L’étonnant voyage de Nakano

Par Rugbyrama
  • Yuki Nakano et Christophe Urios
    Yuki Nakano et Christophe Urios
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INTERNATIONAL - Du Japon à Madagascar en passant par Castres et Toulouse, rencontre avec un jeune entraîneur globe-trotter.

Rugbyrama : Comment avez-vous découvert le rugby au Japon ?

YN: J’ai commencé le rugby à l’âge de 12 ans à Osaka, puis j’ai rejoint l’université de Chuo à Tokyo en tant que pilier. Je n’avais pas le niveau pour passer pro, alors j’ai commencé une première carrière en tant que commercial dans une société de bâtiment. Je dois bien avouer que c’était moins palpitant que le terrain.

Je n’ai que plus de respect pour la motivation de mon groupe

Pourquoi avez-vous décidé de partir à Madagascar ?

YN : Au Japon, nous avons une agence appelée JICA (Japan international cooperation agency) qui propose des missions à l’étranger. J’ai vu passer une offre proposant d’aller entraîner à Madagascar. A ce moment-là, je cherchais à retrouver un lien avec le rugby. J’ai démissionné, malgré les avertissements de mes collègues, et j’ai suivi une formation accélérée de la JRFU, la fédération de rugby. En une semaine, j’ai acquis les bases pour un entraîneur. Et en septembre 2017, je suis arrivé à Antananarivo où la fédération m’a confié la tache d’entraîner l’équipe nationale féminine de rugby à 7.

Quel est son niveau ?

YN : Comme Madagascar est un pays très pauvre, la priorité de mes joueuses n’est pas le rugby. Elles ont un niveau assez bas avec des fondamentaux pas toujours acquis. Et puis, les infrastructures sont désuètes, on s’entraîne trois fois par semaine sur un terrain qui a dû connaître des brins d’herbe, mais là, c'est surtout des trous et des bosses. Je n’ai que plus de respect pour la motivation de mon groupe.

Pourquoi avez-vous choisi la France pour compléter votre formation ?

YN : Au Japon, le monde du rugby est tourné vers le rugby de l’hémisphère sud. C’est un rugby que je connais bien. En revanche, hors de la Coupe du monde, nous avons peu d’accès au rugby européen. Et comme les Malgaches parlent un peu français et que je commence à avoir les bases, je me suis orienté vers la France.

L’ambition de la fédération malgache, c’est d’avoir une équipe pour les JO 2024

Comment se sont passées vos visites au Castres olympique et au Stade toulousain ?

YN : J’ai pu passer une semaine dans chaque club et observer comment vit un groupe. Au Japon, nos entraînements sont parfois très standardisés. En France, j’ai vu des entraînement où on développe l’improvisation et la technique. Christophe Urios et Ugo Mola ont été très accueillant, mais je ne parle pas très bien français. En revanche, j’ai vu comment ils s’adressent au groupe avec les intonations. Ils m’ont aussi laissé filmer les entraînements pour créer des séances vidéos à Madagascar. Ça va être très utile pour mes joueuses.

Qu'allez-vous appliquer à votre retour à Madagascar ?

YN : A Castres et à Toulouse, j’ai vu des exercices simples pour progresser sur les passes vrillées ou les réceptions de ballon après une chandelle. Il y a notamment un jeu tout bête, où les joueurs attrapent des balles de tennis dans des gobelets. Dès mon retour, les filles y auront droit. Je vais encore rester un an à Madagascar. Ensuite, ma mission sera terminée. L’ambition de la fédération malgache, c’est d’avoir une équipe pour les JO 2024, à Paris. J’espère que les filles y arriveront. Je garderai un œil sur elle depuis le Japon, où je compte bien continuer à entraîner.

Propos recueillis par Mathieu Rocher

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