Eddie Jones veut que le système éducatif anglais "explose"

Par Rugbyrama
  • Tournoi des 6 Nations - Eddie Jones (Angleterre)
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  • Angleterre 2003
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INTERNATIONAL - Les écoles anglaises empêchent-elles le XV de la Rose de progresser ? C'est en tout cas la conviction d’Eddie Jones. Dans une récente interview, le sélectionneur anglais critique avec véhémence l’emprise du système sur le rugby outre-Manche.

Eddie Jones est un homme simple, qui aime la férocité et le combat. Le staff français n’a sans doute pas oubliés les mots du sélectionneur anglais avant un Crunch en 2020 : "les jeunes français n’ont jamais été confrontés à l'intensité avec laquelle nous allons jouer" . Deux ans après cette sortie peu visionnaire, Eddie Jones s’attaque au système éducatif anglais, qu’il juge coupable de former des joueurs trop "conformes". "Ce sont de bons joueurs. Ils travaillent dur mais ils ne connaissent rien d’autre que leur environnement. Si vous n'avez été que dans un système depuis l’âge de 15 ans, que vous avez un peu de capacités au rugby, ensuite vous allez à Harrow (l’un des clubs londoniens les plus prestigieux chez les jeunes). Puis pendant deux ans vous ne faites que jouer au rugby, tout est fait pour vous. C'est la réalité. Vous avez cette vie fermée. Quand les choses vont mal sur le terrain, qui va diriger parce que ces mecs n'en ont jamais fait l'expérience ?" déclarait l’Australien de naissance auprès du média " i ".

À un an et demi du Mondial 2023, et alors qu’il ne sera pas conservé ensuite, Eddie Jones n’a pas manqué de s’attaquer à une institution typiquement "british". En Angleterre, les collèges et lycées font du sport l’une de leurs premières priorités. Certains établissements élitistes, avec d'importants frais d'inscription, sont d’ailleurs la principale porte d’entrée pour espérer devenir professionnel un jour.

Angleterre 2003
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"Le Mondial 2003 ? Un succès situationnel"

C’est pourtant avec ce système séculaire que le XV de la Rose est devenu la première nation de l’hémisphère nord à remporter la Coupe du monde en 2003. Mais pour Eddie Jones, la performance majuscule des Anglais ne fut qu’un exploit sans lendemain. "C’était juste un succès situationnel. Rien n'a suivi cela. J'ai senti que la culture travaillait contre nous quand je suis arrivé, à 100 %. C'est toute la structure. Il y a ce désir d'être poli et donc gagner est considéré comme un peu grossier. Les joueurs apprennent à être conformes. Les meilleures équipes sont dirigées par les joueurs et l'entraîneur facilite cela. C'est la clé".

Preuve, selon lui, de ce système trop fermé, le sélectionneur australien est choqué de ne pas voir de rugby-toucher dans les parcs. "Je suis ici depuis sept ans maintenant et je n'ai jamais vu d'enfants jouer au toucher. Jamais. Zéro. Dans l'hémisphère sud, ils font tous cela et développent leur technique. Ici, c'est tout un coaching formel, dans un cadre formel, dans les écoles publiques. Vous allez devoir tout faire exploser à un moment donné parce que vous ne faites pas passer suffisamment de joueurs techniques".

Une tribune pour contrer Eddie Jones

Au Royaume, les déclarations ne sont pas passées. Charlie Morgan, un journaliste du Telegraph, s'est fendu d'une tribune pour répondre aux saillies du sélectionneur. Pour lui, le verdict de Jones est "simpliste et sans nuance". Charlie Morgan commence son plaidoyer en citant onze joueurs parmi le dernier groupe de 23 face à l'Australie qui ne sont pas passés par des écoles privées. Le journaliste anglais a également précisé que certaines écoles ne réclamaient pas obligatoirement de frais d'inscription et que d'autres promouvaient un système de bourses pour les parents aux revenus modestes. Dans sa tribune, Charlie Morgan s'attache aussi à lister les noms de joueurs passés par ces écoles privées et qui sont des cadres de la Rose (Maro Itoje, George Ford entre autres).

Par Clément LABONNE

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