvaises finitions d'actions" qui sont régulièrement mises en avant pour expliquer le pourquoi d'un match perdu trouvent aussi une explication dans des lacunes d'apprentissages que le 7 est à même, non de totalement gommer, mais de grandement améliorer.

Je viens de recevoir un mail de mon ami Franck Boivert qui réside aux Fidji. Il est intéressant de lire son analyse sur l'évolution du jeu fidjien et sur les conséquences de l'évolution de leur formation du joueur. C'est aussi un élément d'explication à leur échec en ¼ de finale lors la dernière coupe du monde à 7 dans laquelle ils étaient un des pays favoris. J'en ferai part dans un prochain article.

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