Chronique de P. Villepreux

Par Rugbyrama
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Avant le coup d'envoi des phases finales dans huit jours, Pierre Villepreux analyse les nouveautés des trois nations du Sud.

Toutes les équipes ont joué à ce jour au moins deux matchs. A défaut d'une analyse précise du jeu des équipes les plus marquantes de ce début de championnat, on peut cibler les tendances tactiques apparues. Pour le faire, il est intéressant de s'appuyer sur le ou les matchs qui les ont opposés à des nations plus faibles. Ce choix n'est pas neutre car c'est dans la facilité que le système de jeu devient plus visible. Face à une pression moindre et dans le cadre d'un rapport de force favorable, sa mise en place se fait plus facilement. Il devient ainsi plus accessible à l'analyse.

Il s'agit bien en effet de prendre en compte les actions qui impliquent tout le collectif et de considérer les contributions individuelles que comme conséquence du sens que chaque attaquant donnera à la situation. Le collectif est de ce fait amené à se distribuer dans l'espace de jeu selon qu'il sera plus ou moins près du ballon. Positionnement évolutif en fonction des initiatives tactiques des différents porteurs de balles. Ce choix fait appel aux capacités des joueurs à comprendre à la vitesse de l'action l'enjeu situationnel momentané. Il convient alors pour chacun d'adopter le placement où il deviendra "utile" et ainsi à même de répondre efficacement au jeu successif qu'il s'agira aussi de prévoir et donc d'anticiper.

On sait que la difficulté du jeu moderne concerne les contraintes défensives imposées sur la largeur aux attaquants. Pour pénétrer cette défense qui se présente souvent en surnombre et la traverser, chaque collectif fait appel à des formes de pénétrations qui sont variables et adaptables à chaque situation.

Les Néo-Zélandais choisissent, quand la situation est adaptée, d'attaquer la défense où elle présente une faille soit quand elle est en passe de la provoquer en un un-contre-un, où il s'agit pour le porteur de balle de défier son adversaire direct non pas en l'affrontant directement mais en le défiant sur son intérieur ou extérieur en recherchant l'avancée utile pour utiliser en soutien immédiat les joueurs les plus proches. C'est cette réactivité intelligente et physique à la fois qui fait la différence et place le porteur de balle à choisir la meilleure option et aux soutiens d'enchainer sans passer par le sol. Cette cellule autour du porteur de balle est toujours disponible quel que soit l'endroit où la pénétration se réalise même quand les All Blacks choisissent de déplacer le jeu loin de la phase de relance du jeu (généralement situation de ruck).

Les Australiens, quand à eux, ont évolué. Leur replacement se faisait précédemment à plat sans réellement de joueur ressource dans l'axe du porteur de balle pour créer le danger. De ce fait, il comptait essentiellement sur leur puissance dans l'affrontement individuel pour faire la différence. Leur jeu aujourd'hui semble plus adaptatif même si l'organisation prévaut. Mais le fait, dans la variété de leur séquence, de distribuer un joueur dans l'axe profond leur permet par le jeu de passe, porteur de balle qui ouvre l'intervalle - joueur profond surgissant au près dans la porte ouverte, de créer des situations très favorables. Une dynamique nouvelle qui semble bien leur réussir.

Les Sud-Africains font toujours la part belle à leur puissance physique et utilisent beaucoup le jeu au pied pour créer la pression. Quand ils décident de pénétrer dans la défense, ils choisissent de le faire avec des joueurs ciblés souvent les mêmes (Burger, quand il est présent) et profitent des opportunités créées pour mettre sur orbite leurs deux ailiers particulièrement habiles et véloces pour accentuer le désarroi créé dans la défense. Il faut noter que leur jeu sur récupération du ballon grâce au jeu intelligent de leur demi de mêlée semble leur être un plus non négligeable. En tout cas nouveau.

Tout cela est à vérifier lorsque les matchs à partir des quarts de finale vont devenir plus délicats à gérer.

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