Chronique de P. Villepreux

Par Rugbyrama
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Notre expert, Pierre Villepreux, présente les enjeux des évolutions qui seront apportées prochainement aux règles du rugby.

Je ne sais pas qui va gagner la Coupe du monde, mais il serait plutôt bien que l"équipe qui brandira le "Webb Ellis Trophy" nous fasse entrer dans une modernité rugbystique, traduisant les prémices de la mise en &oeliguvre d"un jeu qui associe "mouvement et incertitude". L'itinéraire du rugby de demain ne peut être soumis à un jeu qui deviendrait de plus en plus structuré, et donc forcement plus physique donc réservé à un spécimen de joueur.

Une nouvelle représentation du jeu s'impose aujourd'hui et il convient de le penser à deux niveaux :

- Celui des règles du jeu.

Celles-ci sont actuellement en cours de révision. Le jeu a évolué mais les règles n'ont pas été modifiées depuis 1999. L'objectif est de favoriser le mouvement des joueurs et du ballon. L'accélération du jeu dans certaines phases (ruck et maul) devient indispensable si on recherche une continuité dynamique et non statique comme c'est le cas. Redonner dans ces phases la possibilité à la défense de contester le ballon devient indispensable ; ce qui veut aussi dire aller vers une plus grande équité. Tout en même temps, donner plus d'options de jeu sur les phases statiques parait pertinent.

- Celui de la formation en créant des joueurs autonomes possédant un haut degré de liberté en jeu donc à même de prendre des initiatives dans le cadre des possibles tactiques que le mouvement peut offrir. Il conviendra alors de sortir du cadre trop rigide du jeu trop organisé qui finit par bloquer toutes capacités à évoluer et à s'adapter. Dans un système de jeu ou l'organisation prévaut, il est évident que le joueur n'est pas totalement contraint et qu'il peut sortir du cadre prévu , mais cette marge de liberté est limitée. On ne prend pas les décisions optimales car le joueur imprégné des exigences de l'organisation, a du mal à dépasser ce qui a été prévu et quand il le fait cela se retourne contre lui puisque ses partenaires, distribués pour répondre au jeu attendu, ne sont plus en mesure de faire face à sa décision. On note ainsi l'incapacité plus ou moins importante de certaines équipes à s'adapter aux nouvelles exigences que créait la nouvelle situation.

Les règles doivent permettre à toutes les nations de préserver leur culture et de continuer de produire un rugby identitaire et non pas un jeu similaire forcement aseptisé. Elles doivent viser à accorder plus de pouvoir aux joueurs aujourd'hui trop verrouillés entre le poids du système imposé par l'entraineur et le pouvoir accordé aux arbitres sur certaines phases, particulièrement les règles concernant le plaquage et post plaquage qui sont complexes souvent subjectivement interprétées par les arbitres, et incitent les joueurs à jouer un rugby programmé peu adaptatif.

Ces règles ne visent pas à dénaturer le jeu et la place des phases dites de "combat collectifs" se doit d'être impérativement préservée. Il ne s'agit pas davantage de forcer à jouer un jeu différent mais bien de donner à ceux qui le souhaitent l'opportunité de rentrer dans un jeu plus varié, plus spontané et plus accessible à tous joueurs, arbitre et public mais aussi de tester la créativité des entraîneurs.

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